A partir de 1792, le service de l'état civil est, on l'a déjà dit, confié aux maires des communes. Le relais est pris dans des conditions souvent difficiles, surtout dans les villages où peu de gens savent lire et écrire. Mais il faut bien apprendre... Les curés continuent bien évidemment à tenir les registres paroissiaux à jour mais l'acte officiel est maintenant celui qui a été établi à la mairie.
À présent nos aïeux doivent d'abord se rendre à l'administration municipale pour y faire enregistrer naissances, mariages et décès avant d'aller faire baptiser, marier et enterrer leurs proches à l'église. On oublie parfois d'aller déclarer un décès comme celui de Jeanne Deum survenu à Ventzviller le 21 germinal de l'an 8 [233] de la République . Nicolas Jacques, secrétaire de la mairie de Sarralbe, est nommé le 7 prairial an 9 [234] par le sous-préfet du 4ème arrondissement du département de la Moselle pour aller enquêter sur place. Le décès est officialisé : la défunte, cultivatrice âgée de 80 ans, était veuve de Nicolas Valter et était la fille de François Deum et de Catherine "Gochebien". Si le nom de son défunt époux et si son âge sont des renseignements parfaitement exacts, François Deum et Catherine Sagebien sont, par contre, les grands-parents de Jeanne !
Si les prêtres commettaient de nombreuses erreurs, la nouvelle administration ne fait donc pas mieux ! On assiste même à des situations parfois cocasses.

Voici l'histoire des Jacoby devenus des Dauby...

Mathieu Jacoby se marie à Tintigny en 1768. Son épouse, Anne-Joseph Nicolas, lui donne plusieurs enfants dont Jean-Baptiste Jacoby, né en 1776 à Termes [235] . Jean-Baptiste unit à son tour son destin à celui de Catherine Santé le 5 frimaire de l'an 13 à Chassepierre [236] . Sur l'acte de mariage, le marié est un certain Jean-Baptiste... Dauby, fils de Mathieu Auby, décédé à Termes le 3 mars 1780 ! En fait, l'acte de décès établi par le curé de Termes mentionne : "Mathieu Jacques AUBI".
Mathieu JacOBY s'est donc transformé en Mathieu Jacques AUBI. Il est vrai que phonétiquement...
Oui mais, pourquoi à Chassepierre a-t-on transformé Auby en Dauby ? Pour un motif très simple : le patronyme Dauby est bien connu dans la région, mais pas Auby ! Près de Bouillon, en effet, se trouve un petit village nommé Auby. Un jour, un habitant de ce village, peut-être prénommé Joseph, va habiter dans une paroisse voisine. Là, il va tout naturellement être désigné comme étant Joseph d'Auby et finira par devenir Joseph Dauby !
Mais nous aurons l'occasion de reparler des Dauby...

Vous souvenez-vous de Nicolas Deum qui vient à Niederstinzel épouser Marie-Anne Reeb en 1789 ? Nicolas reconnaît alors le petit Charles Sylvain Reeb que Marie-Anne avait eu cinq ans auparavant. Charles avait enfin un papa !
À partir de ce moment-là on ne trouve plus la trace de ce garçon qui porte pourtant notre nom. Était-il tombé au cours d'une des trop nombreuses batailles menées par son empereur ? Au Fort de Vincennes sont stockées les archives de l'armée. On y trouve les dossiers concernant les recrues françaises et même belges et luxembourgeoises. Il n'y a rien cependant concernant Charles Déom !

Quelle ne fut pas notre surprise de relever, le 9 janvier 1813 à Niederstinzel, le mariage de Charles Reb, fils de Marie-Anne Reb, avec Salomé Baumgarten ! Jean Déom, "frère du marié", est témoin... Le maire de Niederstinzel a donc simplement et seulement repris les indications données par l'acte de baptême du marié.
Les actes de naissance des quatre enfants de Charles et Salomé sont tous rédigés au nom de Reb. Tout laisse cependant croire que le dit Charles Reeb, devenu officiellement Déom le jour du mariage de sa mère, se faisait appeler Déom. Quand Salomé Baumgarten décède le 2 décembre 1835, elle est l'épouse de Charles Déom... Par ailleurs, il est question de Charles dans de nombreux actes notariés. Et les différents notaires de Fénétrange l'ont toujours désigné sous le patronyme Déom !
La famille n'a, sans doute, jamais fait valoir les clauses contenues dans l'acte de mariage Deum - Reeb de 1789. C'est ainsi que de nos jours, il y a certainement quelque part des Reb qui en fait devraient s'appeler Déom...

Parfois les recherches nous mènent dans des impasses d'où il est difficile, voire impossible de sortir.
Nous voici à Torgny, le village le plus méridional de Belgique, à quelques centaines de mètres de la frontière française ! Vers 1810 arrivent Jean-Robert Deum et son épouse Marie-Élisabeth Maillot. Cette dernière décède le 2 avril 1815.
Cet acte nous apprend que :

  • Marie-Élisabeth était née vers 1760 à Corbon, commune de St-Morel, aujourd'hui située dans le département français des Ardennes,

  • son mari, Jean-Robert, est meunier [237] .

Jean-Robert Deum ne porte pas bien longtemps le deuil puisqu'il épouse Anne Martin de Torgny le 22 août 1815 ! L'acte de mariage précise que :

  1. Jean-Robert est né le 10 novembre 1773 à Mellier, département des Forêts [238] ,

  2. Jean-Robert est le fils de feu Hubert Deum, mort le 15 avril 1778, et de feue Jeanne Arnould, décédée le 18 mai 1808, "décédés l'un et l'autre au Mellier, mairie de Léglise".

En tentant d'établir la filiation de Jean-Robert Deum, nous découvrons plusieurs erreurs. De plus, nous jouons de malchance. Impossible en effet de trouver :

  1. La naissance de Jean-Robert, ni à Mellier, ni ailleurs... À ce moment là, à Mellier, il y a bien Englebert Déome et Marie-Jeanne Pierrard et leurs trois enfants : Jean-Joseph, Marguerite et Englebert respectivement nés en 1772, 1776 et 1780 et dont les destins nous sont parfaitement connus.
  2. Les décès de Hubert Deum et Jeanne Arnould. Signalons qu'Englebert Déome meurt le 18 mars 1780 et Marie-Jeanne Pierrard le 9 mai 1809.
  3. La naissance de Marie-Élisabeth Maillot à Corbon et éventuellement le mariage Deum - Maillot à St-Morel, pour la simple raison que les registres de cette commune ont été détruits en 1838 !

L'affaire classée sans suite, va cependant rebondir à la découverte du mariage, célébré le 12 mars 1831 à Paris, entre Jean-Baptiste Gédéon Deum et Victoire Augustine Jonet. Le marié est en effet le fils de Jean-Robert Deum et de Marie-Élisabeth Maillot ! Hélas ! Les archives de Paris ont presque totalement disparu au cours de l'incendie de l'hôtel de ville le 24 mai 1871. Les actes d'état civil ont été reconstitués à partir des registres paroissiaux dont nous avons déjà souligné le manque de précision. De fait, l'acte rédigé par le curé de la paroisse St François ne donne ni la date, ni le lieu de naissance des jeunes époux.

Jean-Baptiste Gédéon Deum qui est cocher, et Victoire Augustine Jonet auront quatre enfants dont Adolphe qui décède à Paris en 1856. Nous ne retrouverons plus la trace des cinq autres membres de cette famille...

La situation est donc, de nouveau, bloquée. Définitivement, sans doute !

Et pourtant, le "Rolle des aides imposé au ban de Mellier par mendement du 15 mars 1780" [239] révèle la présence à Mellier d'un Hubert Deome [240] possédant deux jours et 80 verges de terres labourables, 60 verges de prairie, 59 verges de jardin, une maison de troisième classe, deux chevaux, une bête à cornes, et un "porcq". Il emploie aussi un manœuvre. Hubert doit verser 3 écus, 15 escalins et 4 sols et demi d'impôt. Le problème est que nous ne connaissons pas de Hubert Deome à cette époque.
Précisons encore que cet Hubert est le seul "Deum" de Mellier figurant sur cet inventaire de 1780.

L'année suivante, le 3 avril 1781, le même état stipule que la veuve d'Englebert Deome paie 5 escalins et 6 sols d'impôt. Par contre, il n'est plus question de Hubert Deome !

Alors si Hubert et Englebert étaient la même personne ? Rappelons qu'Englebert, le mari de Marie-Jeanne Pierrard, est décédé le 18 mars 1780.

Mais alors, l'acte de mariage de Torgny du 22 août 1815 est truffé de fautes ! Si on peut admettre des erreurs au niveau des dates, si on peut penser qu'Englebert était usuellement appelé Hubert, il est beaucoup plus difficile de comprendre comment Marie-Jeanne Pierrard puisse devenir Jeanne Arnould ! Le baptême de Marie-Jeanne Pierrard célébré le 10 avril 1746 à Léglise va cependant nous livrer un détail qui est, sans aucun doute, la clef de cet imbroglio. L'acte précise évidemment l'identité des parents de l'enfant : Madeleine Lemaire et Arnould Pierrard ! ... Marie-Jeanne Pierrard, fille d'Arnould Pierrard, était probablement appelée Jeanne Arnould, c'est à dire Jeanne, fille d'Arnould (Pierrard)... Comme une certaine Catherine Grandjean était devenue Catherine Robert parce que son papa s'appelait Robert Grandjean ! [241]

Ces quelques exemples montrent que la transition entre les registres paroissiaux et l'état civil est parfois difficile. Et au 19ème siècle, les noms de famille subissent encore de fréquentes modifications, dans les campagnes surtout où on ne trouve pas toujours les gens suffisamment qualifiés pour rédiger les actes.

Nous avons déjà eu l'occasion de parler des Déom devenus Déon à Niederstinzel entre 1800 et 1830. Voici d'autres exemples.

Catherine, née Déome le 2 février 1786 à Thibessart, devient une habitante de Tattert sur la frontière luxembourgeoise après son mariage avec Nicolas Ambroise. Catherine est maman en 1813, 1815 et 1817. Son nom est alors successivement orthographié Déome, Dion et enfin Deum !
À Ste-Marie (Étalle), Sidonie Déom, devenue madame Joseph Laguerre, est une Deum puis une Déome et enfin une Déom à l'occasion de la naissance de trois de ses enfants en 1874, 1877 et 1879.

La palme revient cependant à Nicolas qui est :

  1. Déom à sa naissance en 1742 à Gennevaux,
  2. Déome à son mariage avec Marie-Madeleine Colin en 1785 à Maizières-la-Grande-Paroisse,
  3. Deum aux naissances de ses enfants Thérèse en 1786 et Mathieu en 1790 à Bar-sur-Seine et des jumelles Amable et Cécile en 1797 à Maizières-la-Grande-Paroisse,
  4. Dehomme à la naissance de son fils Jacques en 1788 à Bar-sur-Seine,
  5. Déon aux naissances de son fils Nicolas en 1794 et de sa fille Anne-Sophie en 1795 à Maizières-la-Grande-Paroisse,
  6. Déom à sa mort en 1801 à Maizières-la-Grande-Paroisse !

On voit donc que l'orthographe très flottante des curés qui ont tenu les registres paroissiaux de l'Ancien Régime a parfois trouvé un prolongement dans les mairies du 19ème siècle. À cette époque, les actes d'état civil se singularisent aussi trop souvent par d'importants oublis et il arrive même que les indications fournies soient fausses. On constate cependant une amélioration progressive et au 20ème siècle, les registres sont enfin traités avec beaucoup plus de minutie.

L'acte de décès de Marie-Thérèse Déom, rédigé le 18 juin 1959 par le maire de Montmorency (Val d'Oise), montre pourtant encore d'inquiétantes lacunes :



Avec l'apparition de l'informatique et des méthodes modernes de communication dans toutes les administrations, les erreurs et les lacunes sont de plus en plus rares et l'orthographe des noms de famille s'est enfin définitivement fixée, parfois un peu par hasard sur une forme plutôt que sur une autre !

 

Le Code Civil réglemente, à partir de 1792, la rédaction et la conservation des actes : nous avons enfin des renseignements plus précis non seulement sur l'identité des comparants, mais également sur leurs occupations professionnelles. Ce n'est vraiment pas une surprise de constater que nos aïeux du début du 19ème siècle sont paysans pour la plupart. Quelques-uns ont toutefois acquis d'autres spécialités. C'est ainsi que :

  1. Louis Déom et ses fils, Jean-Joseph et Pierre-Joseph, sont maçons à Suxy,
  2. Jean-François Déom est huilier [242] à Virton,
  3. Jean-Henri Déom est brasseur à Bellefontaine,
  4. Jean Déome est maçon à Thibessart et
  5. Joseph Deom est "saltuarii" [243] à Dudeldorf en Allemagne.


Par la suite, nous verrons aussi que plusieurs garçons de notre famille ont été enrôlés dans les armées napoléoniennes parties à la conquête de l'Europe...

Au cours de ces deux derniers siècles, 1 352 professions ont été exercées à notre connaissance, par environ 1 000 personnes nées "Deum", certaines ayant eu plusieurs professions au cours de leur carrière. Afin de pouvoir nous rendre compte comment ont évolué ces professions dans notre famille, nous avons classé les 182 différentes activités recensées en 6 catégories selon des caractéristiques définies par le tableau suivant. Il faut cependant bien préciser que :

  • Les critères retenus sont, de toute manière, discutables,
  • Les professions ont été retenues au vu des actes d'état civil que nous avons pu consulter,
  • De nombreuses professions ont forcément échappé à ce comptage.

Cette étude est donc faite avec toutes les réserves qui s'imposent.


Nomenclature des professions et catégories socio - professionnelles

1.Cultivateurs Cultivateurs, ouvriers agricoles, bergers, jardiniers, vignerons.
2. Artisans, commerçants, chefs d'entreprise Artisans, ouvriers qualifiés du type artisanal, commerçants, chefs d'entreprise.
3. Cadres et professions intellectuelles supérieures Professions libérales, cadres de la fonction publique, professeurs, professions scientifiques, de l'information, des arts et des spectacles, cadres administratifs et commerciaux d'entreprise, ingénieurs et cadres techniques d'entreprise.
4. Professions intermédiaires Professions intermédiaires de la santé et du travail social, clergé et religieux, professions intermédiaires administratives de la fonction publique, professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises, techniciens, contremaîtres, agents de maîtrise.
5. Employés Employés civils et agents de service de la fonction publique, policiers et militaires, employés administratifs d'entreprise, employés de commerce, personnels de services directs aux particuliers.
6. Ouvriers Ouvriers qualifiés de type industriel, chauffeurs, ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport, ouvriers non qualifiés du type industriel.

 

Appliqué à notre famille, on obtient le tableau suivant :

Par exemple, 72 emplois de catégorie 5 ont donc été relevés entre 1900 et 1950.

Comme la population "Deum" est en augmentation constante depuis 1800, ces chiffres n'ont pas beaucoup de signification. Pour pouvoir les rendre comparables, nous les avons réduits à une "échelle" commune : le pourcentage. On obtient alors :

On lit ici : sur 100 métiers recensés entre 1900 et 1950 on dénombre 29,12 professions de
catégorie 6.


Avec ces données on obtient le graphique suivant :

Évolution des professions entre 1800 et l'an 2000

Quelques remarques :

  • La chute du nombre des professions agricoles était attendue... avant que ne soient réalisés ces bilans !
  • Le nombre des ouvriers est relativement stable. Par contre les professions intermédiaires, les cadres et les professions intellectuelles et surtout le monde des employés sont en hausse particulièrement depuis 1950.

Notons encore que dans certaines familles les métiers vont se transmettre de père en fils et deviennent de véritables institutions. On trouve ainsi :

  • les fabricants de bas de Maizières-la-Grande-Paroisse dans l'Aube au 19ème siècle,
  • les tailleurs d'habits de Binche à partir de 1850,
  • les tisseurs de Vendresse durant la seconde moitié du 19ème siècle,
  • les marchands de chevaux de Biourge de 1850 à 1914,
  • les sabotiers d'Halma après 1880,
  • les militaires de carrière originaires de Séviscourt,
  • les "houilleurs" de Charleroi à partir 1870,
  • les électriciens de Namur depuis 1930.

Pourrons-nous bientôt ajouter les docteurs de Longwy à cette liste ?


Parmi les nombreuses professions trouvées, nous n'avons découvert que quatre prêtres, un frère et huit religieuses dont Cécile actuellement sœur missionnaire en Équateur où elle s'occupe particulièrement des enfants pauvres alors que Catherine, Sœur Anne De Jésus, née à Virton en 1836, passa sa vie en Algérie principalement à Bône où elle enseigna dans un pensionnat de la ville, avant de s'éteindre le 6 juin 1911.

La chapelle Déom à Harzy

Elle fut construite par les Déom de Harzy (près de Bastogne) à la fin du 19ème siècle et fut consacrée à Notre Dame de Lourdes.
Placée au croisement de deux routes devenues trop étroites, elle fut démolie afin de permettre le passage des autobus.

 

Le seul "Deum" devenu prêtre sous l'Ancien Régime est Pierre Déom né à Nivelet et baptisé le 13 mars 1720 à Léglise. À cette époque, le futur prêtre devait justifier de revenus décents afin d'être admis à l'ordination. Sa famille, ses amis ou toute personne désirant faire une bonne et pieuse action, s'unissaient afin de constituer un patrimoine lui offrant cette garantie. Celui de Pierre Déom est constitué en 1747 par un acte passé pardevant la justice du ban de Mellier [244] .
Le sieur d'Orsinfaing, écuyer demeurant à Wittimont, cède plusieurs prés rapportant seize "charrées" de foin par an valant 40 écus. Nicolas Rollin et Anne Deome, sa femme, de Nivelet cèdent deux prés produisant deux "charrées" de foin valant cinq écus et Gilles Deome [245] , "jeune homme majeur d'âge" [246] également de Nivelet, offre deux prés produisant annuellement trois "charrées" de foin valant 7 écus et 28 sols. Le patrimoine est donc estimé à 21 "charrées" de foin valant 52 écus et 28 sols "argent de Luxembourg" [247] .
"Lesquels prez ici cédés et abandonnés, ledit Pierre Deome jouisse sa vie naturelle ou du moins jusqu'à ce qu'il sera pourvu d'un autre titre suffisant et inamovible dez qu'il sera promis aux ordres sacrés étant les dits prez libres et exempts de toute charge réelles et hypothèques, cens et rentes et rapportans annuellement les charrées de foin ci-devant énoncées selon le rapport et estimation qu'en ont fait sur leur conscience et bonne foi Jean Dehotte de Wittimont et Jean Olivier de La Vaux experts ici pareillement comparans qui pour marque de leur juste rapport et estimation se sont constitués pleige [248] et caution envers l'aspirant pour lui faire suivre le revenu annuel ci-repris..."

Nous retrouvons "Sire Déom" vicaire de Warmifontaine en 1752 [249] , puis à Mexy, annexe de Herserange, en 1771 [250] . Là, Pierre-Joseph (?) Déom va connaître la tourmente provoquée par la Révolution française de 1789. Toute l'organisation ecclésiastique est détruite. La Constitution civile du clergé est décrétée le 12 juillet 1790 et les "fonctionnaires ecclésiastiques" doivent prêter serment. Pierre-Joseph Déom choisit son camp et prête serment le 20 février 1791 [251] . À la fin de la même année, infirme et presque aveugle, il est admis à la retraite. L'administration lui concède comme pension les deux tiers de son traitement de vicaire à condition de résider en France. Le 1er novembre 1792, il prête le serment de liberté et d'égalité et se retire à Longwy où il meurt le 30 janvier 1797 [252] .

Par ailleurs, Cyrille né le 29 avril 1890 à Attert, Félix né le 21 octobre 1917 à Anlier et Georges, né le 7 février 1920 à Habay-la-Vieille, furent également prêtres. Après avoir été professeur à Malmédy, Cyrille fut curé de Barnich puis aumônier à Arlon. Félix fut curé de Vlessart et de Marbehan et Georges, après avoir été vicaire à Arlon, fut curé d'Anlier de 1952 à 1989 !

Notons encore que Marie-Catherine Déom, décédée à Louftémont le 28 juin 1844 à l'âge de 91 ans, avait été la servante du curé d'Anlier durant 56 ans !

Jean-François Déom, né le 16 avril 1761 à Cousteumont, semblait bien avoir aussi la vocation puisque après avoir fait ses "Humanités" au collège des récollets à Virton il devait aller "en philosophie" à Louvain probablement :

"... est personnellement comparu Jean-François Déome jeune homme de Cousteumont estudiant alant entrer en philosophie après l'étude des humanités qu'il a passé à Virton, il nous a déclaré d'avoir vendu .... à Nicolas Deome son frère ...". [253]

Cet acte est rédigé le 4 janvier 1786 et le 10 janvier de la même année notre Jean-François convolait en justes noces à Virton avec Gérardine Gillet ! ...

 


Jacques-Joseph Déom de Nivelet est sans aucun doute celui qui, le premier, va permettre à notre nom de sortir de l'anonymat. Nous en avons déjà parlé puisqu'il fut échevin de la justice du ban de Mellier à partir de 1785. Jacques-Joseph devient maire de Les-Fossés à la création de la commune en 1797, et le restera jusqu'à sa démission en 1817. Il adresse alors la lettre, ci-dessous, à Monsieur le Sous-Intendant Royal de l'arrondissement de Neufchâteau [254] :

"Mon grand âge m'ôtant la faculté de m'occuper des affaires de la Mairie dont je suis chargé depuis près de vingt ans, je vous prie d'agréer ma démission.
Je joins à la présente, une liste de présentation de candidats pour me remplacer.

J'ai l'honneur de vous saluer"

Signé : Jacques-Joseph Deom

La lettre est complétée par un tableau présentant les trois candidats à la succession. L'un d'eux est Jean-Baptiste Déome [255] , un garçon célibataire âgé de 25 ans. C'est le fils du maire démissionnaire. Jacques-Joseph précise la "fortune personnelle évaluée en revenus" de chaque candidat : 2000 (florins) pour Jean-Baptiste, 100 et 500 pour Louis Absaint et Jean Cornerotte les deux autres prétendants... Le courrier se termine par :


Le gouverneur du Grand-Duché de Luxembourg nomme bien entendu, "Jean Baptiste Deom, propriétaire à Nivelet", maire de la commune de Les-Fossés par courrier n°1062-1817 du 6 mai 1817 [256] .

Et pourtant, c'est Jacques-Joseph Déom, le père, qui continuera à remplir les fonctions de maire, officier de l'état civil, de Les-Fossés jusqu'à la disparition de la commune à la suite de son rattachement à la commune voisine d'Assenois en octobre 1823 ! Mystère...
Jean-Baptiste Déome épouse Marie-Antoinette Petit de Grandvoir en 1817. Leurs descendants sont directeur des contributions, directeur au ministère des affaires économiques ou encore juge de paix, docteur, colonel ou ingénieur...
Un de leurs fils, Jean-Philippe Jules Déome, un jeune avocat, entre en 1863 au conseil communal de Neufchâteau. Il y siège jusqu'à sa mort le 19 septembre 1913. Échevin depuis le 17 décembre 1866, il devient bourgmestre le 31 décembre 1903 et le reste jusqu'en 1913.
Élu dans le canton de St-Hubert puis dans celui de Neufchâteau, Jules Déome siège également au Conseil Provincial du Luxembourg de 1862 à 1872, puis de 1882 à 1885 et de 1887 à 1889. Il est même vice-président du Conseil Provincial en 1884, 1885 et 1887 [257] .

Jules Déome qui ne laisse pas de descendance, était un homme charmant, affable et très habile avocat et …"Ce qui distingua cet homme doué d'un corps robuste, d'une santé de fer, d'une intelligence, d'une force de travail et d'une mémoire extraordinaires, ce furent ses talents d'avocat et de praticien particulièrement au courant des choses de la procédure" [258] .

 

 

Si les membres de notre famille ne semblent pas très attirés par la fonction élective, il faut tout de même encore noter que :

  1. Henri-Joseph Déom est "maïeur" de Vesqueville de 1796 à 1808,
  2. Jean-Joseph Déom est bourgmestre d'Orgeo de 1848 à 1854 et son fils,
  3. Jacques-Joseph lui succède de 1865 à 1872,
  4. Émilien Déom est bourgmestre d'Anlier de 1933 à 1938,
  5. Marcel Déom est bourgmestre de Bois-d'Haine de 1975 à 1976, puis de Manage de 1986 à 1988.
  6. Roland Déom, jeune professeur de 40 ans, semble promis à un bel avenir. N'est-il pas conseiller communal de Libramont depuis le 1er janvier 1989 et conseiller provincial du Luxembourg depuis le 1er janvier 1992 ?
Un Québécois, descendant de François-Xavier Déom de Virton, André Déom (1929 - 1993), fait une brillante carrière tant professionnelle que politique. Élu député de Laporte à l'Assemblée Nationale de 1973 à 1977, André devient même sous-ministre canadien du travail du gouvernement Trudeau entre 1980 et 1983 !

 


Mais un autre Montréalais, Cornélius Déom avait déjà fait la renommée de notre famille en créant, avec son frère, Jules Avila, la librairie Déom à la fin du 19ème siècle.

À ses débuts et afin d'arrondir son chiffre d'affaires, Cornélius vend parfois aux écoliers des cahiers et des... pétards ! Un jour, il demande à ses fils de distribuer, dans la rue, toutes ces "bébelles" [259] aux enfants. On parla longtemps de cet événement dans le quartier. Déjà Cornélius éditait des romans de petit format dans une collection appelée "La Bonne Littérature" et lorsqu'il emménage rue St Denis, tout à côté de l'université, sa librairie devient la plus belle et la plus connue de tout Montréal ! Innovateur dans bien des domaines, notre libraire fait la promotion du livre français et organise deux expositions internationales du livre à Montréal.

Voici deux extraits de journaux concernant Cornélius Déom :

"... Les familiers, avocats, juges, poètes, industriels, marchands, se réunissaient chez Déom qui trônait... Quelqu'un lisait à haute voix. Alors on discutait sur l'œuvre, sur l'auteur... On ne buvait pas mais on fumait la pipe ou le cigare." [260]

"La Librairie Déom dirige le goût des liseurs, elle oriente les débutants, favorise le développement intellectuel par le choix des lectures qu'elle provoque et des auteurs qu'elle recommande. Elle est devenue un centre où se réunit une élite qui devient de plus en plus nombreuse." [261]

Né le 30 juin 1863 à Montréal, Cornélius Déom y décède le 28 février 1946.
Il était le fils de François-Xavier Déom, né le 8 février 1833 à Virton, et d'Anne Lorge, née le 3 janvier 1841 à Bruxelles.

Édouard Saint Onge et Jean Brizard qui avaient respectivement épousé Juliette Déom, une des filles de Cornélius, en 1929, et Jeanne Déom, une des petites-filles de ce même Cornélius, en 1944, sont les administrateurs de la librairie jusqu'en 1965. C'est donc sous leur coupe que la librairie Déom édite plusieurs livres. Parmi ceux-ci, "Tuez le traducteur" de Léa Pétrin et "Vacheries" de Louis Landry obtiennent le "Grand Prix de l'Humour Canadien, Cornélius Déom" en 1961 et 1962.
Si vous vous rendez un jour à Montréal, n'oubliez surtout pas d'aller en pèlerinage dans l'avenue Déom devenue une impasse depuis certains aménagements urbains ! Vous connaîtrez alors un moment d'émotion et vous ne regretterez pas le déplacement.


L'avenue Déom a été inaugurée le 19 janvier 1927
[262]

Plus près de nous, mais toujours dans la même famille canadienne, le docteur Pierre Paul Déom (1932-1996), un frère d'André dont nous venons de parler, a donné son nom à un édifice du Centre hospitalier régional du Suroît à Salaberry-de-Valleyfield. Cet édifice, abritant les locaux du Centre de jour pour adultes, réadaptation psychiatrique, porte depuis le 12 mai 1997 le nom de "Édifice Pierre Déom", "afin de souligner la grande contribution du regretté docteur Déom au développement du secteur externe de la psychiatrie de 1960 à 1972." [263]

 

 

Quelques autres cousins sont actuellement connus pour leurs activités et leurs réussites sociales :

  • André Déom, né en 1932 à Recogne, est forgeron chez un patron à Neuvillers jusqu'en 1950. Employé ensuite dans une entreprise spécialisée dans la réparation du matériel agricole, il y devient chef d'atelier. En 1961, André avec l'aide précieuse de son épouse, fonde sa propre entreprise de réparation de machines agricoles à Libin. Trente années plus tard, secondé maintenant par ses quatre enfants, il fait travailler quelque 130 personnes dans ses ateliers de Libin, de Libramont, de Heist-op-den-Berg dans les Flandres et de Moulins et Épernay dans les départements de l'Allier et de la Marne en France. À la construction de remorques et semi-remorques, s'ajoutent la fabrication de bennes pour poids lourds et de carrosseries spécifiques pour le transport du bois ainsi que de poêles et de chaudières à bois "Déom Turbo". La société assure aussi l'importation de grues de manutention et le montage de ces engins sur les remorques [264] .

  • À Nivelet, dans une localité que nous connaissons bien, se trouve "Traction-Sud". Lorsque vous descendez par la "E 411" vers Arlon, vous apercevez à votre droite, un immense parc rempli de véhicules tout terrain.
    Yves Déome a installé son entreprise sur un vaste domaine appartenant à sa famille depuis le début du 17ème siècle. "Traction-Sud" achète, depuis plus de vingt cinq ans, des véhicules d'occasion provenant essentiellement de l'armée. Après avoir été "reconditionnés" par adaptation de structures spéciales, les véhicules sont revendus. L'entreprise exporte environ 20% de son matériel. Depuis 1988 Yves Déome, à présent secondé par son fils Bernard, a ajouté un second créneau à ses activités en vendant également des véhicules neufs.

  • Pierre Déom, un jeune instituteur français de Boult-aux-Bois dans les Ardennes, abandonne son métier en 1972 et crée une revue : "la Hulotte" [265] . Véritable encyclopédie de la nature "la Hulotte" paraît environ deux fois par an.
    "Pierre Déom est un fin naturaliste, jamais pris en défaut sur le plan scientifique, connaisseur de tout ce qui se passe dans la nature. Il sait présenter les animaux et les plantes de la manière la plus directe, avec un humour et une drôlerie sans pareils. Depuis des années, il édite une revue sans égale dans le monde, la Hulotte. Sa lecture est un régal," [266]

  • Bernard Déom, ingénieur des Eaux et Forêts, a été nommé régisseur du domaine de la Donation Royale d'Ardenne à Ciergnon en 1994.
    Le domaine comprend 6 000 ha de bois et 1 500 ha de plaines, onze fermes, quatre châteaux et des bâtiments administratifs où travaillent dix agents techniques des Eaux et Forêts et une vingtaine d'ouvriers.

Nous n'oublierons pas de dire deux mots sur un autre personnage créé de toutes pièces mais néanmoins très connu dans toute la Wallonie : T. Déome !
Le conteur Arthur Masson (1896-1970) a laissé une œuvre dans laquelle il raconte avec bonté, humour, tendresse et simplicité des situations cocasses qui émerveillèrent ses nombreux lecteurs wallons du temps où la télévision n'avait pas encore accaparé son monde. C'est pourtant un grand plaisir de retrouver Toine Culot le maïeur obèse de Trignolles et son cousin Théophile Déome, gros homme sensible, malin et farceur qui est tout à la fois secrétaire communal, marchand de graines et chantre [267] . Théophile Déome signe : T. Déome. C'est pourquoi tout le monde l'appelait T. Déome...

"Théophile Déome, surnommé 'T. Déome', un madré de l'espèce des gros, qui jouait secrétaire communal et vendait des graines."

 

 

 




[233] Dans le calendrier républicain. Cela correspond au 11 avril 1800.
[234] C'est à dire le 27 mai 1801.
[235] En Gaume (Belgique).
[236] Le 26 novembre 1804 à Chassepierre, près de Florenville. De Termes à Chassepierre il y a environ 20 km.
[237] Le meunier louait son moulin par un bail dont la durée et le prix étaient très variables. Les meuniers déménageaient souvent et leur filiation est généralement très difficile à établir.
[238] Ce département crée par Napoléon avait Luxembourg comme préfecture. Il s'étendait de Paliseul à Dudeldorf à l'est de Bitburg en Allemagne, et de Houffalize à Remich. Voir carte page 287.
[239] A. E. Arlon : "Œuvres de loi" de Mellier n°1604-1605.
[240] N'attachez surtout aucune importance à l'orthographe.
[241] Voir page 48. Le baptême de Jean-Robert n'a donc pas été consigné dans les registres de Léglise… si notre raisonnement est exact.
[242] Fabricant d'huile. À l'automne, les villageois allaient ramasser les faines tombées des hêtres. Après les avoir nettoyées et séchées ils les vendaient à l'huilier qui en extrayait une huile alimentaire de très bonne qualité.
[243] Évêché de Trèves : "Orenhoven, KB2". Saltuarius : garde forestier en latin.
[244] A. E. Arlon : "Œuvres de loi" de Mellier n°1566, page 11 du 15.5.1747.
[245] Anne et Gilles sont des cousins germains d'Englebert, le père de Pierre Déom.
[246] Gilles Déom, né le 10.3.1711 à Nivelet, s'est marié le 26.5.1749 à Tintigny.
[247] À titre comparatif, Nicolas Deum de Gennevaux achète deux chevaux à une vente aux enchères pour la somme de 55 écus et 14 sols. (A. E. Arlon : " Œuvres de loi" de Mellier n°1567, page 38 du 17.4.1752).
[248] Garant.
[249] A. E. Arlon : "Justices Subalternes" de Neufchâteau n°1984 du 23.12.1752.
[250] A. D. Moselle (Metz) : "BH 4118", P. Lesprand : "Le Clergé de la Moselle pendant la Révolution", tome III, pages 217 et 226. Mexy se trouve près de Longwy (Meurthe-et-Moselle).
[251] Deux groupes à peu près égaux se forment : les assermentés ou jureurs et les réfractaires.
[252] A. D. Moselle (Metz) : "18 J 254".
[253] A. E. Arlon : "Justices Subalternes" de Neufchâteau n°1954, pages 276 et 277 du 4.1.1786.
[254] A. E. Arlon : "Régime hollandais, autorisations communales des Fossés". Rappelons que la Belgique était une province du royaume des Pays-Bas entre 1815 et 1830.
[255] C'est donc à cette époque que les "Deum" de Nivelet ont commencé à devenir des Déome...
[256] A. E. Arlon : "Régime hollandais, autorisations communales des Fossés".
[257] "Cercle - Terre de Neufchâteau, Biographies Chestrolaises". Article de Pierre Hannick.
[258] Annales de l'Institut Archéologique du Luxembourg, tome 48 (1913).
[259] Au Québec : vétilles, bagatelles, joujoux..
[260] "Le Petit Journal" de Montréal, semaine du 6 juin 1965.
[261] "La Revue Moderne" de Montréal du 15 janvier 1921.
[262] Cette voie portait jusqu'alors le nom de "Avenue Ellerslie".
[263] "Le Soleil", hebdomadaire de Valleyfield du 7 juin 1997.
[264] "Tendances" du 22.10.1998 annonce un chiffre d'affaires de 780 millions de francs belges (près de 20 millions d'euros).
[265] 170 000 abonnés répartis dans 40 pays.
[266] De Jean Dorst de l'Académie des Sciences, Directeur du Muséum National d'Histoire Naturelle de France.
[267] Tiens, tiens...