Obligé de défendre son territoire et ses biens, l'homme a été de tout temps dans la nécessité de se battre. Alors, il s'organise en levant des troupes qui sont licenciées aussitôt que le danger disparaît. Mais au 15ème siècle, on assiste déjà à la mise sur pied d'une force permanente : les gendarmes d'ordonnance et les francs archers [268] forment des troupes de professionnels. On fait aussi appel à des mercenaires étrangers, suisses et allemands surtout. Les légions, créées en 1534, sont formées de volontaires, alors que le racolage et la conscription par tirage au sort sont des moyens de recrutement utilisés dès le 17ème siècle pour la formation des milices provinciales.

À l'occasion du procès de 1548 concernant la levée de l'impôt par Jean Deum de Gennevaux, nous avons déjà eu l'occasion de parler des francs-hommes. Ces derniers font partie d'une classe comprise entre les gentilshommes et les roturiers. On relève leur existence du 12ème jusqu'à la fin du 17ème siècle. En échange des nombreuses franchises dont ils jouissent, les francs-hommes sont tenus à guerroyer à cheval. Ils doivent se présenter régulièrement, avec leur monture, à des inspections permettant d'apprécier leur capacité à poursuivre leur mission. Il semble d'ailleurs que ce titre de franc-homme soit l'apanage de nos Deum du 16ème et du 17ème siècle puisque François Deum de Hotte est un des treize francs-hommes de la prévôté de Bastogne, cités dans un document daté de 1606 [269] . Quelques années plus tard, nous avons même des précisions supplémentaires puisque nous apprenons que François Deum est archer "en la bande de son Excellence de Berlaimont". [270]
Plus tard, on retrouve Jean Deum de Rancimont à la "Monstre" [271] de 1627 et de 1628. En 1624, ce même Jean Deum était "fourrier des ordonnances de sa Majesté" [272] . À la "Monstre" du 3 mars 1630 à Louftémont [273] , nous apprenons que Jean Deum de Rancimont a le grade de sergent et que son cheval est gris. Son chef, le lieutenant Jean de Bodange, demeure à Louftémont. Les autres francs-hommes sont des caporaux, des valets et un trompette. Le 11 mars 1634, Jean Deum de Rancimont est "quartier-maître" [274] . Son fils, Jean Deum "jeusne homme pas marié", fait aussi partie de la troupe [275] . Nous apprenons à cette même "Monstre" qu'Évrard Bossica [276] , qui avait été rayé à l'inspection du 9 janvier 1632, peut être de nouveau ordonné "à condition de se présenter à la première semonce ou monstre avec un meilleur cheval."
Si le "titre" se transmettait de père en fils, il faut savoir que tout franc-homme qui épousait une roturière était aussitôt rayé de l'ordre.
Quelques années plus tard, la "Monstre des franchommes prise par le Procureur Général du Roy en son Conseil Provincial de Luxembourg le 17 e d'aoust 1669 au village de Martelange en présence du Sr de Monceau, Lieutenant Prevost de Bastoigne et de N. Bettenhouen, Lieutenant Prevost d'Arlon...." [277] révèle un autre franc-homme de la prévôté de Neufchâteau : Jean Deum. Là, il ne peut s'agir que de Jean Deum de Gennevaux, né vers 1610, qui laisse une importante descendance [278] disséminée actuellement en de nombreuses régions !

Par ailleurs, le dénombrement de 1659 [279] signale la présence à Nivelet de Jean Deum :

"Jean Deum, archer at la moitié d'une maison et quelque d'héritage tere d'Ardenne qui ne ce peult labourer que de 18 à 20 ans une foÿ, chargé par an de cincq quartelz de grains aux Seigneurs, at un cheval et trois vaches qu'il tient à nourrisson appartenant au chappellain de la forge de Mellier ; ses grains on gellé et ruÿné tant par les ravages des ennemis que par les deux cartier d'hÿver dernier et doibt trente six patacons au dit chappellain depuis le dernier dénombrement."

En résumé, l'archer Jean Deum [280] est propriétaire de quelques terres dont il a hérité. Ces terres sont tellement pauvres qu'il ne peut les labourer qu'une fois tous les 18 ou 20 ans [281] . Étant propriétaire, Jean Deum devait payer un impôt à son seigneur consistant en cinq "quartels" [282] de grains. Jean possédait un cheval et gardait trois vaches du chapelain de la forge de Mellier. La récolte de grains de Jean a été perdue, soit par le gel, soit prise par les ennemis, soit consommée par les troupes amies qui avaient établi leurs quartiers d'hiver dans la région. Pour couronner le tout Jean doit encore 36 patacons [283] au chapelain.

On peut apprécier ici dans quelles conditions on vivait au 17ème siècle d'autant plus que Jean Deum ne fait pas partie de la catégorie des plus démunis. Bien au contraire !

Les faits de guerre ne transparaissent pas au travers des actes d'état civil. À Marche, on relève cependant la naissance, le 19 décembre 1766, de Hubert-Joseph dont le père, Rémi Déom, est "militis in Legione pedestri" [284] .

De même, quelques années plus tard J.J. Senocq, curé de Léglise, reçoit un parchemin, rédigé en allemand, qui lui apprend le décès du grenadier Gilles Deum de Nivelet qui a eu les deux jambes emportées par un boulet de canon au siège de Valenciennes et qui mourut une heure après, le 15 juin 1793 [285] .
Le prêtre transcrit le décès le 29 juin 1793 dans son "livre des morts".

 

 

La Convention nationale décrète le 23 août 1793 : "Dès ce moment jusqu'à celui où les ennemis auront été chassés du territoire de la République, tous les Français sont en réquisition permanente pour le service des armées". Une loi de 1798 affirme l'obligation d'un service militaire entre 21 et 25 ans mais précise qu'on "n'y recourra par tirage au sort que pour compléter ce qui ne pourra pas être fourni par le volontariat".

À partir de là et bien que certaines informations soient parfois contradictoires, nous disposons de beaucoup plus d'archives : l'organisation mise en place produit ses effets ! La liste des conscriptions nous permet de connaître la date et le lieu de naissance des intéressés, l'identité de leurs parents, leur numéro au tirage au sort [286] , leur taille et leur profession. Nous apprenons aussi dans quelle unité a été affecté le conscrit lorsque le numéro tiré est défavorable.

La taille moyenne du conscrit du canton de Neufchâteau [287] est de 1,614 m en 1808, de 1,601 m en 1809 et de 1,616 m en 1810 pour environ 75 conscrits vus par année. En 1809, la taille moyenne des 2 548 conscrits de l'ensemble de l'arrondissement est de 1,611 m [288] alors que celle des 73 conscrits de l'année 1800 du canton lorrain de Fénétrange est de 1,659 m [289] . Il y a donc pratiquement cinq centimètres de différence entre un Ardennais et un Lorrain. Mais que nos grands-pères sont petits ! On trouve un bûcheron à Virton mesurant 1,394 m et un laboureur de 1,3 m à Hachy mais il y a tout de même un maçon qui culmine à 1,886 m à Tintigny et un cordonnier de 1,925 m à Abreschviller dans le département de la Meurthe. En 1810, la taille minimum pour servir dans l'infanterie est de 1,598 m (4 pieds, 11 pouces) et de 1,544 m (4 pieds, 9 pouces) pour être voltigeur. Ces limites seront abaissées en 1813 et à partir de 1814, il n'y aura plus aucune restriction [290] , la Nation ayant besoin de tout son monde !

Et les nôtres ? Au point de vue taille, ils se défendent plutôt bien puisque les 28 "Deum", conscrits entre 1799 et 1815, mesurent 1,63 m en moyenne. Jean-Louis de Thibessart a 1,786 m alors que Jean-Baptiste de Virton est réformé pour "défaut de taille" : la toise n'indiquait que 1,49 m [291] ! Nos "Deum" se débrouillent parfois pour être classés "en fin de dépôt" [292] . Pour cela, ils sont fils unique de veuve, par exemple, un fait qui n'est pas toujours tout à fait exact... En d'autres occasions, on lit la mention : "Marié avant la publication du sénatus-consulte [293] du 9 octobre 1813". Ainsi en épousant sa cousine, Marie-Catherine Déom de Vlessart, Jean-Henry Déom de Louftémont est exempté de service.

Conscrit de 1807, Henri-Joseph Déom de Cousteumont est réformé "pour difformité des jambes et faiblesse de constitution" [294] . Cela ne l'empêche pas de se marier et d'avoir sept beaux enfants. Il décède à Bruxelles le 8 mars 1871 à l'âge de 84 ans !

Jacques-Joseph de Virton faisait partie du dépôt désigné pour les "cohortes de la Garde Nationale" [295] . Il trouve le moyen de se faire placer en fin de dépôt comme ayant un frère enrôlé volontaire en activité. Ensuite, il est exempté étant marié avant la publication du sénatus-consulte du 9 octobre 1813. Il faut remarquer que Jacques-Joseph né en 1789 n'avait qu'un frère en âge de servir dans l'armée : Jean-Baptiste né en 1790, celui-là même qui avait été réformé pour défaut de taille ! Jacques-Joseph sera cordonnier à Virton où il décède en 1858 en qualité de... célibataire !

Martin de Thibessart a sans doute voulu trop prouver. Il demande à être mis au dernier numéro étant donné que son frère Jean-Louis est sous les drapeaux et aussi vu le "grand âge de son père qui a bien du mal à alimenter sa vieille femme et une fille attaquée d'épilepsie" [296] . En fait, Jean Deum son père n'a que 64 ans et Martin se retrouve au 108ème de ligne à partir de 1808. Il est libéré en 1814 avec le grade de sergent.

Conscrit de 1811, Gilles-Joseph de Suxy est réformé temporairement pour "faiblesse de constitution et maigreur". Le conscrit se plaint aussi "de douleurs d'estomac et d'incontinence d'urine". Nous retrouvons Gilles-Joseph quelques années plus tard grâce à un billet de sortie de l'hôpital civil de Luxembourg où il avait été hospitalisé pour fièvre. Sur ce billet, daté du 10 janvier 1814, Gilles-Joseph est qualifié de "conscrit réfractaire". Ensuite, on ne retrouve plus la moindre trace de lui.

Il faut savoir que les parents sont jugés civilement responsables de leurs fils réfractaires [297] et doivent verser une amende de 1 500 francs au profit de la République. Cela représentait tellement d'argent [298] que beaucoup étaient bien incapables de payer. Au premier semestre de 1809, on dénombre 39 réfractaires et 21 déserteurs dans le seul arrondissement de Neufchâteau. Ces derniers sont condamnés à des peines qui vont de cinq années de travaux publics à la peine de mort en passant par douze années de boulet. Des colonnes mobiles pourchassent réfractaires et déserteurs [299] , mais les forêts ardennaises sont de bonnes cachettes.
Le 25 mars 1810, une affiche signée par Napoléon, Empereur des Français, Roi d'Italie et protecteur de la Confédération du Rhin, annonce que "voulant marquer l'époque de notre mariage par des actes d'indulgence et de bienfaisance" tous les réfractaires et déserteurs sont amnistiés [300] .

À notre connaissance, aucun "Deum" n'a déserté. Par contre, quelques-uns ont bravement servi la République. Jean-Louis, né à Thibessart le 3 août 1776 et dont il a déjà été question, fait partie de la première levée de la nouvelle forme de conscription. Il est appelé au 4ème cuirassiers [301] le 1er vendémiaire de l'an 7.
En 1800, le 4ème cuirassiers combat à Mayence, Worms, Mannheim et Ulm. Il est à Lodi en Italie en 1805 et en Pologne (Marienwerder, Heilsberg) en 1807. On le retrouve à Bayreuth en Bavière en 1808 et à Essling et Wagram (Autriche) en 1809. Jean-Louis est libéré le 30 mars 1810. Il se marie le 15 août de la même année à Étalle où il décède en 1812 sans laisser de descendance.

Jean-Joseph Déom est né le 12 avril 1790 à Libramont. Il mesure 1,57 m et a un surnom : "Canard" [302] . Il est incorporé au 44ème régiment d'infanterie de ligne le 2 juin 1809 et il en est congédié comme étranger le 9 juin 1814 [303] car son pays est alors occupé par les armées de la coalition alliée (Russie, Autriche, Prusse et Angleterre) ! Jean-Joseph est alors caporal. Le 44ème régiment d'infanterie de ligne avait été en Espagne en 1809, à Tournai, Gand, Anvers et Bruxelles en 1809-1810, puis en Russie en 1812 et encore en Espagne (Barcelone) en 1814.
Jean-Joseph épouse Marie-Thérèse Henry à Libramont en 1820 et sera bourgmestre d'Orgeo de 1848 à 1854. Jean-Joseph et Marie-Thérèse ont laissé une importante descendance.
Pierre-Joseph "Déomme", un maçon de Suxy mesurant 1,53 m, est incorporé au 108ème de ligne le 23 juillet 1807 [304] et nous avons déjà eu l'occasion de parler de François Deum né à Redange au Grand-Duché et qui est mort pour la France à Briviesca en Espagne en 1813 comme fusilier au 28ème régiment d'infanterie [305] .

Quelle surprise de retrouver en Christophe Déhon, le Christophe Deum né le 12 février 1793 à Niederstinzel ! La date et le lieu de naissance coïncident, il s'agit donc bien de la même personne. Conscrit de 1813, Christophe est tout d'abord ajourné pour défaut de taille [306] mais on le retrouve aussitôt au 15ème régiment d'infanterie où il est arrivé le 17 mai 1813. À Erfurt en décembre de la même année, le régiment essuie de lourdes pertes avant de revenir à Auxerre en février 1814 [307] .
Rayé des contrôles le 15 janvier 1815, Christophe rentre au pays et se marie en 1820. Sa nombreuse descendance s'est perpétuée jusqu'à nos jours.

De la classe 1814, Jean-Baptiste Déom de Nivelet est jugé apte au service. Sa famille a les moyens de le faire remplacer et c'est Louis Gérardy du canton d'Étalle qui le supplée [308] . Nous ne connaissons pas le montant de la somme payée à Gérardy mais Jean-Baptiste doit déjà verser "100 francs à l'Administration comme indemnité de conscrit remplacé" [309] . Les contrats se signaient souvent aux alentours de 1 200, voire 2 000 francs en Lorraine alors que le prix d'un cheval était alors d'environ 100 francs. Certains prétendent qu'en Belgique, le remplacé donnait parfois une somme représentant le prix d'une ferme !

 

 

D'abord toléré, le remplacement du conscrit désigné par tirage au sort a donc fini par être réglementé. Alors on passe chez un notaire afin d'éviter toute surprise ! C'est ainsi qu'Antoine-Joseph Déom et Lambert Joseph Bourbon comparaissent, le 4 avril 1821, devant Antoine-Joseph Tingry, notaire à Huy (province de Liège). Il a été convenu :

" …. savoir que ledit Bourbon s'oblige à remplacer dans la milice nationale ledit Déom lequel est appelé au Service et à remplir pour lui toutes les obligations dans le Service, moyennant la somme de deux cent trente six florins vingt cinq cents du pays bas que ledit Déom a promis et s'est obligé de payer au dit sieur Bourbon après le terme de cinq années de Service auquel la Loi l'assujetti à compter du jour de son inscription sur le registre matricule du corps ..." [310]

Précisons qu'Antoine-Joseph est le fils de Jean-Joseph Déom, négociant à Ampsin. Né le 30 novembre 1802, Antoine-Joseph décède à Ampsin, le 8 mars 1834. Il était resté célibataire.

Jean-Pierre Déom de Lavaux est condamné à payer une amende de 5 florins par le tribunal de Neufchâteau [311] ou à 4 jours d'emprisonnement en cas d'insolvabilité, n'étant pas "inscrit avant la clôture alors qu'il appartenait à la levée de Milice Nationale". Mais Jean Déom, le père du coupable, est encore plus sévèrement sanctionné puisqu'il doit payer une amende de 25 florins ou passer un mois en prison s'il n'est pas en mesure de payer !

Maintenant que le calme est revenu sur l'Europe, on panse ses plaies et on s'occupe de ses propres problèmes. La France retrouve la monarchie, la Belgique trouve enfin ses frontières tout en se trouvant un roi. Les temps sont relativement sereins. La France a sa seconde République puis son second Empire et c'est la guerre de 1870 ! La République est encore proclamée. Définitivement...

Quelques "Deum" font une carrière militaire exemplaire. La voie semble avoir été tracée par François, né à Virton en 1831. Engagé comme caporal en 1851, François sera pensionné en 1899 avec le grade de lieutenant-colonel d'infanterie ! Le "Détail des Services" précise que François Déom est "pieusement décédé à Virton le 12 octobre 1904 dans sa 74ème année de son âge. Priez pour le repos de son âme". Célibataire endurci, il était chevalier de l'ordre de Léopold et avait été décoré de la croix militaire de 1ère classe [312] .

Né le 12 août 1841 à Séviscourt, Augustin Déom s'engage pour huit ans au 7ème de ligne le 17 mars 1860. Caporal en 1860, sergent en 1862, sergent-major en 1866, Augustin devient sous-lieutenant en 1870, lieutenant en 1876, capitaine en second en 1885 et enfin capitaine commandant en 1889.
Lorsqu'en 1872, Augustin veut épouser Pauline Kathelin d'Arlon il demande, comme le règlement l'exige, l'autorisation au ministère de la Guerre. Ce dernier répond qu'il sera fait suite à la requête dès que le lieutenant Déom aura "transmis au département de la guerre un bordereau constatant qu'il a été requis inscription hypothécaire au nom du gouvernement belge sur la propriété offerte en garantie du revenu exigé et lorsqu'il aura versé dans la caisse du dit régiment les sommes de 1 120 francs et de 640 francs […] conformément aux articles [...] ".
Pour donner simplement une idée de la valeur de cette somme, à la même époque à Virton s'est vendu un jardin de 6 ares pour 350 francs, à Nivelet 38 ares de terres labourables pour 320 francs et à Behême 22 ares de terres labourables pour 200 francs !
La future mariée de son côté doit s'engager par écrit "à ne pas suivre son mari lorsque le corps auquel il appartient se mettra en marche et à ne jamais paraître dans les campements ni à l'armée, lorsqu'elle sera en campagne".
Pensionné en 1896, Augustin avait la croix militaire de 1ère classe et était chevalier de l'ordre de Léopold.
Pauline et Augustin avaient eu trois enfants dont deux seulement vécurent : Adhémar et Georges qui seront militaires de carrière. Comme papa !

Un nouveau "sondage" effectué sur les conscrits du canton de Neufchâteau nous permet de constater que la taille moyenne des 199 garçons ayant passé le conseil de révision en 1888 [313] est de 1,668 m. En 80 ans, l'Ardennais a donc gagné plus de cinq centimètres ! Les vingt "Deum" qui sont passés sous la toise, entre 1880 et 1888, mesurent 1,6671 m en moyenne grâce notamment à Hector Déom, un plafonneur de Neufchâteau de 1,89 m !
Précisons qu'Hector s'éteint en 1941 à Neufchâteau sans laisser de descendance.

Le remplacement des conscrits est toujours de mise et Hubert-Joseph Déom, né à Louftémont le 2 novembre 1860, mais demeurant à Juseret, remplace dans la milice nationale Pierre-Léandre Albert Petit, un imprimeur lithographe de Neufchâteau. Un contrat est signé fixant le prix du remplacement à 1 720 francs [314] . Comme garantie, Hubert-Joseph Déom hypothèque 35 ares de terres ainsi qu'une maison. "Voulant d'autant mieux garantir le remplacement", Marie-Catherine Joseph Gratia, mère du remplaçant, cultivatrice à Juseret, hypothèque encore plus de quatre hectares de terres.

Pendant ce temps, la France a connu une cuisante défaite face à la Prusse. Cette dernière, aidée par l'ensemble des États allemands, contraint la France à capituler et le traité de Francfort est signé le 10 mai 1871. La France perdait l'Alsace et le département de la Moselle remodelé pour la circonstance. Le département de la Meurthe devient alors celui de la Meurthe-et-Moselle. De nombreux Lorrains fuient l'occupation allemande en allant s'installer dans les régions voisines restées françaises. Nancy va alors connaître un essor spectaculaire atteignant 103 000 habitants en 1914 alors qu'il n'y en avait que 31 000 en 1831 ! Metz voit, par contre son élan stoppé net, un cinquième des 58 000 habitants recensés en 1866 abandonne la ville après l'annexion de 1871 [315] .

 

 

Lorsque les Allemands déclarent la guerre à la France, le 3 août 1914, les habitants de la province allemande "Alsace-Lorraine" sont donc mobilisés dans l'armée allemande. Aller se battre pour défendre sa patrie est une chose que certains d'entre-nous connaissent. Mais est-il possible d'imaginer dans quel état d'esprit sont partis ces Français de cœur, forcés d'aller combattre pour un pays, pour un idéal qui n'est pas le leur ? Et comme ce fut facile de critiquer et de déshonorer ces Lorrains et ces Alsaciens qui se sont soumis à la loi germanique alors qu'ils sont foncièrement Français par l'Histoire et la volonté de la quasi-unanimité de ses habitants !

La guerre terminée et sous l'impulsion d'hommes comme André Bellard, ancien conservateur des Musées de Metz, se créée alors une association qui prendra le nom de "Malgré-Nous". Contrairement à ce que l'on croit généralement, la création des "Malgré-Nous" s'est donc faite bien avant la Seconde Guerre mondiale [316] .

Jean-Philippe Déom, né à Niederstinzel en 1872 a donc 42 ans quand la guerre éclate. Il est marié et père de cinq enfants. Marie-Eugénie, la petite dernière, n'a pas encore trois ans. Ah, s'il avait quitté Niederstinzel pour aller s'installer quelque part en France comme l'ont fait beaucoup ! Oui mais, si tout le monde était parti, la région ne serait-elle pas devenue définitivement allemande ? Par contre, en restant et en attendant des jours meilleurs, Jean-Philippe ne permettait-il pas à cette terre de rester française ?
Mais il est bien obligé de répondre à l'ordre de mobilisation maintenant que les hostilités ont commencé. Que deviendrait donc sa famille s'il s'éclipsait ?
Jean-Philippe se retrouve en Pologne, à Wolucza où il est tué dès le 5 juin 1915. Catherine, sa femme, va devoir élever seule les cinq enfants dont l'aîné vient tout juste d'avoir dix ans.

Joseph Déom, le cousin de Jean-Philippe, a 38 ans en 1914. Employé aux "Chemins de fer" à Thionville, il est dispensé d'aller au combat, comme tous les cheminots.

Un autre Joseph Déom, cultivateur à Loudrefing, a 18 ans lorsqu'il est incorporé, le 21 novembre 1916 à Metz, au 8ème régiment d'artillerie. Gravement blessé près de Tourcoing en août 1918, il est démobilisé quelques jours après sa sortie de l'hôpital de Stettin en Pologne où il avait été transporté. Nous sommes alors le 12 mars 1919. Six jours plus tard, il fête son 21ème anniversaire alors que Loudrefing et les territoires envahis en 1870 sont, depuis l'armistice signé le 11 novembre 1918 à Rethondes, débarrassés des troupes ennemies, avant de redevenir officiellement Terres de France par le traité de Versailles signé avec résignation par les Allemands le 28 juin 1919.
Georges, le cousin préféré de Joseph, avait eu la satisfaction de pouvoir se battre dans les rangs de l'armée française car son père avait quitté la Lorraine à la fin du siècle pour aller faire sa vie à Châlons-sur-Marne, en France !
Et dire que ces deux-là auraient pu se retrouver face à face ! ...

Beaucoup d'autres "Deum" ont combattu l'armée allemande au cours de la Première Guerre mondiale.

  • Adhémar, le fils aîné d'Augustin Déom et de Pauline Kathelin dont il a été question précédemment, est né le 26 mars 1872 à Ostende. Il s'engage le 9 février 1888 au 11ème de ligne. Il n'a donc même pas encore fêté ses 16 printemps ! Il est nommé caporal quelques mois plus tard, sergent en 1890, sergent-major en 1894, adjudant en 1897, sous-lieutenant en 1898, lieutenant en 1905, capitaine en second en 1913.

    Adhémar Déom est tué au cours des combats acharnés de la "mêlée des Flandres", ce qui lui vaut la citation :

    "Tombé en brave, le 20 octobre 1914, à Oud-Stuyvekenskerke pour la défense des foyers et de l'honneur du Peuple belge."


    Adhémar est nommé capitaine commandant à titre posthume le 19 octobre 1914 par arrêté royal du 26 juin 1918. Il était décoré de la croix militaire de 1ère classe. À titre posthume il est nommé chevalier de l'ordre de Léopold et décoré de la croix de guerre en témoignage de gratitude de la Patrie reconnaissante. Un arrêté royal du 21 juillet 1937 lui attribue la croix du feu [317] .

  • Georges, le second fils d'Augustin et de Pauline, fait des études de vétérinaire et entre à l'armée comme sous-lieutenant vétérinaire le 26 septembre 1912. Il est alors âgé de 24 ans. En 1917, il est capitaine. Georges sert dans un régiment d'artillerie lourde durant la Première Guerre mondiale et devient sur sa demande, cadre de réserve de 1924 à 1932. En 1935, il est major vétérinaire puis il est reçu à l'examen de lieutenant-colonel vétérinaire en 1938 mais démissionne pour incompatibilité d'humeur avec sa hiérarchie...
    Georges Déom a été décoré de la médaille commémorative de la Guerre14-18, de la médaille de la victoire, de la médaille de l'Yser, de la médaille commémorative du centenaire. Il est d'autre part chevalier de l'ordre de Léopold, officier de l'ordre de la couronne et titulaire de la croix de guerre.

  • Léon Joseph Déom, né à Hollange en 1881, est incorporé au 14ème régiment de ligne dès le début de la guerre. Au front d'août 1914 au 24 septembre 1916 puis du 11 novembre 1918 au 31 janvier 1919, ce soldat qui mesurait 1,68 m, fut décoré de la croix de l'Yser, de la médaille de la victoire et de la médaille commémorative. Il avait, en outre, trois chevrons de front [318] .

  • Maréchal des Logis de 1ère classe à cheval, Justin Alexandre Déom né à Vièrves en 1884, est au front d'août 1914 jusqu'au 15 octobre de la même année. Son livret militaire précise alors : "Est décédé le 9 décembre 1914 à l'hôpital de Plymouth (Angleterre) à la suite d'une chute de cheval en temps de paix."

  • Léon Alexandre Déom, cousin germain du précédent, est le gendarme qui fit souche dans le Limbourg. Né à Vièrves en 1892, il meurt à Kortessem en 1951. Il était titulaire de très nombreuses décorations : croix de guerre avec palme, croix du feu, croix de fer, médaille de la victoire, médaille du souvenir 14-18, médaille du centenaire, médaille de l'Yser, médailles militaires 1ère classe et 2ème classe, médaille des vaillants défenseurs de Liège. Léon était également chevalier de l'ordre de Léopold II.

  • Pierre Joseph Deum né en 1893 à Heyd est blessé à la bataille de l'Yser mais Firmin, son frère jumeau, y est tué et son corps repose à Ramskapelle. Situé à quelques kilomètres de Nieuport, le village de Ramskapelle fut repris aux Allemands le 31 octobre 1914 grâce aux efforts conjugués du 16ème bataillon de chasseurs à pied français et des 6ème et 14ème de ligne belges [319] .

  • Alors qu'il tentait de rejoindre l'armée belge, Jean Léopold Deum né à Stavelot le 3 septembre 1895, est fait prisonnier par les Allemands à la frontière hollandaise le 18 janvier 1915. Il sera interné à Gliessen, Holzminden et Wurtzburg durant quatre ans et fera partie de deux commandos forcés en France occupée. Il parviendra à s'évader de Charleville le 21 octobre 1918.
    Le 20 juillet 1919, Jean Léopold Deum se présente au Service des Secours, boulevard d'Anvers à Bruxelles où il se fait remettre à titre de premier secours aux rapatriés : "deux paires de chaussettes, une paire de chaussures, deux chemises, une camisole, un caleçon, une paire de gants, une casquette, une serviette, une paire de bretelles ainsi qu'un costume à bandes rouges". Il reçoit aussi un bon de transport à prix réduit.

  • Joseph Déom, né en 1899 à Mellier, a été déporté aux camps de Munster en décembre 1916 et février 1917 et de Duisbourg-Meiderich en janvier 1917 alors qu'Eugène Joseph Déom, né en 1889 à Biourge, a également été déporté. Nous n'en savons pas plus.

  • Victor Joseph Déom, un instituteur né à Rulles en 1887, est brancardier au 1er régiment de grenadiers, puis au 1er régiment de carabiniers à partir de 1917. Il est au front d'août 1914 jusqu'au 4 janvier 1919 ce qui lui donne huit chevrons. Victor Joseph a été décoré de la médaille de l'Yser, de la médaille de la victoire, de la médaille commémorative, de la croix de guerre avec palme et de la croix du feu et il est chevalier de l'ordre de Léopold II.

  • Soldat au 3ème régiment de ligne sous le matricule 54428, Auguste Déom est né à Suxy, en 1888. Au front dès le début des hostilités, Auguste est tué le 2 août 1915 à Zuydschote près d'Ypres en Flandre-Occidentale.

Madame veuve Amélie Déom - Gravé, la maman d'Auguste, demeurant à New-Bedford dans le Massachusetts remplit un questionnaire signé le 10 avril 1929 pardevant E. Barthelemy, notaire public, en vue de l'obtention des droits au combattant. Ce document a permis de retrouver une partie d'une famille disparue.

  • Le 2ème classe Gratien Paul Déom intègre le 13ème régiment de ligne le 1er août 1914. Il sera démobilisé en mars 1919 à Anvers après avoir été au front durant toute la guerre excepté une période allant de décembre 1915 à janvier 1917. Il a été décoré de la croix de guerre avec palme et des médailles de l'Yser, de la victoire et commémorative.
    La guerre terminée Gratien Paul devient maître tailleur à Paris.

  • Né à Halma en 1885, Auguste Joseph Déom, sabotier dans le civil est obusier de "105" au 11ème régiment d'artillerie dès le début du mois d'août 1914. Soldat, puis brigadier, Auguste Joseph est au front durant toute la guerre ce qui lui vaudra huit chevrons et l'obtention de la croix de guerre.
    Il avait épousé le 15 mai 1918, donc durant les hostilités, sa "marraine de guerre". Le mariage fut célébré à Louches dans le Pas-de-Calais et il ne semble pas qu'Auguste Joseph ait laissé de descendance.

  • Né à Paris en 1882 d'un père originaire de Louftémont, Félix Joseph Déom est caporal aérostier à Maubeuge. Fait prisonnier, il est emmené en Allemagne à Briedrichofeld où il est abattu le 14 août 1915 alors qu'il tentait de s'évader. L'inscription sur le monument aux morts d'Anlier porte la mention : "Mort pour la France".

  • Sur le monument aux morts de Beauvoir, en Seine-et-Marne, figure Auguste Eugène Déom, "Mort pour la France".
    "Au nom du Peuple français. […] Déclare constant le décès du soldat Déom Auguste, Eugène, né le vingt sept septembre mil huit cent quatre vingt deux à Beauvoir de Souverain Jean Louis et de Piloux Joséphine, époux de Baudoin Berthe Léontine Claire, Mort pour la France le dix-sept juin mil neuf cent quinze à Neuville-St-Vaast. ..." [320]

  • Paul, Lucien Déom est également "Mort pour la France" alors qu'il était soldat au 120ème bataillon de chasseurs. Il fut tué à Haudremont dans la Meuse le 28 juin 1916. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Saints (Seine-et-Marne) où il était né le 8 janvier 1895 [321] .

  • Nous connaissons mieux la carrière militaire d'Albert Alphonse Déom car nous avons pu obtenir une copie de sa fiche signalétique. Né à Chailly-en-Brie (Seine-et-Marne) le 28 août 1888, Albert a été rappelé au 18ème régiment d'artillerie lors de la mobilisation générale décrétée le 1er août 1914. Il servira durant toute la durée de la guerre dans différents régiments d'artillerie. La rubrique "Blessures, Actions d'éclat, Décorations, etc." ne porte aucune mention.

  • La fiche signalétique d'André Lucien Déom né le 5 juin 1895 à Aulnoy, Seine-et-Marne, nous apprend que l'intéressé a été incorporé le 19 décembre 1914 au 37ème régiment d'infanterie. Il a été blessé par des éclats d'obus le 16 juin 1916 à Neuville-St-Vaast, là même où fut tué, un an plus tôt, son cousin Auguste Eugène. Touché à la cuisse, au bras et surtout au front, André est admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite. Il est rayé des contrôles le 18 février 1917 et touche une pension de 600 francs par décret du 1er mars 1919.
    Le soldat André Lucien reçoit la médaille militaire par arrêté ministériel du 6 décembre 1920 avec attribution de la croix de guerre 1914-1918 avec palme [322] . L'arrêté porte la citation :

    "S'est porté à l'assaut des tranchées ennemies avec le plus grand courage. Est tombé très grièvement blessé le 13 juin 1916 en arrivant aux fils de fer allemands."

Du côté allemand la fiche familiale que nous avons pu consulter à la mairie de Bonn indique seulement que Joseph Deom, né à Poppelsdorf dans la banlieue de Bonn, le 1er août 1892, fut militaire d'octobre 1914 au 25 novembre 1918.

Nous déplorons aussi, hélas, la mort de victimes civiles au cours de cette guerre.

Pendant l'invasion allemande par les frontières ardennaises, Siméon Joseph Déom se fait abattre le 22 août 1914, à Porcheresse devant sa maison en flammes. Grand chasseur devant l'Éternel, Siméon s'était précipité dans sa demeure afin d'y récupérer son fusil. Voyant un homme armé sortir, les Allemands n'avaient pas hésité à tirer [323] ...
Siméon Joseph était le père de sept enfants. Léon, un de ses fils, est déporté alors qu'il vient d'avoir 17 ans !

Un autre drame se joue à Tintigny le samedi 22 août 1914.

Depuis le 6 août 1914, tantôt ce sont les Français qui occupent le village, tantôt ce sont les Allemands. Le vendredi 21 août, les Allemands, battus entre Jamoigne et Izel, reviennent se reposer à Tintigny. Le samedi 22 août, un soldat allemand en patrouille est tué sur la grand-route, à l'entrée du village. Les Allemands prétendent que des civils avaient tiré et tué leur compagnon alors que des soldats français patrouillaient dans les parages. Les arrestations commencent dès huit heures. Quarante personnes sont arrêtées dont le bourgmestre, le curé, un ancien notaire, l'instituteur. Dans la soirée les quarante otages sont exécutés au lieu dit "les Loynes" par des soldats portant le brassard de la Croix-Rouge. Parmi les autres victimes se trouvent Édouard Déom, 61 ans, et ses deux fils : Joseph et Louis âgés respectivement de 26 et 23 ans.
Pendant ce temps, des soldats parcourent les rues du village en mettant le feu aux maisons et en tirant sur tous les civils qu'ils rencontrent ou qu'ils aperçoivent à travers les fenêtres. Henri-Joseph Déom, le frère d'Édouard, un célibataire de 62 ans, est gravement blessé. Le lendemain il est conduit avec un autre groupe de prisonniers à Arlon. Blessé au bras et au ventre, il souffre un véritable martyre. Le malheureux est soutenu par deux autres prisonniers car il ne peut pas marcher. "Mais arrivé à Han, on dut abandonner le pauvre blessé à son triste sort. On ne sait ce qu'il est devenu et l'on n'a jamais retrouvé trace de son cadavre." [324]
Le bilan de cette journée est lourd : 60 civils tués, 106 maisons incendiées à Tintigny, 91 civils tués et 184 maisons incendiées pour l'ensemble de la commune ! [325]
Les décès seront inscrits le 28 novembre 1914 dans les registres de Tintigny. Implantée à Tintigny depuis 1753, notre famille disparaît tragiquement de cette localité, victime de la guerre, comme le seront plus de 50 000 civils belges et près de 1 400 000 soldats français.


Joseph, 26 ans, et son frère Louis, 23 ans, tués par les Allemands le 22 août 1914

 

 

Tout le monde pensait que la leçon allait être retenue et qu'il n'y aurait donc plus jamais de guerre. L'Alsace et la Moselle avaient réintégré la mère patrie et les frontières de la France avaient repris un tracé conforme à leur histoire.

La paix dura tout de même vingt ans !

La Seconde Guerre mondiale commence en septembre 1939, mais Hitler ne lance son offensive dans les Ardennes qu'en mai 1940. Les Allemands prennent Abbeville dès le 21 mai et 300 000 soldats, dont 100 000 Français, parviennent à embarquer à Dunkerque entre le 28 mai et le 3 juin pour regagner la Grande-Bretagne. Mais de nombreux soldats français se sont rendus. Parmi eux, se trouve Auguste Déom de Loudrefing, né à Niederstinzel en 1904. Affecté à la Compagnie Forestière du Génie, le 2 septembre 1939, Auguste est fait prisonnier le 22 juin 1940 à St-Dié, dans les Vosges [326] .
L'armistice est signé à Rethondes le 22 juin : la France est coupée en deux, l'armée est démobilisée. Il faut remarquer que de tous les départements français situés en zone allemande, seuls ceux du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle sont de nouveau annexés de fait, sinon de droit. Ainsi, Auguste Déom est libéré par les autorités allemandes le 4 juillet 1940 "en qualité d'Alsacien-Lorrain".
Dès octobre 1942, les Allemands vont incorporer de force environ 130 000 Alsaciens-Mosellans dans l'armée allemande. Les classes de naissance de 1922, 1923 et 1924 sont les premières à partir suivies par les classes de 1920 et 1921 ; la classe de 1925 a été incorporée en mai 1943 alors que celles de 1914 à 1919 ont été appelées à partir de juin 1943 et celle de 1926 en janvier 1944 [327] .
Sous les menaces allemandes toujours grandissantes et malheureusement régulièrement mises à exécution, ces jeunes soldats ont préféré se sacrifier plutôt que de mettre en péril leurs parents, leur femme et leurs enfants.
Sur ces 130 000 soldats, 40 000 sont morts ou portés disparus alors que 35 000 ont été gravement blessés et sont invalides [328] .
Une nouvelle génération de "Malgré-Nous" [329] venait de naître...

Chez les "Deum" des territoires annexés, seuls Gaston Déom de Thionville et Émile Déom de Bourgaltroff, sont nés au cours de la période cruciale, c'est à dire entre 1914 et 1926. Émile étant parti se réfugier dès 1940 à Bourganeuf, dans la Creuse, seul Gaston est donc forcé d'aller servir l'armée allemande.

Lorsqu'en mai 1943, Gaston reçoit l'ordre d'aller rejoindre les rangs allemands, il vit seul avec sa mère, veuve depuis 1930. Né à Thionville en 1920, Gaston est beaucoup plus jeune que ses deux frères, Camille et Jean-Louis, déjà mariés depuis plusieurs années. Écoutons-le :

"Croyez-moi, l'idée de disparaître avant d'être appelé par les Allemands avait trotté maintes fois dans ma tête. Mais qu'auraient-ils fait de ma pauvre mère ? Que seraient devenus mes frères ?
Je me retrouve donc dans une caserne à Enns, en Autriche, où je fais mes classes dans une arme des transports automobiles et de la circulation routière : le train. C'est ainsi que je deviens chauffeur. Les Allemands occupent alors la Grèce et mon unité établit ses bases sur l'île Leros.
En 1944, nous nous sommes enfuis juste avant l'arrivée des Anglais. Malheureusement notre bateau fut coulé le 14 septembre par un sous-marin anglais. J'ai passé neuf heures dans l'eau... avant d'arriver sur la terre ferme. Ensuite, ce fut la fuite vers la Yougoslavie : Sarajevo, Zagreb. Pris en chasse par les partisans yougoslaves, nous sommes faits prisonniers en octobre 1944. Nous nous rendons, pieds nus, jusqu'à Belgrade où je serai libéré le 11 juin 1945 avant d'être rapatrié à Paris par l'ambassade de France.
"

Rappelons que l'Allemagne attaque la Belgique le 10 mai 1940 sans avertissement, ni ultimatum. Dix-huit jours plus tard, le 28 mai, le roi Léopold III capitule sans condition.

Engagé avec le 1er régiment de chasseurs ardennais, Jean Victor Déom de Fays-les-Veneurs marche vers un cruel destin.

"Cela se passe à Gembloux, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Namur. Le contact était établi avec l'ennemi et des soldats de la 'Wehrmacht' avaient revêtu l'uniforme belge dans le but que l'on devine. Mon frère est abattu par méprise par un Sénégalais de l'armée française qui avait pris Jean Victor pour un Allemand déguisé. C'était le 14 mai 1940, quatre jours seulement après l'attaque des Allemands. Le corps noirci et méconnaissable ne fut retrouvé que le 28 mai et nous n'avons été prévenus qu'en décembre."

C'est Alexandre, le frère aîné de Jean Victor, qui raconte ce drame. Sa voix trahit une vive émotion que même le temps n'a pas su atténuer.

 


Jean Victor Déom

C'est au cours de cette brève campagne que Georges Déom est fait prisonnier. Il va passer cinq longues années de captivité en Allemagne. Né en 1909 à Manage, Georges sera libéré par les Américains à la fin du mois de mars 1945 après avoir fait quatorze commandos et quatre stalags.
En 1996, Georges et Rose auront la grande joie de fêter leurs "noces de brillant" ! [330]

Édice Déom, né à Hollange en 1918, s'engage au 2ème régiment de chasseur ardennais le 13 mars 1939. Fait prisonnier le 29 mai 1939, il est libéré le 10 juin 1940. Il s'engage dans la Résistance du 1er septembre 1943 au 9 septembre 1944 et sera décoré de la médaille de la Résistance, de la médaille commémorative et de la médaille militaire du combattant.

À compter du 28 mai 1940, il ne reste plus que deux solutions aux Belges désireux de combattre l'occupant :
1. Rejoindre Londres où le gouvernement est en exil,
2. Entrer dans la Résistance.

Si aucun membre de notre famille ne semble avoir été à Londres, plusieurs ont, par contre, choisi le dur combat de la résistance armée.

  • Nous pouvons être fiers de Nestor Louis Deum, né à Aisne, commune de Heyd [331] , le 8 mars 1901.
    Brillant élève, Nestor avait fait ses "Humanités" chez les Jésuites. Son père, cultivateur, ne peut lui assurer des études universitaires. Il part alors travailler dans les mines d'or du Katanga. Douze années plus tard, en 1934, il rentre en Belgique. Il loue une ferme à Muno, à quelques pas de la frontière française du département des Ardennes et se lance dans la production exclusive du lait. En 1941, le Poste de Commandement belge le charge d'espionner les Allemands. La Gestapo l'arrête à Escombres dans les Ardennes en 1942 et l'emmène à Carignan. Il parvient à s'enfuir par la fenêtre et entre alors dans la clandestinité. Très occupé à organiser la Résistance, Nestor devient Firmin, en hommage à son frère tué au cours de la guerre 1914 - 1918 [332] . Puis, il organise de très nombreuses actions patriotiques pour combattre l'oppresseur. Il devient alors le chef provincial du réseau de Luxembourg.
    À partir de septembre 1944, il dirige, en accord avec les chefs locaux de l'Armée Secrète, les actions de guérillas dans toutes les provinces avec pour but "l'anti-destruction" des voies de communication.
    Les Allemands par voie d'affiche, offrent, mais en vain, une récompense de 200 000 francs à toute personne qui fournirait le renseignement permettant d'arrêter le "terroriste".
    Après les hostilités, "Firmin" est désigné, par le Ministère de la Défense, comme le chef de toutes les résistances de la province de Luxembourg. Par arrêté n°142 du Prince Régent du 27 janvier 1945, le "nommé Deum est assimilé au grade de major de complément pour la durée de l'exécution de la mission qui lui est confiée [333] . Cette mission prendra fin le 15 février 1945. Il est autorisé à conserver le titre honorifique de ce grade."
    Nestor Deum, pamphlétaire à ses heures, n'a jamais rien revendiqué pour les services rendus.

    "Firmin" Deum était donc le chef de certains de ses cousins entrés dans la Résistance. Parmi eux :

  • Hubert-Joseph Déom, facteur des Postes à Libramont né à St-Pierre en 1885, Résistant du 1er novembre 1943 au 14 octobre 1944.

  • Émile Déom, employé de la S.N.C.B. demeurant à Rulles, né à Mellier en 1886. Engagé du 1er juin 1943 au 30 septembre 1944.

  • Justin Déom, employé de la S.N.C.B. demeurant à Bonnert, né à Mellier en 1888. Résistant du 15 février 1943 au 14 octobre 1944.

  • Pierre Jules Deum, né en 1925 à Bomal, a été décoré de la médaille de la Résistance. Nous n'en savons pas plus.

  • Omer, Louis et Ernest Déom, trois frères nés respectivement en 1905, 1906 et 1910 à Pondrôme prennent bien des risques. Louis, qui distribue à vélo journaux et tracts clandestins, est dénoncé, recherché puis arrêté. Omer, alors gendarme à Yvoir, parvient à le faire libérer de la prison de Namur après trois semaines de captivité.
    Ernest est conducteur de camions à Beauraing. Il prend part à la campagne des 18 jours en 1940 accomplissant son devoir de patriote. En 1942, la Résistance s'organise et Ernest entre comme soldat dans l'Armée Secrète. Il fait partie du groupe "Sommelette-Lhoist". Avec son camion gazogène, il accomplit des missions vraiment dangereuses. C'est ainsi qu'il doit transporter jusqu'à Beauraing des munitions et des armes parachutées par les alliés à Ste-Marie-sur-Semois.
    En 1944, c'est lui qui transporte les explosifs qui vont permettre de faire sauter le pont du chemin de fer de Houyet.
    Il est décoré de la médaille du volontaire, de la médaille de la Résistance, et de la médaille commémorative de la guerre.
    Omer est nommé maréchal des logis et se voit décerner de nombreuses distinctions : médaille commémorative, médaille du volontaire, médaille d'or de l'ordre de Léopold II, médaille de la Résistance, palmes d'or de l'ordre de la couronne. Le 21 juillet 1957, sa Majesté le Roi lui confère la croix de chevalier de l'ordre de Léopold II, "en témoignage de reconnaissance des services rendus au pays".

  • René Déom né à Lamouline en 1925, demeurant alors à Neuvillers, fut Résistant du 1er juin 1944 au 20 octobre 1944. Il s'engage ensuite avec Jean Déome, né en 1919 à Nivelet, au 12ème bataillon de fusiliers où ils retrouvent Joseph Déom né en 1925 à Porcheresse. Nos trois "Deum" fusiliers se distinguent avec leur bataillon en occupant par surprise le pont de Remagen dès le 7 mars 1945. Ainsi fut établie la première tête de pont sur la rive droite du Rhin.


Installé dans le département de l'Ain depuis son mariage en 1931, Eugène Déom né à Paris en 1909 est employé aux Ponts et Chaussées en qualité de cantonnier. Lorsque la Résistance s'organise, il n'hésite pas un seul instant et entre dans le Maquis de l'Ain.
Écoutons M. Paul Reynaud, maire de Cuzieu :

"Pris par les Allemands, Monsieur Déom a été emmené avec plusieurs de ses compagnons à St-Rambert. Là, ils allaient être fusillés lorsque arriva Madame Déom portant dans ses bras Colette, sa petite fille handicapée. Le commandant allemand fit alors sortir Eugène Déom des rangs et lui laissa la vie sauve." [334]

Afin de soustraire Eugène à un éventuel revirement des Allemands, la direction des Ponts et Chaussées décide de le muter immédiatement dans la section de Virieu-le-Grand près de Belley. Eugène s'installe alors à Vollien, petit écart de la commune de Cuzieu, où ses activités dans la Résistance reprennent aussitôt jusqu'à la fin de la guerre [335] .

D'autres "Descendants de Guillaume Deum" ont pris part à cette guerre :

  • Gaétan Déom, né à Landen en 1924, a été renversé par un camion allemand alors qu'il escortait le général Piron. Gravement blessé, Gaétan resta six semaines dans le coma.

  • Venu des États-Unis avec la 638ème "Tank Destroyer", le sergent Dennis Deom né en 1911 dans le Perry County en Indiana, traverse le magnifique massif de l'Ardenne mais n'a guère le loisir de faire du tourisme ni d'aller à Rulles embrasser une de ses cousines. Il est, en effet, le petit-fils de Jean-Baptiste Déom de Rulles parti aux USA en 1854.

  • Léon Déom, né à Niederstinzel en 1912, s'engage dans la marine le 24 avril 1930. Matelot de 2ème classe en 1930, matelot de 1ère classe en 1933, quartier-maître à compter du 1er avril 1934, il est nommé second-maître le 1er janvier 1940. Léon, qui a été muté au 1er régiment des forces maritimes le 20 novembre 1944, est tué le 25 mars 1945 à St-Jean-Cap-Ferrat. Il est cité à l'ordre du corps de l'armée de mer avec croix de guerre, étoile de vermeil, à titre posthume avec la citation :
    "Tombé glorieusement pour la France à son poste de combat".
    Son corps repose au Mausolée de l'Escarène dans le département des Alpes-Maritimes.

  • René Déom demeurant à Longwy, né à Mont-St-Martin en 1927, s'engage en 1945 dans la 9ème division d'infanterie coloniale. On le retrouve tout d'abord dans les opérations de la "boucle du Doubs" puis il fait la Campagne d'Alsace : Colmar, Mulhouse, Forêt de Hardt, Strasbourg.
    À partir du 2 avril 1945 et jusqu'au 7 mai 1945, René et la 9ème division continuent la lutte en Allemagne. La 9ème division, sous les ordres des généraux Morlière et Salan, a été citée à l'ordre de l'armée [336] .
    René Déom s'engage ensuite dans la guerre d'Indochine. Il embarque à Marseille le 10 décembre 1945 et arrive à Saïgon le 4 janvier 1946.
    Le retour se fera le 27 août 1947. Entre-temps, René a été décoré de la croix de guerre avec la citation :
    "Canonnier plein d'allant et de courage. Le 8 juillet 1947 à Hu-Hoa en Cochinchine, a eu au cours d'un accrochage contre une bande rebelle nombreuse, une conduite digne de tous les éloges. A, par son exemple, entraîné au combat les Cambodgiens peu aguerris de son groupe".
    Signé : le chef d'escadron Lancrenon.
    René a également été décoré de la médaille coloniale le 15 mars 1947 avec agrafe "Extrême Orient", puis de la croix du combattant en 1994

Par les faire-part de leur décès, nous avons appris que :

  • Jules Déom, né à Hollange en 1913, fut chasseur ardennais.

  • André Déom, gendarme né à Anlier en 1920, fut prisonnier de guerre au stalag XII B.

  • Victor Déom, né à Marbehan en 1905, et Léon Déom, né à Longwy en 1905, furent prisonniers de guerre. Léon resta en Allemagne durant toute la guerre.

Par ailleurs, il nous a été signalé que :

  • Richard Deum, né à Liège en 1920, fut déporté (STO) [337] à Düsseldorf durant trois ans.

  • Marcel Déom, né à Lamouline en 1923, fut prisonnier politique en Allemagne.

  • Pierre Joseph Deum, né à Heyd en 1893 et qui avait été blessé en 14-18, est maréchal des logis au cours de cette guerre. Il est décoré de la médaille commémorative de la Guerre 1940-1945. Il a d'autre part été nommé chevalier de l'ordre de Léopold avec glaives ainsi que chevalier de l'ordre de la couronne avec glaives.

  • Au cours de cette même guerre, Vital Déom né à Suxy en 1899, fut interné au camp de représailles de Vernet dans le département de l'Ariège. Il séjournait, à ce moment-là, à St-Quentin-la-Poterie. Dénoncé, Vital fut arrêté par la milice le 30 septembre 1941 et interné pour attitude anti-allemande.

  • Voici maintenant un extrait du journal "La Meuse" du samedi 25 et dimanche 26 août 1945 [338] :
    "Grâce à un troc judicieux, M. Deum parvint à se procurer les plans des fabriques des bombes 'à la queue de feu'. Ces usines étaient installées à 41 km au sud-est de Stettin, dans un bois bien touffu qui ne révélait rien de son terrible secret.
    Le 2 octobre 1944, notre brave Stavelotain entra en rapport avec la Military Police américaine qui elle-même le conduisit au chef de l'état-major de l'armée : longuement et mûrement les plans furent étudiés et, un beau jour, les avions alliés, après avoir averti 4 500 prisonniers russes et français qui travaillaient par-là, déversèrent de grandes quantités de bombes sur l'objectif ainsi dévoilé.
    Il nous reste à féliciter M. Deum comme il le mérite, c'est à dire en véritable héros
    ".
    Ce héros est André Deum né à Stavelot le 1er mars 1905.

La Seconde Guerre mondiale eut aussi ses victimes civiles :

  • Jeanne Florentine Déom, née à Halma le 13 septembre 1890, trouve la mort au cours des bombardements du 13 mai 1940 à Boussu-lez-Walcourt.

  • Erwin Deom et son frère Joseph nés en 1934 et 1938 à Dudeldorf, en Allemagne, sont tués en même temps que leur maman au cours des bombardements de Bitburg du 24 décembre 1944 [339] .

  • Louis Déom, né en 1928 à Tellin, est une des dernières victimes de l'ultime offensive allemande, le 1er janvier 1945 dans l'Ardenne, sous le commandement du maréchal Von Rundstedt. Gravement blessé par un éclat d'obus, Louis deviendra cordonnier dans son village natal.

Parmi les autres acteurs de cette terrible guerre, il faut encore mentinner les passeurs bénévoles. Ils évoluent dans l'ombre mais leur rôle est terriblement dangereux. S'ils se font prendre ou s'ils sont dénoncés, la GESTAPO [340] les expédie aussitôt dans un camp de concentration.

Avec la complicité de son épouse, Joseph Déom, alors père de trois enfants, n'hésite pas à prendre tous ces risques. Il sait pourtant qu'en retour il ne recevra, au mieux, que quelques remerciements. Né à Loudrefing en 1898, il est devenu éclusier en 1939 à Bisping sur le canal des Houillères qui relie la Sarre au canal de la Marne-au-Rhin. La jonction se fait près de Gondrexange. Ces voies navigables vont permettre à de nombreux prisonniers de guerre français, échappés des camps allemands, de regagner leur pays. Longer un canal est facile, même la nuit. Encore faut-il trouver un endroit sûr pour y passer... le jour, et se restaurer avant de reprendre la fuite au cours de la nuit suivante. L'écluse n° 6, située en pleine forêt, à environ quatre kilomètres du petit village de Bisping, est très souvent l'avant-dernier relais précédant le passage de la nouvelle frontière située près de Lagarde.
Joseph Déom n'a jamais voulu faire valoir son courage !

Voilà ce que nous savons sur le rôle tenu par certains membres de notre famille au cours des deux guerres.
C'est effectivement bien peu car :

  1. Les archives des périodes concernées ne sont pas encore accessibles.

  2. L'appel lancé ici même en 1994, n'a pas eu le succès espéré. Deux témoignages seulement nous sont parvenus. Pire :

  3. Plusieurs personnes contactées n'ont pas jugé nécessaire de répondre.

Nous sommes donc parfaitement conscients de n'avoir pu donner qu'un aperçu très
succinct de la manière dont notre famille a subi les deux guerres mondiales.
Cela donnera donc, plus tard, l'occasion à une nouvelle génération de généalogistes de compléter aussi cette partie de la mémoire familiale !

Notons encore que la plupart des Français nés entre 1935 et 1941 ont pris part à la guerre d'Algérie entre 1954 et 1962. Parmi eux, il y avait des membres de notre famille et à notre connaissance tous sont revenus vivants de leur expédition africaine qui, pour certains, aura duré deux ans !

Claude Déom, né à Mogimont en 1939, nous a aussi expliqué comment il s'est retrouvé mercenaire de 1964 à 1967 au Zaïre sous le commandement de Schramm et Denard [341] .

Par ailleurs, Patrick Deum, né en 1959 à St-Cloud (Hauts-de-Seine), a participé à la guerre du Golfe de janvier à février 1991. Il était alors second maître-missilier sur la frégate "Jean de Vienne", un bâtiment d'escorte anti-sous-marin de 4 500 tonnes.


Nous terminerons cet important chapitre en mettant l'accent, une fois n'est pas coutume, sur un "assimilé" [342] de notre famille... Bernard Wœffler, professeur de lettres, époux de Marie-Odile, la fille de Gaston Déom dont il a été question précédemment, a été nommé récemment au grade de colonel de réserve. Après avoir commandé le 149ème régiment d'infanterie, Bernard vient d'être affecté à la Brigade du Renseignement et de la guerre électronique.

Lors d'une prise d'armes qui s'est déroulée au château de Mercy-lès-Metz le 13 juillet 1998, les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur lui ont été remis.

 

De gauche à droite : l'ordre de la Couronne, l'ordre de Léopold, deux décorations belges, la
Légion d'honneur française. Cette décoration a été fondée par Bonaparte en 1802. Elle est destinée à récompenser les services militaires et civils

 

 



[268] Première troupe d'infanterie composée de 4000 hommes créée par Charles VII en 1445.
[269] Archives du Royaume à Bruxelles : "Collection privée du prince de Mérode, titres et documents de plusieurs Maisons du Luxembourg", page 346 du 22.9.1606. François Deum est né vers 1573.
[270] A.E. Arlon : "Conseil de Luxembourg, Francs-hommes".
[271] Revue, inspection.
[272] A. E. Arlon : "Justices Subalternes" de Neufchâteau n°1822, page 90 du 22.10.1624.
[273] A. E. Arlon : "Conseil de Luxembourg, Francs-hommes 1471-1699".
[274] Pouvons-nous dire adjudant ?
[275] Il s'agit de Jean Deum né vers 1577 et de son fils né vers 1608. Ce dernier, qui semble bien être le seul fils de Jean, est resté célibataire.
[276] Ancêtre des Bossicart.
[277] A. E. Arlon : "Conseil de Luxembourg, Francs-hommes 1471-1699".
[278] Jean Deum avait épousé Catherine Olivier sans doute à Léglise vers 1632 (les registres de mariages de Léglise ne sont disponibles que depuis 1637).
[279] A. E. Arlon : "Dénombrement de 1659", Mellier n°285.
[280] Il s'agit du Jean Deum né vers 1620 qui épouse Marie Collignon à Huy le 22.4.1648.
[281] Il n'y avait évidemment pas d'engrais en ces temps-là.
[282] Mesure de capacité variable selon les régions.
[283] Sorte de monnaie. Pour 36 patacons on pouvait acheter une petite maison. Une "cavale" et son poulain sont vendus 8 patacons ½ par Jean Deum le 21 mai 1657 (A. E. Arlon : "Justice Mellier" n° 1585, page 16). Un patacon valait 48 sols alors qu'un écu en faisait 56.
[284] "Militaire dans une légion combattant à pied" : l'infanterie.
[285] La ville de Valenciennes fut prise par les Autrichiens le 28.7.1793. Gilles Déom a été baptisé le 25.1.1749 à Léglise.
[286] Le tirage au sort est un procédé utilisé pour établir l'ordre dans lequel les hommes du contingent seront appelés au service militaire. Cette méthode sera définitivement abandonnée en 1905.
[287] Rappelons que Neufchâteau était un des arrondissements du tout nouveau département des Forêts. L'arrondissement comprenait les cantons de Bastogne, Étalle, Fauvillers, Florenville, Houffalize, Neufchâteau, Paliseul, Sibret et Virton. Voir cartes, pages 285 et 287.
[288] Archives Nationales de Luxembourg : "série B" n°805, 806 et 807.
[289] A. D. de Meurthe-et-Moselle (Nancy) : "4 R 81/1".
[290] Renseignements aimablement fournis par M. Roland Hiande.
[291] A. E. Arlon : "Département des Forêts" n°138.
[292] En se faisant attribuer les dernières places du tirage au sort ils ne risquaient plus d'être enrôlés.
[293] Sous le Consulat, le 1er et le second Empire, décision émanant du Sénat.
[294] Archives Nationales de Luxembourg : "série B", n°803.
[295] Archives Nationales de Luxembourg : "série B", n°806.
[296] A. E. Arlon : "Département des Forêts", n°351/8 et 126/49. Il est question ici de Martin Déome né le 18.1.1790.
[297] Loi du 6 floréal de l'an 11 de la République.
[298] Un bon cheval valait alors environ 250 francs.
[299] A. E. Arlon : "Département des Forêts" n °140.
[300] A. E. Arlon : "Département des Forêts" n °140. (Napoléon venait d'épouser l'archiduchesse Marie-Louise, fille de François II, empereur d'Autriche).
[301] La première campagne de ce régiment fut la prise de Thionville en 1643. Il s'appelait alors le "Régiment de la Reine". Fort de Vincennes : "24 YC 28".
[302] A. E. Arlon : "Département des Forêts" n°138.
[303] Fort de Vincennes : "21 YC 376".
[304] Archives Nationales de Luxembourg : "série B", n°805. Pierre-Joseph Déom est né le 17.12.1788.
[305] Publication de la Section Historique du G.D. de Luxembourg : volume LVIII.
[306] A. D. de Meurthe-et-Moselle (Nancy) : "1 R 482".
[307] Fort de Vincennes : "21 YC 138".
[308] Archives Nationales de Luxembourg : "série B", n°811.
[309] A. E. Arlon : "Département des Forêts", n°349.
[310] A. E. Huy : "Notariat d'Antoine-Joseph Tingry" acte n°66 du 22.12.1820.
[311] A. E. Arlon : "Tribunal de 1ère instance de Neufchâteau", n°21469, le 8.5. 1829. Jean-Pierre Déom est né le 20.12.1810 à Lavaux.
[312] Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire de Bruxelles.
[313] A. E. Arlon : "Milice" n°366. Le canton de Neufchâteau est formé de : Anlier, Assenois, Grapfontaine, Hamipré, Juseret, Léglise, Longlier, Mellier, Neufchâteau, Orgeo, Recogne, Ste-Marie, St-Médard, St-Pierre, Straimont, Suxy, Tournay et Witry.
[314] Acte n°7177 du 15.2.1884, étude de Me Clément, notaire à Neufchâteau. À cette époque, le salaire annuel d'un instituteur était d'environ 1200 francs.
[315] Déjà en 1685 la ville avait perdu 17% de sa population, la Révocation de l'Édit de Nantes ayant provoqué le départ de nombreux protestants vers l'Allemagne. Cet exode massif avait été dramatique "car les protestants étaient très représentés au Parlement, chez les notaires, les avocats, les médecins, les banquiers et changeurs, sans oublier le négoce". (Voir "Républicain Lorrain" du 19.5.1998).
[316] C'est le 21 mai 1920 que s'est tenue la réunion constituante des "Malgré-Nous" comportant l'élection du premier comité. C'est Henri Pincemaille qui en fut le premier président alors que le premier Président d'honneur fut Maurice Barrès.
[317] Cette décoration est créée par A.R. du 6.2.1934. Un autre A. R. du 23.3.1951 stipule que les demandes d'obtention de la Croix du Feu ne seront plus prises en considération après le 3.7.1951. (Musée Royal de l'Armée et d'Histoire Militaire de Bruxelles).
[318] Six mois de présence au front donne un chevron. Un chevron donne une pension de 100 francs par an.
[319] Sur la place du village, une plaque commémorative précise que "Le 31 octobre 1914, le 16ème bataillon de chasseurs à pied français et notre 6ème régiment de ligne enlevèrent en commun et à la baïonnette le village de Ramskappelle […]. Dans une rue du village, une autre plaque nous apprend que "Le 14ème de ligne belge a participé glorieusement le 31 octobre 1914 à la reprise de Ramskappelle. Il y a perdu plus de 100 héros".
[320] Jugement du tribunal civil de première instance de Melun du 22.4.1921. Acte enregistré à Melun, actes judiciaires, le 10.5.1921.
[321] Paul était très exactement né à Limosin, localité rattachée à la commune de Saints.
[322] A. D. de Seine-et-Marne (Melun) : "1R1436".
[323] Propos rapportés par un membre de la famille.
[324] A. E. Arlon : "L'invasion allemande" par le chanoine Jean Schmitz, secrétaire de l'évêché de Namur, et Dom Norbert Nieuwland de l'abbaye de Maredsous (GMI 141) et "Rapports et documents d'Enquête" par la Commission d'enquête (GMI 22).
[325] La commune comprenait outre Tintigny : Poncelle, Han, Ansart, Breuvanne, Mesnil, Villemont, Barrière de Han, Moulin de Poncelle, Moulin de Ferbas, Barrière des Malades, ferme de Chénois ("Nouveau dictionnaire des Communes" par Guyot Frères, Bruxelles).
[326] A. D. Moselle (Metz) : "2R577-578".
[327] Voir "Républicain Lorrain" du 13.2.1994.
[328] Voir "La Charte", organe de la Fédération Nationale André Maginot, août - septembre 1985.
[329] Afin de compléter l'hommage rendu aux "Malgré-Nous" disparus au cours de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement français vient de décider de leur attribuer la mention "Mort pour la France".
[330] Georges a épousé Rose Deridoux le 24 janvier 1931.
[331] Heyd se trouve à environ 25 km au nord-est de Marche.
[332] Voir page 140.
[333] La mission n'est pas spécifiée. "Archives personnelles" : voir lettres n°356 du 4.12.1993 et n°1050 du 22.2.1996.
[334] Monsieur Raymond Juillet, président des Anciens Combattants et maire de Champagne-en-Valromey (Ain), précise qu'Eugène Déom avait été un grand Résistant et qu'il avait été "pris dans un sérieux accrochage à Montgriffon sur le plateau d'Hauteville où il y eut plusieurs tués". "Archives personnelles", lettre n°1806 du 8 juillet 1999.
[335] Ces détails nous ont été très aimablement communiqués par M. Henri Buatois, retraité des Ponts et Chaussées, ancien patron d'Eugène Déom dont il appréciait le travail et la gentillesse.
[336] Extrait du Journal Officiel du 29.4.1945.
[337] Service du Travail Obligatoire.
[338] Extrait reçu de Richard Deum de Grivegnée.
[339] "Beschlub des Amtsgerichts Bitburg vom 6.7.1950". Autrement dit : "Décision du tribunal de 1ère Instance de Bitburg" du 6.7.1950.
[340] Abréviation de "GEheime STAats POlicei". (Police secrète d'État)
[341] Chefs de l'armée mercenaire placée successivement sous l'autorité des présidents Tschombé, Kasavubu et Mobutu.
[342] Dans le langage "Deum", est défini comme tel l'épouse ou l'époux d'une personne portant notre nom ! ...