Les "Deyongh"

Effectivement une seconde famille Déom vit à Montréal. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ? D'abord déçus par le fait que nous soyons incapables de leur offrir immédiatement leur arbre généalogique, ils se lancent aussitôt dans des recherches avec l'espoir de trouver rapidement l'ancêtre belge ou français qui les grefferait sur l'arbre des Deum de Léglise. En fait, ils découvrent être les descendants de :

"Charles Constant Deyongh, né vers 1808. Il est originaire de la ville de St-Malo (Ille-et-Vilaine), de l'union de Michel Deyongh et de Marie-Jeanne Neveu. Il arrive au Canada vers 1830 et s'établit à Québec comme navigateur. Charles Constant Deyongh épouse Marguerite Goudreau à St Roch de Québec." [149]

Le nom est écrit Deyoungh, Dejongh [150] ou Deyongh... Plus tard, mais toujours à St Roch, c'est Charles Constant Deyon, fils de feu Charles Constant Deyon et de Marguerite Goudreau, qui épouse, le 12 janvier 1863, Christine Dupuis - Gilbert.

Alors le patronyme va connaître beaucoup de variantes : Deyonck, Déoncq, Deyon, Doyon, Deyong, ... Chaque acte de naissance ou de décès, concernant les enfants du couple Charles Constant Deyon - Christine Dupuis Gilbert donne l'occasion au prêtre d'innover en la matière... En 1866, naît un Joseph Constant "dit Déon". Une Marie Déon vient au monde en 1868, mais en 1876, on baptise Élmire Constantin [151] , fille de Charles Constantin et de Christine Dupuis ! Il semble, malgré tout, que le nom se fixe avec "Déon" lorsque à la fin du 19ème siècle la famille va vivre à Montréal, dans la paroisse St Vincent de Paul où habitent justement les Déom d'origine belge. Adelard Déon épouse Alexina Bolduc, le 17 février 1890, mais l'enfant qu'Alexina met au monde le 22 décembre de la même année est un Joseph Adelard Déom. Ensuite on passe sans le moindre souci, de Déom à Déon, avec quelquefois un "n" surchargé pour en faire un "m"... À partir de 1925 le choix du "m" est définitif, sauf dans les années 30 où trois mariages Déon sont célébrés, mais cela n'entraîne aucune conséquence car il s'agit de deux filles et d'un garçon qui n'aura pas d'enfant. Lorsque ces trois personnes décèdent en 1972, 1982 et 1991, c'est fort logiquement Déon qui est inscrit sur l'acte. Aujourd'hui les descendants de Charles Constant Deyongh portent tous le même nom que les Déom venus de Virton en 1854.

Tout cela est bien étonnant. N'est-ce-pas ?
La manière d'orthographier un nom n'avait pas plus d'importance au Canada que chez nous. Peut-être même, un peu moins... Il faut savoir que le ministre du culte de la "Belle Province" tenait aussi le rôle d'officier de l'état civil. Prenons le cas du mariage.
Le célébrant de l'église ou de la congrégation consacrait le mariage qui avait tout à la fois valeur religieuse et civile. Il dressait lui-même l'acte de mariage qui était consigné dans deux registres. L'un était conservé à la cure et le second était déposé au bureau du ministre de la Justice ou au greffe de la Cour supérieure du district où il avait été fait.
Le "Code Civil du Québec" est seulement entré en vigueur le 1er janvier 1994. Maintenant le célébrant de l'église constate le mariage dans une "déclaration de mariage", signée par les époux et les témoins. Il envoie ensuite cette déclaration à la Direction de l'état civil qui dresse l'acte de mariage en signant la déclaration de mariage. Cet acte fera partie du registre de l'état civil tenu en deux exemplaires : l'un est constitué des documents écrits, l'autre est informatisé. Ainsi, les actes de l'état civil sont maintenant gérés par l'Administration publique. Les sociétés religieuses n'agissent plus comme officiers de l'état civil.

Mais comment se marier si on est athée ?
À ce moment-là, on se rend au Palais de Justice. C'est alors le greffier de la Cour Supérieure qui célèbre le mariage, établit la "déclaration de mariage" qu'il achemine au directeur de l'état civil qui dresse l'acte de mariage...

Depuis le 1er janvier 1994, c'est cet acte de mariage, et seulement celui-là, qui est l'acte officiel aux yeux de la loi. Que l'on soit croyant ou athée !
Concernant les naissances et les décès, on procède exactement de la même façon.
Tout est centralisé à Québec qui est la capitale, mais il y a un "comptoir" [152] à Montréal.

 


Les "Mohawks"

Mais le Québec nous réserve une autre surprise. En 1994, nous parvient une nouvelle surprenante, incroyable : des Déom vivent dans la réserve indienne de Kahnawake [153] . Une nouvelle qui vous empêche de trouver le sommeil durant quelques jours ! [154]

La réserve de Kahnawake, appelée aussi Caughnawaga par les Anglais au début du 18ème siècle, est située à une douzaine de kilomètres seulement du cœur de Montréal, juste après le pont Mercier enjambant le St Laurent, au sud-ouest de la ville. Dans cette réserve, comme dans celles d'Akwesasne et de Kanesatake également situées au Québec, vivent presque en vase clos, des Indiens Mohawks Iroquois. Évidemment mécontents de leur sort, ces Amérindiens tentent d'obtenir leur indépendance. En 1990, la situation est assez confuse. On assiste à une guerre entre plusieurs factions cherchant à obtenir le pouvoir afin de définir la future et souveraine nation Mohawk qui devra être reconnue par les gouvernements fédéraux des Blancs. À Kanesatake, les "Warriors", faction radicale dure et riche, semblaient avoir pris, par les armes, le commandement de la communauté. Le plan des "Warriors" est de prendre le contrôle des trois réserves pour radicaliser le système politique du "Longhouse", gouvernement traditionnel Mohawk, lui-même divisé en deux tendances [155] . Le "Longhouse" est en conflit ouvert avec le "conseil de bande", seule autorité reconnue par les gouvernements du Canada et du Québec.

Précisons encore que les Mohawks bénéficient d'aides financières et sociales, d'exemptions fiscales, de droits frontaliers et que leur entente avec la population blanche est loin d'être cordiale pour bien des raisons que nous ne tenterons pas d'expliquer ici...

Lors de notre premier voyage au Québec en 1994, une délégation internationale de Déom formée de deux Québécois, deux Belges et deux Français, les uns plus impressionnés que les autres, est reçue dans la réserve de Kahnawake ! Nous sommes dans la banlieue de Montréal et pourtant, à l'entrée du quartier, nous sommes arrêtés par un vigile en tenue civile qui veut connaître le but de notre visite. Il avait, de toute évidence, été prévenu de notre arrivée. Nous parvenons donc facilement chez nos hôtes. Quelle surprise de voir que toute la famille est réunie en notre honneur. Un lunch nous est même servi.
Nos possibles cousins amérindiens parlent l'anglais ce qui complique encore un peu plus le contact. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils ?
Finalement, nous quittons la réserve avec une unique information : Robert, l'aïeul de nos homonymes, est né à Kahnawake le 9 août 1894.

Mais la suite de la filiation de cette famille peut maintenant être relevée aux archives nationales du Québec à Montréal [156] . La lecture de l'acte de baptême n°57, découvert dans les registres de l'état civil de la paroisse catholique de St François-Xavier de Caughnawaga, nous laisse pantois :

"Le neuf août mil huit cent quatre vingt quatorze, nous soussigné vicaire avons baptisé Basile né le jour même fils légitime de Joseph Ahnetotako, voyageur, et de Thérèse Katsitsioronk8as de ce village. La marraine a été Marie Anne Kahentineson de ce village laquelle a déclaré ne savoir signer. Lecture faite." [157]

Basile est le seul enfant né à Kahnawake en ce 9 août 1894. Aucun doute n'est donc permis : l'acte de baptême que nous avons sous nos yeux est bien celui que nous recherchions... Mais pourquoi Basile et non pas Robert ?

Commencées le matin, les recherches vont se poursuivre toute la journée. Difficilement, car chez les Mohawks les noms de famille ne se transmettent pas de père en fils ! Le nom est choisi librement et a une grande signification pour lui et pour sa famille. Il rappelle ce qu'il est ou ce qu'il a accompli.
De plus, les Indiens, qui sont christianisés depuis le 17ème siècle, ont un nom de baptême mais ne le portent pas.

Le père de Basile, Joseph Ahnetotako, avait épousé Thérèse Katsitsioronk8as [158] le 24 janvier 1881 à Kahnawake. Le couple eut sept enfants. L'acte de mariage donne l'identité des parents des mariés : Joseph Ahnetotako est le fils de Joseph Aronhiotas et de Catherine Kahnekenha8i. En poursuivant nos investigations, nous remontons de la même manière jusqu'au grand-père de Joseph Aronhiotas, un certain Guillaume... Ganereragen, né vers 1760 ou 1750 !

La filiation directe par la branche paternelle de Basile, dit Robert Déom est donc :


Tous les actes de baptême sont rédigés dans le même style que celui de Basile du 9 août 1894. Au moment du baptême, on ne connaît donc pas encore le nom que portera l'enfant plus tard. Par la suite, le curé complète souvent l'acte de baptême en ajoutant dans la marge le nom indien que porte réellement l'enfant. Nous ne savons pas à quel moment est fait ce rajout, mais nous avons trouvé des listes d'enfants ayant reçu le sacrement de la confirmation. C'est ainsi qu'en 1842, Monseigneur Ignace Bourget, évêque de Montréal, confirme Joseph, le grand-père de Basile. Joseph avait été baptisé le 4 décembre 1827. Sur la liste des confirmés de 1842, les prénoms chrétiens de tous les enfants sont écrits en abrégé et sont suivis du nom indien. On lit : "Jos. Aronhiotas, Thom. Onesaton, Marg. Karak8ison, ...". On remarque donc que :

  • Vers 14 ou 15 ans les enfants portent déjà leur nom usuel.

  • L'autorité religieuse officialise le choix fait par la famille.

Mais revenons à la filiation de Basile jusqu'à son aïeul Guillaume Ganereragen.

Que signifie "Ganereragen" ? Nous ne le savons pas, mais cela ne donnerait sûrement pas "Deum"... Mais alors, comment est-il possible que Basile soit devenu Robert Déom ? Il faut bien reconnaître que cette question fondamentale ne trouva sa réponse que quelques mois après notre retour du "Nouveau Monde".

Avant de quitter nos cousins montréalais, nous avions pris la précaution de nous munir de l'adresse du père Guay, curé de la Mission Saint François-Xavier de Kahnawake. C'est de là que vint la lumière ! Sollicité, le père Guay nous donna effectivement la clef du problème. Voici un extrait de sa première lettre [159] :

"Voilà qui m'amène à vous expliquer l'étrange disparité des noms à l'intérieur d'une même famille chez nos Indigènes : chacun n'avait qu'un seul nom, qui forcément devait différer de ceux de sa famille. C'est tout probablement en devenant chrétiens qu'ils commencèrent à se laisser donner un 2ème nom, sans pourtant le porter. Mais lorsqu'ils en vinrent à se mettre au service d'employeurs qui avaient à comptabiliser leurs heures de travail et leurs salaires, ils furent amenés à se donner des noms et prénoms plus faciles à saisir et écrire. Ils les prenaient des Blancs qu'ils connaissaient par métissage ou les empruntaient des Blancs dont le prestige les avait impressionnés."

Dans une seconde missive [160] le père Guay, avec toujours autant de gentillesse, nous apporta d'autres précisions :

"Basile Robert [161] fut le premier de sa lignée dont on peut dire avec certitude qu'il eut besoin de se donner un autre nom que son nom indien. Ce fut à Brooklyn dans la grande agglomération new-yorkaise, la première où nos indigènes se sont illustrés comme travailleurs intrépides dans l'érection des gratte-ciel. Comme le travail devait durer des mois et des mois et souvent même des années complètes, ils amenaient leurs familles avec eux. Et c'est ainsi que le célibataire Basile Robert ayant trouvé une bonne amie dans une famille iroquoise, se maria à Brooklyn...".

Basile le New-Yorkais a donc choisi de s'appeler Déom, car il n'a pas oublié ce nom inscrit sur la façade de la plus prestigieuse librairie à Montréal [162] , celle du célèbre Cornélius Déom dont le père avait quitté Virton un jour de mars de l'année 1854.

C'est donc au début du 20ème siècle que les Indiens commencent à prendre des patronymes que leur imposent non seulement les circonstances mais aussi le gouvernement central. À partir de là, on accole ce nom, qui est très souvent de consonance anglaise, au nom amérindien.

Où en est-on aujourd'hui ? À présent le nom se transmet de père en fils. Dans les faits, nos amis de Kahnawake portent tous le nom de Déom précédé de leur traditionnel nom indien. Cela donne, par exemple, André Aronhiotas Déom !

En tout cas, les Déom de Kahnawake comme les Déom, "ex - Deyongh", ne sont donc pas des "Descendants de Guillaume Deum".


Ce 19ème siècle a donc été riche en migrations surtout vers le Nouveau Monde. Bien que plusieurs familles aient été perdues de vue, le tableau, ci-après, montre avec éloquence l'essor pris par les "Deum" !

x
Allemagne
Belgique
Canada
France
États-Unis
Lux.
Total
Filles
16
444
20
92
14
0
586
Garçons
19
497
21
121
16
1
675
Total
35
941
41
213
30
1
1261

Naissances "Deum" recensées au 19ème siècle

 

Le 20ème siècle

Au début du 20ème siècle, Dominique Déom quitte sa Belgique natale et sa famille installée à Attert depuis l'arrivée, en 1855, d'Hubert-Joseph en provenance de Louftémont. On retrouve Dominique à Kenosha dans le Wisconsin où il est devenu cafetier. Bien que très délicat, le contact, réalisé avec la descendance laissée par notre cousin aux U.S.A., nous a tout de même permis d'apprendre que notre nom allait bientôt disparaître de cette région, John-Nicolas Deom, fils unique de Dominique, n'ayant été papa que de la seule Gertrude.

Marié avec Amélie Gravé qui lui a donné cinq enfants, Nicolas-Joseph Déom de Suxy est cultivateur en été et bûcheron en hiver. Nous ignorons la date choisie par cette famille pour émigrer aux U.S.A. où elle rejoint Maximin, le frère de Nicolas-Joseph, parti vivre en Indiana à la fin du 19ème siècle. Nous savons cependant que :

  1. Auguste, un des trois fils, est tué au front, à Zuydschoote près d'Ypres le 2 mai 1915.

  2. Nicolas-Joseph, le père, décède à New-Bedford, dans le Massachusetts, le 6 novembre 1928.


Des quatre autres enfants, seul Bruno a été retrouvé. En fait, c'est avec Paul Deom son fils, que des contacts ont été établis. Sergent major à la retraite, Paul vit à Sierra-Vista, en Arizona, avec son épouse, Marie-Claude Thomas, une... Lorraine qu'il a épousée à Nancy, alors qu'il servait l'U.S. Army dans notre région dans les années 1960.
Nous sommes donc sans nouvelles des trois autres enfants de Nicolas-Joseph et d'Amélie Gravé. Edouard serait décédé en 1976 à New-Bedford.
Aurait-il laissé une descendance ?

Notons encore la "fugue" de Léon Joseph Déom de Biourge. Après son mariage à Gedinne avec Marie-Louise Noël, en 1892, le couple part au Canada, et c'est à Winnipeg, dans la province du Manitoba que naît leur fille Germaine le 31 décembre 1893. Mais Marie-Louise a le mal du pays et la petite famille revient en Belgique en 1901.

Récemment, vers 1960, Robert René Déom et son fils Robert Louis sont allés s'installer à Montréal où Robert Louis a pris la nationalité canadienne. Le père est décédé en 1983 et le fils s'est marié en 1966 à Notre Dame du Rosaire de Montréal. Depuis, nous en avons perdu toute trace.

La France accueille encore Gratien Déom de Suxy qui sera maître tailleur à Paris, à compter de 1919, alors que François Déom, natif de Lamouline (Libramont), s'installe dans les Ardennes françaises vers 1910. Marié en 1912, à Pouru-aux-Bois, François est lamineur dans une des nombreuses usines métallurgiques de la région sedanaise. Son seul fils aura huit enfants et... vingt-deux petits-enfants qui peuplent non seulement les Ardennes mais également le Pas-de-Calais, le Loir-et-Cher, l'Ariège et l'inévitable région parisienne.

 

 

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale les personnes se déplacent avec tant de facilité qu'il est bien difficile de dire si l'ancrage est définitif ou s'il s'agit seulement d'une passade due à une opportunité. David Deom, par exemple, vit depuis plus de trois ans maintenant en Norvège, à Randaberg où est né son fils Matthew Clark. David, dont la famille est originaire de Rulles, est né aux U.S.A. à Carmi, dans l'Illinois, s'est marié à Great-Yarmouth, en Grande-Bretagne, et a été papa pour la première fois à La-Haye, aux Pays-Bas ! Qui pourrait dès lors prétendre que notre famille va faire souche en Norvège ?

Il faut encore savoir que des membres de notre famille vivent actuellement aussi en Suisse, en Grèce, en Israël, en Colombie, en Équateur et en Espagne. Mais il faudra attendre que le 21ème siècle soit bien engagé pour savoir si nos cousins vont laisser une descendance dans ces parties du monde.

Signalons encore un fait étonnant : il aura fallu attendre 1921 pour voir notre famille s'établir en Belgique flamande ! C'est Léon Alexandre Déom, né à Vièrves, qui a réussi cet authentique exploit ! Grâce à ce gendarme nous avons maintenant de bien sympathiques cousins dans la province de Limbourg.

On constate aussi que nous ne nous sommes jamais véritablement implantés au Grand-Duché de Luxembourg. Léglise est pourtant à moins de 20 km d'une frontière qu'aperçoivent de leurs fenêtres et depuis plusieurs générations, nos cousins d'Attert, de Sainlez ou de Martelange !

Pour clore cet important chapitre sur les migrations il faut encore citer les nombreux Belges partis, durant un temps, gagner leur vie au Congo belge. Sont-ils vraiment tous rentrés au pays quand le Congo est devenu indépendant en 1960 ? La question est posée. Les Déom de Cologne avec l'accent sur le "e" et dont nous avons déjà parlé, prétendent venir du Congo. Leur appartenance à notre famille ne fait donc aucun doute. Mais alors, pourquoi font-ils tant de mystère sur leurs origines en restant insensibles aux appels pressants mais courtois que nous leur lançons ?

Autre échec : les Deome vivant aux U.S.A.. Leur collaboration trop éphémère n'a pas permis de remonter leurs origines jusqu'en Europe. Virginia Deome de Salinas, Californie, prétend que ses aïeux parlaient la langue française [163] , mais la preuve du probable cousinage entre nos familles n'a pas encore été faite. Une autre famille aurait changé de nom, en 1912, en remplaçant Deome par "Guillaume". Alfred Joseph, un des sept enfants Guillaume aurait repris le nom de Deome et son fils, Alfred Joseph junior, qui habite à Layton en Utah semblait décider à faire des recherches sérieuses. Il ne donne, hélas, plus aucun signe de vie !
Il n'y a sans doute qu'une seule façon de résoudre tous ces problèmes : se rendre aux U.S.A.. Alors, avis aux sponsors !

Notre long voyage à travers le temps est achevé ! Nous allons en faire un bilan chiffré, parfaitement conscients de n'avoir pu retrouver qu'une partie des données. En Allemagne, aux États-Unis, au Canada, au Zaïre, voire au Luxembourg, en France et en Belgique, courent peut-être des petites et des petits "Deum" dont nous ignorons totalement l'existence.
Et puis, allez donc savoir s'il n'y en pas qui viennent de naître quelque part en Europe, en Amérique, en Afrique, en Asie ou en Océanie !

 


 


Bilans

1. Le nombre de naissances "Deum" connues au 20ème siècle.

Il est intéressant d'affiner le bilan du 20ème siècle, toutefois amputé de l'an 2000, en le divisant en deux parties égales allant donc de 1901 à 1950 d'une part et de 1951 à l'an 1999 d'autre part.

Nous obtenons le graphique :


Les naissances connues du 20ème siècle : de 1901 à 1950 et de 1951 à 1999.

Dans la seconde moitié du siècle [164] , le nombre des naissances est déficitaire dans tous les pays, sauf aux États-Unis qui déjouent ainsi tous les pronostics !

Continuons notre bilan :

2. Le nombre de naissances "Deum" connues depuis le début des recherches.

3. Le nombre de naissances "Deum" connues par pays et par siècle.


Avec les données de ce tableau on obtient le graphique suivant :

Naissances par siècle et par pays


 

 

Pendant que vous vous appliquez à retrouver les racines de votre famille, d'innombrables questions viennent sans cesse vous interpeller. Alors, vous vous surprenez à dévorer les livres d'histoire qui étaient pourtant si rébarbatifs durant votre scolarité. Maintenant, des associations d'idées se font et tout naturellement se créent des repères. Nicolas s'est marié à la veille de la Révolution française et c'est sous le règne de Louis XIV que Noël et Marguerite Plainchamp ont émigré en Lorraine ; Jean est venu s'établir à Fays-les-Veneurs pendant la Guerre de Trente ans, alors que la région est sous l'autorité espagnole ; Jehan Deum, le collecteur d'impôts de Gennevaux, a vécu sous le règne de Charles Quint ! Jehan avait d'ailleurs sensiblement le même âge que son illustre empereur, né à Gand en 1500 !
Quelle est donc la mission de Gérard, le sergent de la justice du ban de Mellier de la fin du 16ème siècle ? Qui dirige alors la communauté villageoise ? Pourquoi la Lorraine est-elle "en désert" lorsque le curé Monsieux arrive au Val-de-Guéblange à la fin du 17ème siècle ? Et puis, comment vivaient donc nos ancêtres ? Et puis, et puis... voilà que l'on regrette de ne pas toujours trouver dans nos manuels les réponses satisfaisantes à la foule de questions soulevées !

Heureusement que nous trouvons parfois quelques détails intéressants dans les "œuvres de loi", dans les contrats de mariage, dans les testaments ou dans les "inventaires des biens laissés par la mort" de telle ou telle personne. On se rend compte que nos aïeux vivaient alors pratiquement en autarcie. Presque tous demeuraient à la campagne et étaient très croyants. Leur vie était rythmée par la nature, par les travaux des champs et par leurs croyances religieuses.

La vie du village du 18ème siècle est organisée par le syndic en Lorraine, par le centenier ou "vinager" en prévôté de Neufchâteau. Élus lors d'assemblées générales souvent réunies à l'issue de la messe dominicale [165] et regroupant les chefs de famille de la paroisse, le syndic et le centenier [166] exécutent les décisions élaborées et votées à haute voix :

  1. Application des règlements de police rurale pour la défense des cultures contre les maraudeurs, pour la garde des bois et des bestiaux,
  2. Respect des règles en matière de culture (assolement), du droit de pâture,
  3. Organisation de l'entretien ou de la construction de l'église, du presbytère, de la maison d'école, des ponts, des chemins,
  4. Nomination des messiers, (bangard en Lorraine, bangarde sur le ban de Mellier [167] ), des forestiers, des régents d'école, des pâtres, ...

    En 1746, les habitants de Gennevaux se réunissent chez Henri Déom dont la maison est plus vaste que celle du centenier [168] .

Le syndic est en outre souvent chargé de la perception des impôts.

La communauté d'habitants s'administre donc elle-même, bien que restant toujours sous le contrôle du seigneur. Tous les ans se tiennent les "plaids annaux", importantes réunions à laquelle sont tenus d'assister tous les chefs de foyers. Une amende est en effet infligée à tous les absents. Pendant cette assemblée, on communique les décisions de la seigneurie, on règle à l'amiable des querelles de voisinage ainsi que les délits mineurs. Les bangards qui surveillent les jardins, les prés, les champs et les bois, présentent leurs rapports sur les infractions commises. Ces délits sont appelés les "mésus champêtres".

Pour veiller au maintien du Régime, les seigneurs de la terre de Neufchâteau désignent un mayeur. Ce sont cependant les villageois des localités de l'Évêché de Metz et du duché de Lorraine qui élisent leur maire [169] . Investi par le seigneur, le maire représente donc à la fois la communauté et le seigneur. C'est le personnage le plus important du village : il décide, juge [170] , perçoit au nom du seigneur. Il est aidé dans sa tâche par des échevins, un sergent, et un clerc-juré. En contrepartie, le maire bénéficie de nombreuses franchises.
En Lorraine on trouve encore le "haut-maire" qui fait la liaison entre le seigneur et les maires de chaque communauté.
Le village se compose de quelques notables vivant de leurs emplois, pensions, rentes, honoraires ou salaires : le curé, le régent d'école, un militaire à la retraite, un noble parfois... Ensuite il y a les artisans et les gens de métier. Le cordonnier, le forgeron, le charron, le maréchal ferrant, le tailleur d'habits, le maçon, le charpentier sont ceux que l'on rencontre régulièrement mais on peut aussi trouver un menuisier, un tisserand [171] , un serrurier, un cordier, un cloutier, un vitrier, un meunier... Certains villages ont leur boulanger, leur teinturier, leur trafiquant [172] , leur voiturier, leur charretier [173] , leur tailleur de pierres, leur chirurgien [174] , leur bonnetier, leur sabotier, leur "hardier", leur "couvreur en paille" ou en ardoises, leur "hostelain [175] ". Les bourgs sans pâtre et cabaretier sont rares et le Val-de-Guéblange a même une "laboureuse" ainsi qu'un "garde des bois de son Excellence Monseigneur l'évêque de Metz", un appelé François... Laforêt. En Ardenne, on relève aussi des brasseurs, des bûcherons, des charbonniers et des fileurs de laine. Les bourgs plus importants comme Neufchâteau, Albestroff ou Fénétrange, par exemple, sont les centres commerciaux de leur région. Là, on peut croiser un boucher, un chapelier, un barbier, un perruquier [176] , un horloger, un tanneur, un bourrelier, un sellier, un chamoiseur [177] , un chaudronnier, un taillandier [178] , un fossoyeur, un messager, un sculpteur, un huissier, un procureur, un notaire, ...

Marguerite Plainchamp, la veuve de Noël Deum, se remarie en 1703. Son témoin est un... philosophe, appelé Claude Godefroy ! Et à Neufchâteau en 1766, on cite entre autres, un théologien, un "clerc tonsuré" et 84 cordonniers [179] ! À Bastogne, ces derniers sont tout aussi nombreux [180] . Il ne faut pas oublier que la marche est alors le... sport le plus pratiqué et la consommation de chaussures est donc importante. C'est à pied que les campagnards se rendent dans les bourgades plus importantes pour y faire leurs achats.

Toutes ces personnes, y compris le notaire, ont un jardin et élèvent des poules, des chèvres, des moutons, des porcs, une ou deux vaches, et possèdent même parfois des "mouches à miel" [181] . Si ces foyers sont nettement majoritaires dans les gros bourgs, ils ne représentent par contre, que quelque 20% de la population des villages. Les 80% restants sont des laboureurs ou des journaliers souvent aussi appelés manœuvres. Le laboureur [182] emploie des journaliers, des servantes. Son exploitation fait la richesse du village.

Enfin, il faut encore signaler une autre catégorie d'habitants : les pauvres et les mendiants. Jean-Laurent Déom de Nivelet est classé dans cette catégorie en 1766. Pourtant, le "Cadastre de Marie-Thérèse", établi au cours de la même année, nous apprend que Jean-Laurent possède alors "2 jours 3/4 de terres labourables, 1/4 de terres sartables, 1/4 de jardins, 2/4 et demi de prairies, 2/4 d'enclos et 3/4 de bois, 5 jours de landes, bruyères, marais et autres terres incultes ainsi qu'une maison située à Nivelet." [183]

En 1766, le village de Léglise comprend 151 habitants vivant dans 28 maisons [184] . Le village compte donc environ autant de chefs de famille dont :

  1. 17% vivent de leurs salaires, rentes, revenus,... (3 familles nobles et 6 autres),
  2. environ 71,7% vivent des produits de la terre et
  3. environ 11,3% des produits qu'ils fabriquent.

On cite trois écuyers, un messager, trois charrons, un cordonnier, un maréchal ferrant, un tisserand ainsi qu'un curé et un vicaire.

Dans les autres localités de la paroisse on ne trouve pratiquement que des laboureurs, des manœuvres et des domestiques de campagne. On remarque tout de même :

  • Un forestier [185] à Gennevaux qui compte alors 132 habitants. Ici, le pourcentage des gens vivant uniquement du travail de la terre est beaucoup plus élevé et atteint pratiquement les 100% !
  • Un charpentier, un tailleur et un forestier à Les-Fossés où il y a 116 habitants.
  • Des ouvriers de forge et plusieurs bûcherons ainsi que trois charpentiers, deux forgerons, un maçon, un meunier, deux sabotiers, deux palonniers [186] , un tailleur ainsi qu'un prêtre et un vicaire à Mellier où il y a des forges et où on dénombre 170 âmes. C'est aussi à Mellier que demeurent les deux mayeurs de la justice du ban.
  • Un forestier à Wittimont parmi les 105 habitants du village.
  • Deux maçons, un meunier, un charbonnier, un forestier ainsi qu'un vicaire à Thibessart qui compte 142 "bourgeois". On cite également la présence d'un messager et de deux écuyers.
  • Que tout le monde vit du travail de la terre à Habaru, Lavaux, Naleumont, Nivelet, Narcimont et Rancimont où vivent respectivement 55, 25, 13, 60, 26, et 63 habitants.

Dans chaque village on cite des bûcherons, des pâtres ou des voituriers qui sont bien sûr des paysans avant tout.

Signalons encore la présence de quatre ermites vivant à l'ermitage de Bizeu situé dans le bois de Courtelle près des Forges de Mellier.

Il faut tout de même encore noter que si Lavaux ne compte que 25 habitants, ce n'est vraiment pas de notre faute puisque huit d'entre eux portent notre nom...

Léglise est bien le "chef-lieu" de la paroisse qui totalise alors 1058 habitants vivant dans 211 maisons. Mais on constate que Mellier, où siégeait la justice, contestait cette suprématie toute théorique.
En 1766 toujours, on dénombre 35 personnes nées "Deum" dans la paroisse : Léglise (0), Gennevaux (7), Habaru (1), Lavaux (8), Les-Fossés (0), Mellier (1), Naleumont (0), Narcimont (4), Nivelet (8), Wittimont (0), Rancimont (1), Thibessart (5).
La plupart de ces "Deum" sont propriétaires de leur maison et emploient un ou plusieurs manœuvres [187] . C'est ainsi que :

  • "Englebert Deome" de Mellier (né le 18.6.1744, époux de Marie-Jeanne Pierrard) possède une maison de 3ème classe, emploie un manœuvre et doit payer 3 écus, 15 escalins et 4 sols et demi d'impôt.
  • "Pierre Deom" de Lavaux (né le 24.2.1727, époux d'Anne-Marie Forman) a une maison de 3ème classe, emploie aussi un manœuvre et paie 7 écus, 16 escalins et 9 sols d'impôt.
  • "Jean-Robert Deom" de Lavaux (né le 12.1.1733, époux d'Ève Genin) dispose d'une maison de 2ème classe, emploie deux manœuvres et paie 13 écus, 11 escalins d'impôt.
  • La veuve de "Jean - Lorend Deome" de Nivelet (il s'agit de Marguerite Mairesse ; Jean-Laurent Déom né le 20.9.1716 est décédé le 23.5.1773) possède une maison de 3ème classe et a un manœuvre. Elle paie 2 écus, 18 escalins et 7 sols et demi d'impôt.
  • "Jacques-Joseph Deome" de Nivelet (né le 26.11.1753, époux de Marie-Marguerite Gérard) est propriétaire d'une maison de 1ère classe. Il a deux manœuvres et paie un impôt d'un montant de 18 écus, 19 escalins et 6 sols.
  • "Jacques Deome" de Gennevaux (né le 5.10.1757, époux de Marguerite Roger) est propriétaire d'une maison de 3ème classe. Il a un manœuvre et paie 3 écus, 12 escalins et 9 sols d'impôts.

Le "Décanat d'Yvoix" révèle aussi que les habitants de Léglise élèvent : 73 chevaux, 150 bêtes à cornes, 700 bêtes à laine, 30 cochons et 3 chèvres. La "liste des cochons pour remettre le penage" [188] trouvée dans les "œuvres de loi" [189] , nous apprend que Jean Déom de Narcimont n'élevait qu'un cochon tout comme Pierre Déom de Lavaux.

Et l'enseignement ? Sous l'ancien Régime, les enfants ne vont généralement à l'école qu'en hiver car les parents ont besoin de leur progéniture pour les travaux des champs. Mais tous les enfants ne peuvent pas aller à l'école car elle est payante. La communauté du Val-de-Guéblange signe un contrat de trois ans [190] avec Michel Brouquer qui sera chantre, "marguillier" [191] et maître d'école. Chaque enfant devra payer un sol par semaine pour apprendre à lire et un sol et six deniers pour apprendre à écrire. Au bout de six mois de classe, la dépense, par enfant, représentait l'équivalent d'un demi-cochon âgé de six mois... En Ardenne, les contrats sont semblables. En 1770, chaque enfant doit donner quatre sols par mois s'il commence à épeler et à écrire ainsi que six sols par an pour le bois de chauffage [192] . Mais si en Lorraine le maître est généralement un "régent d'école" laïc, c'est toujours un membre du clergé qui fait l'instruction des écoliers de la "Terre de Neufchâteau et du ban de Mellier".

Que peut-on dire sur notre famille dans ce contexte ? À notre connaissance aucun Deum n'a jamais été régent d'école, maire ou mayeur. Par contre, nous avons eu l'occasion de parler de Gérard, de Jean et de Bertholet, les Deum sergents, en leur temps, des justices du ban de Mellier, d'Anlier et du Chêne.

Jean Deum de Rancimont fut échevin de la justice d'Anlier à partir de 1633 [193] . Quelques années plus tard, Jean Deum de Gennevaux remplit durant 30 ans les mêmes fonctions à la justice du ban de Mellier ! De plus, Jean est "vinager" de Gennevaux en 1673 [194] .

Plus tard, le 19 septembre 1785, Jacques-Joseph Déom de Nivelet prête serment et devient échevin de la justice du ban de Mellier [195] :

"Aujourd'hui dix neuf septembre mil sept cent quatre vingt et cinq pardevant nous maïeur et Echevin de la justice du ban et Seigneurie de Mellier est personnellement comparu Jacques-Joseph Deom de Nivelet pourvu d'un emploi d'échevin de cette justice lequel a prononcé par serment preté entre nos mains de remplir avec fidélité et exactitude les devoirs de cet office et ainsi de rendre bonne et briefe justice sans faveur ni dissimutation en foi de quoi il a signé avec nous au village de Léglise." [196]

Signalons encore que Nicolas Deum est nommé "garde du ban de Vensville" en 1757 [197] .

Par ailleurs et mis à part un marchand, un charpentier, un "ouvrier de fourneaux" [198] , un maçon ou un maréchal-ferrant par-ci, un prêtre, un militaire ou un sergent par-là, la seule occupation de nos grands-pères du 18ème siècle consiste à travailler la terre. Le "Cadastre de Marie-Thérèse" de 1766 ainsi que des actes trouvés dans les "œuvres de loi" prouvent que plusieurs d'entre eux jouissent d'une certaine aisance même si les biens déclarés alors par Pierre Deum de Louftémont, Gilles Déom de Tintigny, François Deum de Cousteumont, les enfants mineurs de Jean Deum, décédé, et d'Anne Toussaint de Nivelet, Jean Deum de Rulles, Jean Déom de Narcimont, sont loin de valoir ceux déclarés par Jacques-Joseph de Senocq, curé de Léglise [199] ...
Pourtant, le sol ardennais est pauvre.
Voici, grâce à l'incontournable cadastre de Marie-Thérèse, la répartition des terres situées sur le ban de Mellier [200] :


Les terres du ban de Mellier en 1766

Les neuf villages du ban de Mellier représentaient 4 653 hectares alors que les 23 localités de la terre de Neufchâteau totalisaient 8825 ha dont 20,5% seulement étaient des terres labourables, 35,3% des terres sartables, 8% de prairies, 32,9% de bois et de haies, 1,7% d'enclos, 0,7% de jardins, 0,1% d'étangs et 0,8% de terres incultes [201] .
De plus, le nombre élevé d'enfants, on en compte souvent 8 à 10 par famille, va diviser le patrimoine. Les héritiers vont donc s'appauvrir progressivement. Tout cela explique, en partie, que bon nombre de nos aïeux aient quitté le milieu familial pour tenter de faire fortune ailleurs. Quelques-uns y parviennent. Arrivés en Lorraine à la fin du 17ème siècle, François Deum et Catherine Sagebien laissent en 1733, un héritage qui peut être estimé à une bonne vingtaine d'hectares de bonnes terres, ce qui est considérable pour l'époque.
Le laboureur François Deum est d'ailleurs un homme remarquable. Non seulement il a acquis de nombreuses terres ainsi que quatre maisons, mais il prend de plus la décision inattendue pour l'époque, de se retirer des affaires en s'attribuant... la retraite ! Alors, il "abandonne" ses biens [202] à ses six enfants, conservant tout de même ses maisons [203] ainsi que quelques terres qui lui permettront de nourrir les bêtes qu'il continue à élever pour pouvoir vivre. Lorsque François Deum décède, le 26 mai 1746, le maire du Val-de-Guéblange vient faire, à la requête de Catherine Sagebien sa femme et comme le veut la coutume, "l'inventaire de tous les meubles, effets, titres et papiers de la succession de feu François Deum" [204] . La longue énumération d'objets parmi lesquels on trouve les habits, le mobilier, les livres, les ustensiles, les outils permet d'apprécier le niveau de vie très acceptable atteint par la famille. Par ailleurs, la présence de huit livres, dont un bréviaire et deux "autres écrits en latin", atteste une culture certaine de l'ancien maître des lieux à une époque où, répétons-le, il fallait payer le "régent" pour avoir le droit d'aller à l'école !

On estime la valeur de chaque chose et on n'oublie ni le tas de fumier, ni le bois de chauffage, ni les bêtes, dont une vache "sous poil rouge, un veau de l'âge d'environ depuis la noël dernière" [205] ,deux porcs, quinze poules et un coq. On répertorie également les titres des terres que possédait encore le défunt.
Les deux experts nommés pour la circonstance estiment le tout à 976 livres, argent au cours de France [206] . Et puis on peut lire :

"Avons laissé a la veuve deum son lit garnÿ conformement a la disposition de la coustume de l'evesché de metz qui régente la communauté, d'entre laditte Sagebin dame dudit feu deum son marit."

Et encore :
"... avons encore pris et reçu le serment de laditte Catherine Sagebin veuve par lequel elle a aussy juré et affirmé que tous les meubles porté audit present inventaire sont tous ceux de la succession et quavant nÿ depuis la mort dudit deffunt son marit, elle n'a détournée ny veû detourner aucune effets par qui que ce soit..."

Un mois plus tard, le "sergent ordinaire en la justice du Val-de-Guéblange" se rend au domicile de la veuve pour vendre et adjuger aux plus offrants les meubles et effets ci-dessus répertoriés [207] . Catherine Sagebien achète, entre autres, sa vache, son veau, ses deux porcs et ses "quatre mouches à miel". Il ne semble pas que les autres acquéreurs, dont certains sont venus des localités voisines, aient eu le moindre égard pour la veuve Deum. Elle doit en effet donner 62 livres pour la vache qui avait été estimée 48 £ seulement, 12 £ et 10 sols pour le veau, 12 £ et 10 sols pour les deux porcs, 32 £ pour les quatre ruches d'abeilles, 5 £ et 10 sols pour le bois de chauffage et 5 £ et 10 sols pour les poules et le coq que les deux experts avaient respectivement cotés 9 £, 9 £, 24 £, 3 £ et 4 £ ! En tout, Catherine débourse 222 £ et 12 sols pour pouvoir garder des objets qu'elle avait achetés avec son défunt mari mais la vente lui rapporte 522 £ et 15 sols...

Cette enchère allait nous réserver une autre surprise. Il faut tout d'abord savoir que l'épouse de l'auteur des lignes de cette modeste production porte le patronyme de Killian dont les lointaines origines sont sans doute en Irlande. Nous savions que les Killian étaient venus, vers 1720, s'établir à Kappelkinger, une localité située à environ deux kilomètres de Ventzviller, le pays des Deum. Que nos grands-pères du début du 18ème siècle se connaissaient, ne faisait pas le moindre doute, d'autant que le père Deum avait besoin du menuisier qu'était le père Killian... L'affaire cependant se corse quand on apprend que Jacob Killian est venu acheter trois chemises ainsi que deux cuillères en étain du défunt François Deum !

Le 30 décembre 1746, le notaire Bienfait d'Albestroff [208] procède, avec le "consentement et l'agrément de Catherine Sagebien", au partage des derniers biens de François Deum estimés à 2 600 £. Il s'agit maintenant d'attribuer la "succession consistant en des maisons, granges, escuries, jardins, preids et pasturals [209] délaissés par le décès de François Deum leur père grand". Cinq lots [210] ont été préparés et un tirage au sort a lieu. L'acte du notaire précise encore :

"Bien entendu que la dite Catherine Sagebien, mère, belle-mère des parties partageantes, jouira sa vie durante de la maison qui est tombée en partage au dit Georges Gérard et à sa femme [211] et qu'elle jouira aussi d'une place dans la grange pour ÿ mettre son fourrage et pareillement une place dans les écuries pour y loger ses bestiaux."

Catherine Sagebien décède le 22 février 1758. "L'inventaire des biens de la défunte" nous permet de constater qu'elle avait toujours une vache et qu'elle en avait même prêté une autre à un habitant d'un village voisin [212] ! Et pourtant, Catherine avait alors 89 ans ! ...

On peut être surpris de constater avec quelle facilité nos pères vont officialiser leurs affaires chez les notaires. La plupart pourtant ne savent ni lire, ni écrire. Et si on ignore généralement sa propre date de naissance, on prend soin, par contre, de noter celle d'un veau ou d'un poulain, ceci étant bien plus important que cela. Dans les "œuvres de loi" de Mellier on peut lire, à la date du 11 mai 1725 [213] :
" ... déclare avoir pris à myre ou autrement à cheptel dez le 7 de ce mois une jument âgée de trois ans depuis le 21 mars dernier sous poil noir avec une étoile à la teste et c'est de Jean Deome de Genveaux au prix et somme de douze escus à cinquante six sols l'un ..." [214]

Ce n'est certes pas par plaisir que l'on se rend chez le notaire. Chacun désire cependant assurer ses arrières. En Ardenne, l'acquisition d'un bien se matérialisait de plus par le rite de la bûchette. On prenait un bâton et on le brisait. La "Justice" et l'acheteur gardaient chacun la moitié de la bûchette cassée. L'assemblage parfait des deux morceaux faisait la preuve de la bonne foi de chacun... Une autre tradition voulait que l'acheteur paie un "couvre-chef" à l'épouse du vendeur. C'était un geste de galanterie.

En Lorraine l'acheteur paie souvent les vins consommés pendant les tractations :

"... la présente vente ainsi faite et passée pour et moyennant la somme de cent cinquante livres, cours de France, avec les vins...".

ou encore lors de la vente d'une maison avec grange, écurie et jardin :

"... vendue pour la somme de mille cinquante livres, argent au cours de France, de prix principal et quarante huit livres même cours, pour les vins consommés entre les parties..." [215]

On se rend compte que certaines réputations ne datent pas d'hier...

Veuve de Noël Deum en 1699, Marguerite Plainchamp se remarie comme le faisaient la plupart des veuves. Elle épouse donc à Val-de-Guéblange le 10 juin 1703, Gilles Mathieu, veuf de Catherine Gilles. Un contrat de mariage est passé "pardevant Xphe [216] Stourm, tabellion commis en la châtellenie d'Albestroff " [217] . On y précise que la mariée gardera ses "bagues ioÿaux [218] et ses habits de quelle nature ils puissent estre". Ensuite Marguerite assure l'avenir de son fils François :

"... en outre les dits Mathieu et Plainchamps déclarent ne rien prestendre aux meubles nÿ immeubles délaissés par le dit Noël Deum dont le dit François Deum peut iouir [219] à présent de quelle nature ils puissent estre et dou ils puissent venir et si la ditte espouse apporte en mariage et fasse amener quelque pièce de bestes à cornes au logis de son futur espoux, si elle survy elle les reprendra avant partage ou hestimation d'icelles [220] qu'elle en fera faire avant de les amener au logis du dit Mathieu, et si c'est Gilles Mathieu qui survy il partagera les dites bestes par moitié avec le dit François Deum ou ses représentants et les dits futurs conioints apportent en communautez, scavoir le dit futur espoux la somme de nonante livres et la ditte espouse une somme de trente livres et une petite maison valant quarante cinq livres qu'elle retient au dit Vensville qui est l'ancienne maison de son défunct mary..."

Comme on peut le constater, rien n'est laissé au hasard !

Lorsque les enfants du premier lit sont encore mineurs, la veuve prend toutes les dispositions nécessaires pour garantir leur bien-être. Catherine Ismert est veuve de Pierre Deum en 1735. Elle se retrouve seule avec ses trois enfants dont l'aîné, Nicolas, n'a que cinq ans. Dans le contrat du mariage [221] qui va l'unir à Thierry Deprez, elle fait préciser :

"Que les enfants de la dite future espouse avec son deffunt mary seront nourys, élevés et habillés aux frais de la future communautée jusqu'à leur âge de majorité ou qu'ils seront pour eux par mariage ou autrement."

Dans la région de Léglise les prêtres remplissent parfois les fonctions du notaire. Alors, l'écriture et le style changent bien évidemment :

"L'an 1729 du mois de janvier le douzième jour ont comparu personnellement pardevant moi Protonotaire Apostolique et Curé de l'Eglise, Jean Deum de Genvaux..." [222]

La célibataire Marie Deum, née le 16 février 1687 à Gennevaux, fait son testament le 3 mars 1749 pardevant H. De Senocq, curé de Léglise [223] :

"Au nom du père et du fils et du St Esprit. Ainsi soit-il.
Cejourd'hui troisième du mois de mars mille sept cent et quarante neuf pardevant moy Curé de la paroisse de Léglise, personnellement comparu marie deom du village de genveau laquelle jouissant de ses droits et en plein jugement et entendement comme il m'a paru et aux témoins qui seront cy-après dénommés et voulant disposer du peu de biens que dieu lui a accordé en ce monde, nous a déclaré ses volontés de dernières dispositions, en la manière et forme qui suit :
premièrement elle recommande son âme à dieu son créateur, à la B. vierge marie sa bonne patronne, à son ange gardien et à toute la Cour céleste et choisi pour lieu de sa sépulture le cimetière de son église paroissiale, et laisse le soin de prier dieu pour le repos de son âme à ses héritiers qui seront plus bas dénommés.
2èment, elle laisse aux enfans de henry deom
[224] , son frère, tant présent qu'avenir tout son bien fond qui lui appartient et tout ainsi qu'elle en jouit pour être partagé également entre eux.
3èment, elle charge henry deom, son frère, de faire célébrer ses exeques
[225] d'abort que le Seigneur l'aura appellé de ce monde et d'y inviter les vicaires de la paroisse pour y servir une fois da moins à diacre et soubsdiacre.
4ément, elle prie henry deom, son frère, de lui faire célébrer des messes basses à un escalin chaque pour les dettes cy-dessoubs énoncées, scavoir six pour celle que Louis pierre lui doit et huit pour celle qui lui est düe par nicolas olivier, tous deux du vilage de genveau.
5ément, elle charge en outre henry deom, son frère, de douze messes à un escalin chaque.
6ément, elle laisse à marie deom
[226] sa filieule, une jupe violette de petite serge [227] .
Enfin elle laisse tout le reste de son meuble de quelle nature qu'il puisse être à henry deom son frère avec charges et conditions susdites..."

Si en Ardenne, tout le monde ou presque, est catholique, en Lorraine on trouve également des protestants [228] et des juifs. Cela engendre de graves problèmes avec le reste de la population. En 1740, plus de 180 familles juives vivent au duché de Lorraine où elles font déjà beaucoup de commerce et surtout pratiquent le prêt. La justice a énormément d'affaires à juger comme au Val-de-Guéblange le 12 octobre 1765 quand "Joseph Salomon, juif demeurant à Hélimer" réclame de l'argent à Nicolas Deum de Ventzviller [229] . Il faut souligner que le qualificatif juif était mentionné chaque fois qu'une personne de cette confession passait devant une autorité.
On ne conçoit plus de nos jours que des différences de croyances, maintenant considérées comme insignifiantes, aient pu engendrer tant de différends. Faut-il rappeler que huit guerres de religion opposèrent catholiques et protestants entre 1562 et 1598 ? L'intolérance a parfois rendu impossible la cohabitation entre des personnes de confessions différentes. Le temps a doucement atténué les rancœurs, mais n'a-t-on pas vu renaître certains antagonismes au cours de la Seconde Guerre mondiale ?

À notre connaissance, les "Deum" ont toujours été catholiques mais comme pour presque toutes les familles, la religion n'est plus la valeur fondamentale du milieu dans lequel nous évoluons aujourd'hui.

Nous terminerons ce chapitre en mettant l'accent sur le rôle secondaire accordé à la femme sous l'ancien régime. Ce n'est pas Marie Déom, mais la veuve de Charles Collignon de Mellier qui achète une maison avec écurie, grange et jardins [230] . Il faut lire la "marque" de l'acheteuse pour apprendre qu'il s'agit de Marie Déom ! Marie, comme toute femme ou comme tout enfant ardennais, doit être parrainée par un mambour, sorte de tuteur, d'administrateur testamentaire, lorsqu'elle veut vendre ou acheter un bien.
C'est le rôle que tient Jean Deum de Louftémont [231] en 1723 :

" ... mambour et curateur des enfants délaissés par la mort de feu Mathieu Strainchamp et Françoise Robert décédée depuis peu..." [232] .
Plus tard, en 1796, Jacques Déom, l'époux de Marguerite Roger, sera mambour de la paroisse de Léglise.

 

 

 

 

 



[149] Tiré de "Québec Directory, 1857".
[150] Nom d'origine flamande. Dejonghe : "le jeune".
[151] Élmire épouse Louis Rivest le 17 mai 1897 à Montréal. Elle est alors Élmire Déhon !
[152] Expression québécoise consacrée.
[153] Où 5 218 habitants ont été recensés en 1981.
[154] Nous remercions le docteur Guy Déom de Montréal de nous avoir transmis cette étonnante nouvelle.
[155] Voir "La Presse", journal de Montréal, du 4 août 1990.
[156] 1894 - 1994 : Basile était donc né, presque jour pour jour, un siècle avant notre visite. Rappelons que seuls les registres de plus de cent ans sont mis à la disposition du public.
[157] On remarque que Basile n'a pas de parrain. Cela arrive fréquemment. Parfois l'enfant a seulement un parrain. Il arrive toutefois que le nouveau-né ait un parrain et une marraine.
[158] Non, il n'y a aucune faute de frappe : il y a bien le chiffre "8" dans le nom de la grand-mère de Joseph Déom. Ce chiffre se prononce comme un "ou". Certaines terminaisons de noms s'écrivent "k8e" et d'autres "kwe". Dans les deux cas, il faut lire "koué".
[159] "Archives personnelles". Voir lettre n°697 du 25.11.1994.
[160] "Archives personnelles". Voir lettre n°738 du 19.1.1995.
[161] Voilà l'explication attendue...

[162] Voir page123
[163] "Archives personnelles". Voir lettre n°1170 du 10.8.1996 : "The Deome's spoke French, until lost in the American culture", c'est à dire : "Les Deome parlaient français avant de se fondre dans la culture américaine".
[164] Précisons tout de même que le 20ème siècle ne se terminera que le 31.12.2000.
[165] Assemblée appelée "vinage" en Ardenne.
[166] Jean-Robert Deum est centenier de Lavaux en 1766 : A.E. Arlon, "Cadastre de Marie-Thérèse", n°349.
[167] "Formule du serment à pretter par les bangardes.
Cejourdhuy ................ pardevant nous de la Justice de Mellier est comparu .................... choisis par la Communauté de ................ lequel a promis par serment réellement pretté entre nos mains de veiller soigneusement à la conservation des fruits champêtres de toute espèce dans toute l'étendue du ban de la dite Communauté et de faire exact rapport en Justice de tous les mésus qu'il aura rencontré sans avoir aucun égard si les parties intéressées se sont arrengées sur leurs dédomagement ou pas et signé avec nous de Justice."
(A. E. Arlon : "Œuvres de loi" de Mellier n°1604-1605, première moitié du 18ème siècle.)
[168] A. E. Arlon : Geubel et L. Gourdet, "Histoire du Pays de Neufchâteau", page 269.
[169] Plaids annaux de 1778 au Val-de-Guéblange : élection du maire, du 1er échevin, du 2ème échevin, du greffier et du sergent. Voir "série B", n°5090 aux A. D. Moselle (Metz).
[170] Concernant le Val-de-Guéblange, la haute justice était confiée au bailliage de Vic-sur-Seille.
[171] Souvent appelé tissier.
[172] Marchand ambulant, colporteur.
[173] Fabricant de charrettes.
[174] Barbier pratiquant la saignée ! Gilles Mesancelle est chirurgien et maire du Val-de-Guéblange en 1724.
[175] Dans l'ordre : gardien de troupeaux, ouvrier couvrant les toits, aubergiste (parfois aussi : celui chez qui on loge).
[176] Coiffeur.
[177] Préparateur de peaux.
[178] Fabricant d'outils.
[179] A.E. Arlon : "Décanat d'Yvoix". On distingue le maître cordonnier, le cordonnier, l'apprenti cordonnier et le garçon cordonnier ! Notons qu'en 1766, Neufchâteau compte 817 habitants.
[180] Pierre Hannick : "Neufchâteau de 1755 à 1814", page 240.
[181] Abeilles.
[182] Le "laboureur à 1 charrue" possède 5 à 6 chevaux et exploite 9 à 12 ha. Rares sont les "laboureurs à 3 charrues" qui ont 16 chevaux. Le "laboureur à ½ charrue" a 3 chevaux et même moins.
[183] A.E. Arlon : "Cadastre de Marie-Thérèse", n°349.
[184] A.E. Arlon : "Décanat d'Yvoix".
[185] Le forestier est un garde des bois qui cultive bien évidemment aussi ses terres.
[186] Le "Dictionnaire historique de l'ancien langage François", donne : "Pièce de bois ferrée et munie de crochets à laquelle on attache les traits des chevaux".
[187] A. E. Arlon : "Œuvres de loi" de Mellier, n°1604-1605, "Rolle des aides imposé au ban de Mellier par mendement du 15 mars 1780".
[188] Penage, pasnage : droit de faire paître les porcs. Redevance due au seigneur pour la glandée et pâture (on disait alors la paisson) des porcs.
[189] A. E. Arlon : "Œuvres de loi" de Mellier, n°1604-1605, le 23.12.1762.
[190] A. D. Moselle (Metz) : "3E32", page 123 du 29.3.1751.
[191] Membre du conseil de fabrique chargé d'administrer les biens de la paroisse.
[192] Pierre Hannick : "Neufchâteau de 1755 à 1814", page 227.
[193] Jean Deum né vers 1577. A.E. Arlon : "Justice d'Anlier" n°24, page 88.
[194] A. E. Arlon : "Œuvres de loi" Mellier, n°1566, page 59 du 24.4.1673. Jean Deum, né vers 1610, est l'époux de Catherine Olivier.
[195] A.E. Arlon : " Œuvres de loi" de Mellier, n°1576, page 14 du 19.9.1785. Jacques-Joseph Déom avait été baptisé le 26.11.1753.
[196] "Briefe" : brève ; "dissimutation" : dissimulation ?
[197] A. D. Moselle (Metz) : "série B", n°5085 du 11.10.1757. Autrement dit, Nicolas était bangard. Plus tard le bangard sera appelé garde champêtre.
[198] Lorsque le fourneau deviendra... haut cet ouvrier sera appelé haut-fourniste ! Que les historiens nous pardonnent cette boutade...
[199] A.E. Arlon : "Cadastre de Marie-Thérèse" n°33, 160, 347, 349 et 350. Les biens de Pierre Deum de Louftémont, par exemple, sont évalués à 717 écus, 3 escalins, 4 sols et 2 deniers alors que ceux du curé Jacques-Joseph de Senocq valent 7474 écus, 7 escalins, 6 sols et 1 ½ deniers ! ...
[200] Graphique réalisé à partir des données fournies par "Atlas Historique du duché de Luxembourg de J. Ruwet et C. Bruneel" (A. E. Arlon).
[201] Pierre Hannick : "Neufchâteau de 1755 à 1814", page 20.
[202] Notaire St Py de Albestroff, A. D. Moselle (Metz) : "3E22", page 21 et suivantes du 11.4.1733.
[203] François et Catherine vendent une maison en 1735, une autre en 1737 et les enfants héritent des deux dernières en 1746.
[204] A. D. Moselle (Metz) : "série B", n°5082 du mardi 7 juin et du mercredi 8 juin 1746.
[205] Le veau a donc environ 5 mois.
[206] Une livre valait 20 sols et le sol était l'équivalent de 12 deniers. Dans la région, on payait aussi en livres, cours de Lorraine, qui valaient sensiblement moins. Avant le rattachement du duché de Lorraine au royaume de France en 1766, il fallait environ 1,4 £ (Lorraine) pour obtenir 1 £ (France).
[207] A. D. Moselle (Metz) : "série B", n°5082 du 13.7.1746.
[208] A. D. Moselle (Metz) : "3E27", page 145 et suivantes.
[209] Prés et pâtures.
[210] En 1733, on parlait de six enfants. Entre-temps est donc probablement décédé Joseph, le benjamin de la famille, resté célibataire. Le registre des décès du Val-de-Guéblange ne mentionne pas ce fait mais Joseph a bien entendu pu mourir dans une autre localité.
[211] Marie-Anne Deum, fille de Catherine.
[212] A. D. Moselle (Metz) : "3E33", pages 163 et suivantes du 3.3.1758.
[213] A.E. Arlon n°1562, page 50.
[214] Prendre à "myre" ou à "cheptel" : prendre en location. Il s'agit ici de Jean Deum époux de Jeanne Jacob.
[215] A. D. Moselle (Metz) : "3E45", page 229 du 26.4.1783 lors de l'achat d'une maison par J.P. Schmitt et Catherine Deum. L'argent dépensé pour les vins représente donc environ 4,5% du prix de la maison...
[216] Abréviation de Christophe.
[217] A. D. Moselle (Metz) : "3E17", pages 37 et 38.
[218] Joyaux
[219] Jouir
[220] Icelles = celles-ci ; par ailleurs, iceluy = celui-ci.
[221] A. D. Moselle (Metz) : "3E23", page 82 et suivantes du 16.11.1735.
[222] A.E. Arlon : "Cure de Léglise II - 38 - 84" du 12.1.1729. L'acte est signé Pierre Charles Juste Goffin, curé de Léglise.
[223] A.E. Arlon : "Curés de Léglise".
[224] Henry Deum né le 28.3.1690
[225] Obsèques.
[226] Marie Déom est née le 5.1.1714 à Vesqueville.
[227] Étoffe légère de laine.
[228] Baerenthal, dans le pays de Bitche, était une paroisse totalement protestante. Notons que les réformés refusèrent le calendrier grégorien qui avait remplacé le calendrier julien en 1582.
[229] A. D. Moselle (Metz) : "série B", n°5086.
[230] A.E. Arlon : "Œuvres de loi" de Mellier n°1574, pages 13 & 14 du 29.3.1784.
[231] Ce Jean Deum, né à Nivelet et baptisé à Léglise le 22.2.1684, est l'ancêtre des Déom dont beaucoup habitent aujourd'hui encore à Louftémont, Behême, Anlier et Habay.
[232] A.E. Arlon : "Justice d'Anlier", n°42 du 13.7.1723.