A
partir de 1792, le service de l'état civil est, on l'a
déjà dit, confié aux maires des communes.
Le relais est pris dans des conditions souvent difficiles, surtout
dans les villages où peu de gens savent lire et écrire.
Mais il faut bien apprendre... Les curés continuent bien
évidemment à tenir les registres paroissiaux à
jour mais l'acte officiel est maintenant celui qui a été
établi à la mairie.
À présent nos aïeux doivent d'abord se rendre
à l'administration municipale pour y faire enregistrer
naissances, mariages et décès avant d'aller faire
baptiser, marier et enterrer leurs proches à l'église.
On oublie parfois d'aller déclarer un décès
comme celui de Jeanne Deum survenu à Ventzviller le 21
germinal de l'an 8 de la République . Nicolas Jacques,
secrétaire de la mairie de Sarralbe, est nommé le
7 prairial an 9 par le sous-préfet du 4ème
arrondissement du département de la Moselle pour aller
enquêter sur place. Le décès est officialisé
: la défunte, cultivatrice âgée de 80 ans,
était veuve de Nicolas Valter et était la fille
de François Deum et de Catherine "Gochebien".
Si le nom de son défunt époux et si son âge
sont des renseignements parfaitement exacts, François Deum
et Catherine Sagebien sont, par contre, les grands-parents de
Jeanne !
Si les prêtres commettaient de nombreuses erreurs, la nouvelle
administration ne fait donc pas mieux ! On assiste même
à des situations parfois cocasses.
Voici l'histoire
des Jacoby devenus des Dauby...
Mathieu Jacoby
se marie à Tintigny en 1768. Son épouse, Anne-Joseph
Nicolas, lui donne plusieurs enfants dont Jean-Baptiste Jacoby,
né en 1776 à Termes. Jean-Baptiste unit à son tour son destin
à celui de Catherine Santé le 5 frimaire de l'an
13 à Chassepierre. Sur l'acte de mariage, le marié est
un certain Jean-Baptiste... Dauby, fils de Mathieu Auby, décédé
à Termes le 3 mars 1780 ! En fait, l'acte de décès
établi par le curé de Termes mentionne : "Mathieu
Jacques AUBI".
Mathieu JacOBY s'est donc transformé en Mathieu
Jacques AUBI. Il est vrai que phonétiquement...
Oui mais, pourquoi à Chassepierre a-t-on transformé
Auby en Dauby ? Pour un motif très simple : le patronyme
Dauby est bien connu dans la région, mais pas Auby ! Près
de Bouillon, en effet, se trouve un petit village nommé
Auby. Un jour, un habitant de ce village, peut-être prénommé
Joseph, va habiter dans une paroisse voisine. Là, il va
tout naturellement être désigné comme étant
Joseph d'Auby et finira par devenir Joseph Dauby !
Mais nous aurons l'occasion de reparler des Dauby...
Vous souvenez-vous
de Nicolas Deum qui vient à Niederstinzel épouser
Marie-Anne Reeb en 1789 ? Nicolas reconnaît alors le petit
Charles Sylvain Reeb que Marie-Anne avait eu cinq ans auparavant.
Charles avait enfin un papa !
À partir de ce moment-là on ne trouve plus la trace
de ce garçon qui porte pourtant notre nom. Était-il
tombé au cours d'une des trop nombreuses batailles menées
par son empereur ? Au Fort de Vincennes sont stockées les
archives de l'armée. On y trouve les dossiers concernant
les recrues françaises et même belges et luxembourgeoises.
Il n'y a rien cependant concernant Charles Déom !
Quelle ne fut pas notre surprise de relever, le 9 janvier 1813
à Niederstinzel, le mariage de Charles Reb, fils de Marie-Anne
Reb, avec Salomé Baumgarten ! Jean Déom, "frère
du marié", est témoin... Le maire de Niederstinzel
a donc simplement et seulement repris les indications données
par l'acte de baptême du marié.
Les actes de naissance des quatre enfants de Charles et Salomé
sont tous rédigés au nom de Reb. Tout laisse cependant
croire que le dit Charles Reeb, devenu officiellement Déom
le jour du mariage de sa mère, se faisait appeler Déom.
Quand Salomé Baumgarten décède le 2 décembre
1835, elle est l'épouse de Charles Déom... Par ailleurs,
il est question de Charles dans de nombreux actes notariés.
Et les différents notaires de Fénétrange
l'ont toujours désigné sous le patronyme Déom
!
La famille n'a, sans doute, jamais fait valoir les clauses contenues
dans l'acte de mariage Deum - Reeb de 1789. C'est ainsi que de
nos jours, il y a certainement quelque part des Reb qui en fait
devraient s'appeler Déom...
Parfois les
recherches nous mènent dans des impasses d'où il
est difficile, voire impossible de sortir.
Nous voici à Torgny, le village le plus méridional
de Belgique, à quelques centaines de mètres de la
frontière française ! Vers 1810 arrivent Jean-Robert
Deum et son épouse Marie-Élisabeth Maillot. Cette
dernière décède le 2 avril 1815. Cet
acte nous apprend que :
- Marie-Élisabeth
était née vers 1760 à Corbon, commune de
St-Morel, aujourd'hui située dans le département
français des Ardennes,
- son mari,
Jean-Robert, est meunier.
Jean-Robert
Deum ne porte pas bien longtemps le deuil puisqu'il épouse
Anne Martin de Torgny le 22 août 1815 ! L'acte de mariage
précise que :
- Jean-Robert
est né le 10 novembre 1773 à Mellier, département
des Forêts,
- Jean-Robert
est le fils de feu Hubert Deum, mort le 15 avril 1778, et de
feue Jeanne Arnould, décédée le 18 mai
1808, "décédés l'un et l'autre
au Mellier, mairie de Léglise".
En tentant
d'établir la filiation de Jean-Robert Deum, nous découvrons
plusieurs erreurs. De plus, nous jouons de malchance. Impossible
en effet de trouver :
- La naissance
de Jean-Robert, ni à Mellier, ni ailleurs... À
ce moment là, à Mellier, il y a bien Englebert
Déome et Marie-Jeanne Pierrard et leurs trois enfants
: Jean-Joseph, Marguerite et Englebert respectivement nés
en 1772, 1776 et 1780 et dont les destins nous sont parfaitement
connus.
- Les décès
de Hubert Deum et Jeanne Arnould. Signalons qu'Englebert Déome
meurt le 18 mars 1780 et Marie-Jeanne Pierrard le 9 mai 1809.
- La naissance
de Marie-Élisabeth Maillot à Corbon et éventuellement
le mariage Deum - Maillot à St-Morel, pour la simple
raison que les registres de cette commune ont été
détruits en 1838 !
L'affaire
classée sans suite, va cependant rebondir à la découverte
du mariage, célébré le 12 mars 1831 à
Paris, entre Jean-Baptiste Gédéon Deum et Victoire
Augustine Jonet. Le marié est en effet le fils de Jean-Robert
Deum et de Marie-Élisabeth Maillot ! Hélas ! Les
archives de Paris ont presque totalement disparu au cours de l'incendie
de l'hôtel de ville le 24 mai 1871. Les actes d'état
civil ont été reconstitués à partir
des registres paroissiaux dont nous avons déjà souligné
le manque de précision. De fait, l'acte rédigé
par le curé de la paroisse St François ne donne
ni la date, ni le lieu de naissance des jeunes époux.
Jean-Baptiste
Gédéon Deum qui est cocher, et Victoire Augustine
Jonet auront quatre enfants dont Adolphe qui décède
à Paris en 1856. Nous ne retrouverons plus la trace des
cinq autres membres de cette famille...
La situation
est donc, de nouveau, bloquée. Définitivement, sans
doute !
Et pourtant,
le "Rolle des aides imposé au ban de Mellier par
mendement du 15 mars 1780" révèle la présence à
Mellier d'un Hubert Deome possédant deux jours et 80 verges de
terres labourables, 60 verges de prairie, 59 verges de jardin,
une maison de troisième classe, deux chevaux, une bête
à cornes, et un "porcq". Il emploie aussi
un manuvre. Hubert doit verser 3 écus, 15 escalins
et 4 sols et demi d'impôt. Le problème est que nous
ne connaissons pas de Hubert Deome à cette époque.
Précisons encore que cet Hubert est le seul "Deum"
de Mellier figurant sur cet inventaire de 1780.
L'année
suivante, le 3 avril 1781, le même état stipule que
la veuve d'Englebert Deome paie 5 escalins et 6 sols d'impôt.
Par contre, il n'est plus question de Hubert Deome !
Alors si
Hubert et Englebert étaient la même personne ? Rappelons
qu'Englebert, le mari de Marie-Jeanne Pierrard, est décédé
le 18 mars 1780.
Mais alors,
l'acte de mariage de Torgny du 22 août 1815 est truffé
de fautes ! Si on peut admettre des erreurs au niveau des dates,
si on peut penser qu'Englebert était usuellement appelé
Hubert, il est beaucoup plus difficile de comprendre comment Marie-Jeanne
Pierrard puisse devenir Jeanne Arnould ! Le baptême de Marie-Jeanne
Pierrard célébré le 10 avril 1746 à
Léglise va cependant nous livrer un détail qui est,
sans aucun doute, la clef de cet imbroglio. L'acte précise
évidemment l'identité des parents de l'enfant :
Madeleine Lemaire et Arnould Pierrard ! ... Marie-Jeanne Pierrard,
fille d'Arnould Pierrard, était probablement appelée
Jeanne Arnould, c'est à dire Jeanne, fille d'Arnould (Pierrard)...
Comme une certaine Catherine Grandjean était devenue Catherine
Robert parce que son papa s'appelait Robert Grandjean !
Ces quelques
exemples montrent que la transition entre les registres paroissiaux
et l'état civil est parfois difficile. Et au 19ème
siècle, les noms de famille subissent encore de fréquentes
modifications, dans les campagnes surtout où on ne trouve
pas toujours les gens suffisamment qualifiés pour rédiger
les actes.
Nous avons
déjà eu l'occasion de parler des Déom devenus
Déon à Niederstinzel entre 1800 et 1830. Voici d'autres
exemples.
Catherine,
née Déome le 2 février 1786 à Thibessart,
devient une habitante de Tattert sur la frontière luxembourgeoise
après son mariage avec Nicolas Ambroise. Catherine est
maman en 1813, 1815 et 1817. Son nom est alors successivement
orthographié Déome, Dion et enfin Deum !
À Ste-Marie (Étalle), Sidonie Déom, devenue
madame Joseph Laguerre, est une Deum puis une Déome et
enfin une Déom à l'occasion de la naissance de trois
de ses enfants en 1874, 1877 et 1879.
La palme
revient cependant à Nicolas qui est :
- Déom
à sa naissance en 1742 à Gennevaux,
- Déome
à son mariage avec Marie-Madeleine Colin en 1785 à
Maizières-la-Grande-Paroisse,
- Deum aux
naissances de ses enfants Thérèse en 1786 et Mathieu
en 1790 à Bar-sur-Seine et des jumelles Amable et Cécile
en 1797 à Maizières-la-Grande-Paroisse,
- Dehomme
à la naissance de son fils Jacques en 1788 à Bar-sur-Seine,
- Déon
aux naissances de son fils Nicolas en 1794 et de sa fille Anne-Sophie
en 1795 à Maizières-la-Grande-Paroisse,
- Déom
à sa mort en 1801 à Maizières-la-Grande-Paroisse
!
On voit donc
que l'orthographe très flottante des curés qui ont
tenu les registres paroissiaux de l'Ancien Régime a parfois
trouvé un prolongement dans les mairies du 19ème
siècle. À cette époque, les actes d'état
civil se singularisent aussi trop souvent par d'importants oublis
et il arrive même que les indications fournies soient fausses.
On constate cependant une amélioration progressive et au
20ème siècle, les registres sont enfin
traités avec beaucoup plus de minutie.
L'acte de
décès de Marie-Thérèse Déom,
rédigé le 18 juin 1959 par le maire de Montmorency
(Val d'Oise), montre pourtant encore d'inquiétantes lacunes
:
Avec l'apparition de l'informatique et des méthodes modernes
de communication dans toutes les administrations, les erreurs
et les lacunes sont de plus en plus rares et l'orthographe des
noms de famille s'est enfin définitivement fixée,
parfois un peu par hasard sur une forme plutôt que sur une
autre !
Le
Code Civil réglemente, à partir de 1792, la rédaction
et la conservation des actes : nous avons enfin des renseignements
plus précis non seulement sur l'identité des comparants,
mais également sur leurs occupations professionnelles.
Ce n'est vraiment pas une surprise de constater que nos aïeux
du début du 19ème siècle sont
paysans pour la plupart. Quelques-uns ont toutefois acquis d'autres
spécialités. C'est ainsi que :
- Louis
Déom et ses fils, Jean-Joseph et Pierre-Joseph, sont
maçons à Suxy,
- Jean-François
Déom est huilier à Virton,
- Jean-Henri
Déom est brasseur à Bellefontaine,
- Jean Déome
est maçon à Thibessart et
- Joseph
Deom est "saltuarii" à Dudeldorf en Allemagne.
Par
la suite, nous verrons aussi que plusieurs garçons de notre
famille ont été enrôlés dans les armées
napoléoniennes parties à la conquête de l'Europe...
Au cours
de ces deux derniers siècles, 1 352 professions ont
été exercées à notre connaissance,
par environ 1 000 personnes nées "Deum",
certaines ayant eu plusieurs professions au cours de leur carrière.
Afin de pouvoir nous rendre compte comment ont évolué
ces professions dans notre famille, nous avons classé les
182 différentes activités recensées en 6
catégories selon des caractéristiques définies
par le tableau suivant. Il faut cependant bien préciser
que :
- Les critères
retenus sont, de toute manière, discutables,
- Les professions
ont été retenues au vu des actes d'état
civil que nous avons pu consulter,
- De nombreuses
professions ont forcément échappé à
ce comptage.
Cette étude
est donc faite avec toutes les réserves qui s'imposent.
Nomenclature des professions et catégories socio - professionnelles
1.Cultivateurs |
Cultivateurs,
ouvriers agricoles, bergers, jardiniers, vignerons. |
2.
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise |
Artisans,
ouvriers qualifiés du type artisanal, commerçants,
chefs d'entreprise. |
3.
Cadres et professions intellectuelles supérieures |
Professions
libérales, cadres de la fonction publique, professeurs,
professions scientifiques, de l'information, des arts et des
spectacles, cadres administratifs et commerciaux d'entreprise,
ingénieurs et cadres techniques d'entreprise. |
4.
Professions intermédiaires |
Professions
intermédiaires de la santé et du travail social,
clergé et religieux, professions intermédiaires
administratives de la fonction publique, professions intermédiaires
administratives et commerciales des entreprises, techniciens,
contremaîtres, agents de maîtrise. |
5.
Employés |
Employés
civils et agents de service de la fonction publique, policiers
et militaires, employés administratifs d'entreprise,
employés de commerce, personnels de services directs
aux particuliers. |
6.
Ouvriers |
Ouvriers
qualifiés de type industriel, chauffeurs, ouvriers
qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport,
ouvriers non qualifiés du type industriel. |
Appliqué
à notre famille, on obtient le tableau suivant :
Par
exemple, 72 emplois de catégorie 5 ont donc été
relevés entre 1900 et 1950.
Comme la
population "Deum" est en augmentation constante depuis
1800, ces chiffres n'ont pas beaucoup de signification. Pour pouvoir
les rendre comparables, nous les avons réduits à
une "échelle" commune : le pourcentage. On obtient
alors :
On
lit ici : sur 100 métiers recensés entre 1900 et
1950 on dénombre 29,12 professions de
catégorie 6.
Avec ces données on obtient le graphique suivant :
Évolution
des professions entre 1800 et l'an 2000
Quelques
remarques :
- La chute
du nombre des professions agricoles était attendue...
avant que ne soient réalisés ces bilans !
- Le nombre
des ouvriers est relativement stable. Par contre les professions
intermédiaires, les cadres et les professions intellectuelles
et surtout le monde des employés sont en hausse particulièrement
depuis 1950.
Notons encore
que dans certaines familles les métiers vont se transmettre
de père en fils et deviennent de véritables institutions.
On trouve ainsi :
- les fabricants
de bas de Maizières-la-Grande-Paroisse dans l'Aube au
19ème siècle,
- les tailleurs
d'habits de Binche à partir de 1850,
- les tisseurs
de Vendresse durant la seconde moitié du 19ème
siècle,
- les marchands
de chevaux de Biourge de 1850 à 1914,
- les sabotiers
d'Halma après 1880,
- les militaires
de carrière originaires de Séviscourt,
- les "houilleurs"
de Charleroi à partir 1870,
- les électriciens
de Namur depuis 1930.
Pourrons-nous
bientôt ajouter les docteurs de Longwy à cette liste
?
Parmi les nombreuses professions trouvées, nous n'avons
découvert que quatre prêtres, un frère et
huit religieuses dont Cécile actuellement sur missionnaire
en Équateur où elle s'occupe particulièrement
des enfants pauvres alors que Catherine, Sur Anne De Jésus,
née à Virton en 1836, passa sa vie en Algérie
principalement à Bône où elle enseigna dans
un pensionnat de la ville, avant de s'éteindre le 6 juin
1911.
|
La chapelle Déom à Harzy
Elle fut construite par les Déom de Harzy (près
de Bastogne) à la fin du 19ème
siècle et fut consacrée à Notre Dame
de Lourdes.
Placée au croisement de deux routes devenues trop
étroites, elle fut démolie afin de permettre
le passage des autobus.
|
Le seul "Deum"
devenu prêtre sous l'Ancien Régime est Pierre Déom
né à Nivelet et baptisé le 13 mars 1720 à
Léglise. À cette époque, le futur prêtre
devait justifier de revenus décents afin d'être admis
à l'ordination. Sa famille, ses amis ou toute personne
désirant faire une bonne et pieuse action, s'unissaient
afin de constituer un patrimoine lui offrant cette garantie. Celui
de Pierre Déom est constitué en 1747 par un acte
passé pardevant la justice du ban de Mellier.
Le sieur d'Orsinfaing, écuyer demeurant à Wittimont,
cède plusieurs prés rapportant seize "charrées"
de foin par an valant 40 écus. Nicolas Rollin et Anne Deome,
sa femme, de Nivelet cèdent deux prés produisant
deux "charrées" de foin valant cinq écus
et Gilles Deome, "jeune homme majeur d'âge" également de Nivelet, offre deux prés
produisant annuellement trois "charrées"
de foin valant 7 écus et 28 sols. Le patrimoine est donc
estimé à 21 "charrées" de
foin valant 52 écus et 28 sols "argent de Luxembourg".
"Lesquels prez ici cédés et abandonnés,
ledit Pierre Deome jouisse sa vie naturelle ou du moins jusqu'à
ce qu'il sera pourvu d'un autre titre suffisant et inamovible
dez qu'il sera promis aux ordres sacrés étant les
dits prez libres et exempts de toute charge réelles et
hypothèques, cens et rentes et rapportans annuellement
les charrées de foin ci-devant énoncées selon
le rapport et estimation qu'en ont fait sur leur conscience et
bonne foi Jean Dehotte de Wittimont et Jean Olivier de La Vaux
experts ici pareillement comparans qui pour marque de leur juste
rapport et estimation se sont constitués pleige et caution envers l'aspirant pour lui faire
suivre le revenu annuel ci-repris..."
Nous retrouvons
"Sire Déom" vicaire de Warmifontaine en
1752, puis à Mexy, annexe de Herserange,
en 1771. Là, Pierre-Joseph (?) Déom
va connaître la tourmente provoquée par la Révolution
française de 1789. Toute l'organisation ecclésiastique
est détruite. La Constitution civile du clergé est
décrétée le 12 juillet 1790 et les "fonctionnaires
ecclésiastiques" doivent prêter serment.
Pierre-Joseph Déom choisit son camp et prête serment
le 20 février 1791. À la fin de la même année,
infirme et presque aveugle, il est admis à la retraite.
L'administration lui concède comme pension les deux tiers
de son traitement de vicaire à condition de résider
en France. Le 1er novembre 1792, il prête le
serment de liberté et d'égalité et se retire
à Longwy où il meurt le 30 janvier 1797.
Par ailleurs,
Cyrille né le 29 avril 1890 à Attert, Félix
né le 21 octobre 1917 à Anlier et Georges, né
le 7 février 1920 à Habay-la-Vieille, furent également
prêtres. Après avoir été professeur
à Malmédy, Cyrille fut curé de Barnich puis
aumônier à Arlon. Félix fut curé de
Vlessart et de Marbehan et Georges, après avoir été
vicaire à Arlon, fut curé d'Anlier de 1952 à
1989 !
Notons encore
que Marie-Catherine Déom, décédée
à Louftémont le 28 juin 1844 à l'âge
de 91 ans, avait été la servante du curé
d'Anlier durant 56 ans !
Jean-François
Déom, né le 16 avril 1761 à Cousteumont,
semblait bien avoir aussi la vocation puisque après avoir
fait ses "Humanités" au collège
des récollets à Virton il devait aller "en
philosophie" à Louvain probablement :
"... est personnellement comparu Jean-François
Déome jeune homme de Cousteumont estudiant alant entrer
en philosophie après l'étude des humanités
qu'il a passé à Virton, il nous a déclaré
d'avoir vendu .... à Nicolas Deome son frère ...".
Cet acte est rédigé le 4 janvier 1786 et le 10 janvier
de la même année notre Jean-François convolait
en justes noces à Virton avec Gérardine Gillet !
...
Jacques-Joseph
Déom de Nivelet est sans aucun doute celui qui, le premier,
va permettre à notre nom de sortir de l'anonymat. Nous
en avons déjà parlé puisqu'il fut échevin
de la justice du ban de Mellier à partir de 1785. Jacques-Joseph
devient maire de Les-Fossés à la création
de la commune en 1797, et le restera jusqu'à sa démission
en 1817. Il adresse alors la lettre, ci-dessous, à Monsieur
le Sous-Intendant Royal de l'arrondissement de Neufchâteau :
"Mon
grand âge m'ôtant la faculté de m'occuper des
affaires de la Mairie dont je suis chargé depuis près
de vingt ans, je vous prie d'agréer ma démission.
Je joins à la présente, une liste de présentation
de candidats pour me remplacer.
J'ai l'honneur
de vous saluer"
Signé
: Jacques-Joseph Deom
La lettre
est complétée par un tableau présentant les
trois candidats à la succession. L'un d'eux est Jean-Baptiste
Déome, un garçon célibataire âgé
de 25 ans. C'est le fils du maire démissionnaire. Jacques-Joseph
précise la "fortune personnelle évaluée
en revenus" de chaque candidat : 2000 (florins) pour
Jean-Baptiste, 100 et 500 pour Louis Absaint et Jean Cornerotte
les deux autres prétendants... Le courrier se termine par
:
Le gouverneur du Grand-Duché de Luxembourg nomme bien entendu,
"Jean Baptiste Deom, propriétaire à Nivelet",
maire de la commune de Les-Fossés par courrier n°1062-1817
du 6 mai 1817.
Et pourtant, c'est Jacques-Joseph Déom, le père,
qui continuera à remplir les fonctions de maire, officier
de l'état civil, de Les-Fossés jusqu'à la
disparition de la commune à la suite de son rattachement
à la commune voisine d'Assenois en octobre 1823 ! Mystère...
Jean-Baptiste Déome épouse Marie-Antoinette Petit
de Grandvoir en 1817. Leurs descendants sont directeur des contributions,
directeur au ministère des affaires économiques
ou encore juge de paix, docteur, colonel ou ingénieur...
Un de leurs fils, Jean-Philippe Jules Déome, un jeune avocat,
entre en 1863 au conseil communal de Neufchâteau. Il y siège
jusqu'à sa mort le 19 septembre 1913. Échevin depuis
le 17 décembre 1866, il devient bourgmestre le 31 décembre
1903 et le reste jusqu'en 1913.
Élu dans le canton de St-Hubert puis dans celui de Neufchâteau,
Jules Déome siège également au Conseil Provincial
du Luxembourg de 1862 à 1872, puis de 1882 à 1885
et de 1887 à 1889. Il est même vice-président
du Conseil Provincial en 1884, 1885 et 1887 .
Jules Déome
qui ne laisse pas de descendance, était un homme charmant,
affable et très habile avocat et
"Ce qui
distingua cet homme doué d'un corps robuste, d'une santé
de fer, d'une intelligence, d'une force de travail et d'une mémoire
extraordinaires, ce furent ses talents d'avocat et de praticien
particulièrement au courant des choses de la procédure".
Si les membres
de notre famille ne semblent pas très attirés par
la fonction élective, il faut tout de même encore
noter que :
- Henri-Joseph
Déom est "maïeur" de Vesqueville
de 1796 à 1808,
- Jean-Joseph
Déom est bourgmestre d'Orgeo de 1848 à 1854 et
son fils,
- Jacques-Joseph
lui succède de 1865 à 1872,
- Émilien
Déom est bourgmestre d'Anlier de 1933 à 1938,
- Marcel
Déom est bourgmestre de Bois-d'Haine de 1975 à
1976, puis de Manage de 1986 à 1988.
- Roland
Déom, jeune professeur de 40 ans, semble promis à
un bel avenir. N'est-il pas conseiller communal de Libramont
depuis le 1er janvier 1989 et conseiller provincial
du Luxembourg depuis le 1er janvier 1992 ?
Un Québécois, descendant
de François-Xavier Déom de Virton, André
Déom (1929 - 1993), fait une brillante carrière
tant professionnelle que politique. Élu député
de Laporte à l'Assemblée Nationale de 1973
à 1977, André devient même sous-ministre
canadien du travail du gouvernement Trudeau entre 1980 et
1983 !
|
|
Mais
un autre Montréalais, Cornélius Déom avait
déjà fait la renommée de notre famille en
créant, avec son frère, Jules Avila, la librairie
Déom à la fin du 19ème siècle.
À ses débuts et afin d'arrondir son chiffre d'affaires,
Cornélius vend parfois aux écoliers des cahiers
et des... pétards ! Un jour, il demande à ses fils
de distribuer, dans la rue, toutes ces "bébelles"
[259]
aux enfants. On parla longtemps de cet
événement dans le quartier. Déjà Cornélius
éditait des romans de petit format dans une collection
appelée "La Bonne Littérature"
et lorsqu'il emménage rue St Denis, tout à côté
de l'université, sa librairie devient la plus belle et
la plus connue de tout Montréal ! Innovateur dans bien
des domaines, notre libraire fait la promotion du livre français
et organise deux expositions internationales du livre à
Montréal.
Voici
deux extraits de journaux concernant Cornélius Déom
:
"...
Les familiers, avocats, juges, poètes, industriels,
marchands, se réunissaient chez Déom qui trônait...
Quelqu'un lisait à haute voix. Alors on discutait sur l'uvre,
sur l'auteur... On ne buvait pas mais on fumait la pipe ou le
cigare."
[260]
"La
Librairie Déom dirige le goût des liseurs, elle oriente
les débutants, favorise le développement intellectuel
par le choix des lectures qu'elle provoque et des auteurs qu'elle
recommande. Elle est devenue un centre où se réunit
une élite qui devient de plus en plus nombreuse."
[261]
|
Né
le 30 juin 1863 à Montréal, Cornélius
Déom y décède le 28 février
1946.
Il était le fils de François-Xavier Déom,
né le 8 février 1833 à Virton, et
d'Anne Lorge, née le 3 janvier 1841 à Bruxelles.
|
Édouard
Saint Onge et Jean Brizard qui avaient respectivement épousé
Juliette Déom, une des filles de Cornélius, en 1929,
et Jeanne Déom, une des petites-filles de ce même
Cornélius, en 1944, sont les administrateurs de la librairie
jusqu'en 1965. C'est donc sous leur coupe que la librairie Déom
édite plusieurs livres. Parmi ceux-ci, "Tuez le
traducteur" de Léa Pétrin et "Vacheries"
de Louis Landry obtiennent le "Grand Prix de l'Humour
Canadien, Cornélius Déom" en 1961 et 1962.
Si vous vous rendez un jour à Montréal, n'oubliez
surtout pas d'aller en pèlerinage dans l'avenue Déom
devenue une impasse depuis certains aménagements urbains
! Vous connaîtrez alors un moment d'émotion et vous
ne regretterez pas le déplacement.
L'avenue Déom a été inaugurée le
19 janvier 1927
Plus
près de nous, mais toujours dans la même famille
canadienne, le docteur Pierre Paul Déom (1932-1996), un
frère d'André dont nous venons de parler, a donné
son nom à un édifice du Centre hospitalier régional
du Suroît à Salaberry-de-Valleyfield. Cet édifice,
abritant les locaux du Centre de jour pour adultes, réadaptation
psychiatrique, porte depuis le 12 mai 1997 le nom de "Édifice
Pierre Déom", "afin de souligner la grande
contribution du regretté docteur Déom au développement
du secteur externe de la psychiatrie de 1960 à 1972."
[263]
Quelques
autres cousins sont actuellement connus pour leurs activités
et leurs réussites sociales :
- André
Déom, né en 1932 à Recogne, est forgeron
chez un patron à Neuvillers jusqu'en 1950. Employé
ensuite dans une entreprise spécialisée dans la
réparation du matériel agricole, il y devient
chef d'atelier. En 1961, André avec l'aide précieuse
de son épouse, fonde sa propre entreprise de réparation
de machines agricoles à Libin. Trente années plus
tard, secondé maintenant par ses quatre enfants, il fait
travailler quelque 130 personnes dans ses ateliers de Libin,
de Libramont, de Heist-op-den-Berg dans les Flandres et de Moulins
et Épernay dans les départements de l'Allier et
de la Marne en France. À la construction de remorques
et semi-remorques, s'ajoutent la fabrication de bennes pour
poids lourds et de carrosseries spécifiques pour le transport
du bois ainsi que de poêles et de chaudières à
bois "Déom Turbo". La société
assure aussi l'importation de grues de manutention et le montage
de ces engins sur les remorques
[264]
.
- À
Nivelet, dans une localité que nous connaissons bien,
se trouve "Traction-Sud". Lorsque vous descendez
par la "E 411" vers Arlon, vous apercevez à
votre droite, un immense parc rempli de véhicules tout
terrain.
Yves Déome a installé son entreprise sur un vaste
domaine appartenant à sa famille depuis le début
du 17ème siècle. "Traction-Sud"
achète, depuis plus de vingt cinq ans, des véhicules
d'occasion provenant essentiellement de l'armée. Après
avoir été "reconditionnés"
par adaptation de structures spéciales, les véhicules
sont revendus. L'entreprise exporte environ 20% de son matériel.
Depuis 1988 Yves Déome, à présent secondé
par son fils Bernard, a ajouté un second créneau
à ses activités en vendant également des
véhicules neufs.
- Pierre
Déom, un jeune instituteur français de Boult-aux-Bois
dans les Ardennes, abandonne son métier en 1972 et crée
une revue : "la Hulotte"
[265]
. Véritable encyclopédie
de la nature "la Hulotte" paraît environ
deux fois par an.
"Pierre Déom est un fin naturaliste, jamais pris
en défaut sur le plan scientifique, connaisseur de tout
ce qui se passe dans la nature. Il sait présenter les
animaux et les plantes de la manière la plus directe,
avec un humour et une drôlerie sans pareils. Depuis des
années, il édite une revue sans égale dans
le monde, la Hulotte. Sa lecture est un régal,"
[266]
- Bernard
Déom, ingénieur des Eaux et Forêts, a été
nommé régisseur du domaine de la Donation Royale
d'Ardenne à Ciergnon en 1994.
Le domaine comprend 6 000 ha de bois et 1 500 ha de
plaines, onze fermes, quatre châteaux et des bâtiments
administratifs où travaillent dix agents techniques des
Eaux et Forêts et une vingtaine d'ouvriers.
Nous n'oublierons
pas de dire deux mots sur un autre personnage créé
de toutes pièces mais néanmoins très connu
dans toute la Wallonie : T. Déome !
Le conteur Arthur Masson (1896-1970) a laissé une uvre
dans laquelle il raconte avec bonté, humour, tendresse
et simplicité des situations cocasses qui émerveillèrent
ses nombreux lecteurs wallons du temps où la télévision
n'avait pas encore accaparé son monde. C'est pourtant un
grand plaisir de retrouver Toine Culot le maïeur obèse
de Trignolles et son cousin Théophile Déome, gros
homme sensible, malin et farceur qui est tout à la fois
secrétaire communal, marchand de graines et chantre
[267]
. Théophile Déome signe
: T. Déome. C'est pourquoi tout le monde l'appelait T.
Déome...
|
"Théophile Déome, surnommé
'T. Déome', un madré de
l'espèce des gros, qui jouait secrétaire communal
et vendait des graines."
|
Dans le calendrier républicain. Cela
correspond au 11 avril 1800.
C'est à dire le 27 mai 1801.
En Gaume (Belgique).
Le 26 novembre 1804 à Chassepierre,
près de Florenville. De Termes à Chassepierre
il y a environ 20 km.
Le meunier louait son moulin par un bail dont
la durée et le prix étaient très variables.
Les meuniers déménageaient souvent et leur filiation
est généralement très difficile à
établir.
Ce département crée par Napoléon
avait Luxembourg comme préfecture. Il s'étendait
de Paliseul à Dudeldorf à l'est de Bitburg en
Allemagne, et de Houffalize à Remich. Voir carte page
287.
A. E. Arlon : "uvres de loi"
de Mellier n°1604-1605.
N'attachez surtout aucune importance à
l'orthographe.
Voir
page 48. Le baptême de Jean-Robert n'a donc pas été
consigné dans les registres de Léglise
si
notre raisonnement est exact.
Fabricant d'huile. À l'automne, les
villageois allaient ramasser les faines tombées des hêtres.
Après les avoir nettoyées et séchées
ils les vendaient à l'huilier qui en extrayait une huile
alimentaire de très bonne qualité.
Évêché de Trèves
: "Orenhoven, KB2". Saltuarius : garde forestier
en latin.
A. E. Arlon : "uvres de loi"
de Mellier n°1566, page 11 du 15.5.1747.
Anne et Gilles sont des cousins germains d'Englebert,
le père de Pierre Déom.
Gilles Déom, né le 10.3.1711
à Nivelet, s'est marié le 26.5.1749 à Tintigny.
À titre comparatif, Nicolas Deum de
Gennevaux achète deux chevaux à une vente aux
enchères pour la somme de 55 écus et 14 sols.
(A. E. Arlon : " uvres de loi" de Mellier n°1567,
page 38 du 17.4.1752).
Garant.
A. E. Arlon : "Justices Subalternes"
de Neufchâteau n°1984 du 23.12.1752.
A. D. Moselle (Metz) : "BH 4118",
P. Lesprand : "Le Clergé de la Moselle pendant la
Révolution", tome III, pages 217 et 226. Mexy se
trouve près de Longwy (Meurthe-et-Moselle).
Deux groupes à peu près égaux
se forment : les assermentés ou jureurs et les réfractaires.
A. D. Moselle (Metz) : "18 J 254".
A. E. Arlon : "Justices Subalternes"
de Neufchâteau n°1954, pages 276 et 277 du 4.1.1786.
A. E. Arlon : "Régime hollandais,
autorisations communales des Fossés". Rappelons
que la Belgique était une province du royaume des Pays-Bas
entre 1815 et 1830.
C'est donc à cette époque que
les "Deum" de Nivelet ont commencé à
devenir des Déome...
A. E. Arlon : "Régime hollandais,
autorisations communales des Fossés".
"Cercle - Terre de Neufchâteau,
Biographies Chestrolaises". Article de Pierre Hannick.
Annales de l'Institut Archéologique
du Luxembourg, tome 48 (1913).
[259]
Au Québec : vétilles, bagatelles, joujoux..
[260]
"Le Petit Journal" de Montréal,
semaine du 6 juin 1965.
[261]
"La Revue Moderne" de Montréal
du 15 janvier 1921.
Cette voie portait jusqu'alors le nom de "Avenue
Ellerslie".
[263]
"Le Soleil", hebdomadaire
de Valleyfield du 7 juin 1997.
[264]
"Tendances" du 22.10.1998
annonce un chiffre d'affaires de 780 millions de francs belges
(près de 20 millions d'euros).
[265]
170 000 abonnés répartis
dans 40 pays.
[266]
De Jean Dorst de l'Académie des Sciences,
Directeur du Muséum National d'Histoire Naturelle de
France.
[267]
Tiens, tiens...
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