Gai, gai, marions-nous !



Sachez tout d'abord qu'il est arrivé au moins 66 fois que deux mariages, concernant des membres de notre famille, soient célébrés le même jour. Si le 1er décembre 1759 ce fut dans la même église, - celle de Léglise en l'occurrence -, généralement cela s'est produit dans des lieux, voire dans des pays différents.

Mais nous avons fait beaucoup mieux le 10 août 1974 ! Figurez-vous que ce jour-là, trois mariages "Deum" furent fêtés :

  1. En Belgique, Jacqueline épousait Bernard à Anlier,

  2. En France, à Sérignac dans le Lot-et-Garonne, Philippe unissait sa destinée à celle de Ginette, et...

  3. Au Québec, à Boucherville près de Montréal, Sylvie convolait en justes noces avec Jacques !

À propos du Québec, savez-vous qu'en 1871 on y recensait la bagatelle de 508 paroisses dont 143 se trouvaient à Montréal et 153 à Québec ?

Nous l'avons déjà dit, c'est l'autorité religieuse qui est chargée de la tenue des registres d'état civil du Québec. On note d'ailleurs parfois quelques bizarreries.
Par exemple, l'identité des parents de la mariée sur l'acte de mariage est différente de celle donnée sur un certificat du même mariage ! Cela s'est passé en 1947.
Par ailleurs, et tout en faisant abstraction des accents, nous avons relevé neuf différentes façons d'orthographier le nom de la même personne ! Il s'agit de Mathilde Defayette, l'épouse de François-Victor Déom. Nous sommes pourtant déjà dans le dernier tiers du 19ème siècle. Si le nom est orthographié quinze fois Defayette, on trouve par ailleurs des Despayette, De Fayette, Desfayettes, Desfayette, de Faillette, de Lafeuillette, Fayet et Défaillette ! Et lorsque le fils de Mathilde se marie en 1946, il est appelé Victor Déom, dit Lafeuillette...

Albert est veuf à 38 ans. Remarié, il divorce alors qu'il vient de célébrer son 73ème anniversaire. Deux ans plus tard, il unit son destin à celui de Catherine !

Jean-Paul, né à Thibessart au 18ème siècle, se marie quatre fois étant, bien entendu, devenu veuf à trois reprises. Seules ses deux premières épouses lui donnent des enfants : quatre d'Anne-Marie suivis par deux autres d'Anne-Catherine. Jean-Paul a 65 ans quand il épouse en 1836, Marie-Françoise, sa cadette de 24 ans.

Jean-Baptiste, né en 1808 à Suxy, est bien décidé à prendre femme. La promise est Marie-Joseph Henrion d'Orgeo. Monsieur le maire de Suxy, comme le veut la loi, prépare les bans qui, bien qu'inscrits dans les registres, ne seront jamais publiés. Le maire a, en effet, ajouté l'annotation suivante :

"La présente publication n'a pas eu lieu attendu que l'une des parties, la nommée Marie-Joseph Henrion, a déclaré ne pas être en sentiment d'être mariée au dit Déom."

Mais il en faut bien davantage pour démonter notre Jean-Baptiste. Quelques mois plus tard, il se marie avec Joséphine Absin de Les-Fossés...

À présent, nous vous proposons un petit problème.
Nous avons retrouvé un contrat de mariage entre "Henri Joseph Deome, garçon majeur cultivateur de Cousteumont né du mariage de Nicolas Deome avec Marie Thérèse Maur, et Marie Thérèse Lafontaine, cultivatrice majeure domiciliée aux Fossés, née du mariage de Jean Lafontaine avec Marguerite Adam". Ce contrat est signé par les deux parties le 16 novembre 1815 chez le notaire Ponce Orban de Neufchâteau [450] .
Un mois plus tard, le 15 décembre 1815 [451] , nous trouvons un autre contrat de mariage établi entre "Henri Joseph Deom, garçon majeur, cultivateur domicilié à Cousteumont, né du mariage de Nicolas Deom avec Marie Thérèse Maure, d'une part, et Marie Catherine Balbeur, fille mineure [452] née du mariage de Salomon Balbeur avec Anne Joseph Honechenerer, d'autre part."
Sachant que :

  1. Les deux documents sont respectivement signés "henrie Joseph Deome et henrie Joseph Deom". L'écriture est la même !

  2. Sur les neuf enfants qu'ont eu Nicolas Déom et Marie-Thérèse Maur, un seul avait été appelé Henri-Joseph.

  3. À notre connaissance, Jean Lafontaine et Marguerite Adam n'ont eu qu'une seule fille prénommée Marie-Thérèse. Cette dernière épouse d'ailleurs un certain Etienne Lambert le 8 novembre 1815 à Les-Fossés.

  4. Une Marie-Thérèse Lafontaine épouse, le 12 mai 1817 toujours à Les-Fossés, un dénommé Jacques Mergeay. Mais elle est la fille de Nicolas Lafontaine et de Marie-Thérèse Noël.

  5. Nous n'avons jamais trouvé ni la publication des bans, ni à plus forte raison l'acte de mariage entre Henri-Joseph Déom et Marie-Thérèse Lafontaine. Par contre, les bans du mariage Deom - Balbeur ont bien été proclamés les 10 et 17 décembre et le mariage a été célébré le 20 décembre 1815 à Assenois.


    Voilà, il ne vous reste plus qu'à trouver l'erreur...

Célestine de Neufchâteau et Jeanne-Marguerite de Behême ont été mariées trois fois et ont été veuves trois fois.

Nicolas a 64 ans et il est veuf depuis six ans. Il épouse alors Marie-Modestine, sa cadette de 28 ans, qui lui donnera encore deux enfants. Lorsque naît le dernier, Nicolas a 67 ans !

On dit qu'il faut être mûr avant de se marier. C'était le cas d'Omer, qui fêtait ses 57 ans quelques jours après son mariage et qui pourtant... divorçait deux ans et demi plus tard !

D'autres ont également beaucoup réfléchi avant de se marier :

  • Joseph Déom et Marie-Amélie ont déjà quatre enfants quand ils se présentent devant Monsieur le maire. Deux autres bambins compléteront encore la famille.

  • Bernard Déom et Denise ont cinq enfants et lorsqu'ils régularisent leur situation l'aîné a 23 ans et la benjamine en a 3 !

  • Marie-Joséphine Déom, née au début du 19ème siècle, est six fois fille-mère ! Alors seulement elle se décide à se marier...

D'autres encore ont choisi :

  • Une femme dont l'anniversaire coïncide avec le leur, comme Jean-Marie et Édith,

  • De se marier le jour même de leur anniversaire, comme Berthe, Léonne, Rolland, Marie-Henriette, Jenny, Jean, Léo et Vincent.

Si notre nom a disparu des registres d'état civil de Harzy près de Wardin, c'est pour la bonne raison que sur les huit enfants que le couple Déom - Goffinet a élevés, seule Catherine s'est décidée à fonder une famille.

  • Veuf d'Yvette, Adelard Déom épouse Liliane, la sœur de sa première épouse.

  • Marie était très satisfaite de son Déom : veuve de Lionel, elle épouse Albert, le frère.

  • Thomas avait épousé Marie-Jeanne Déom. Lorsque cette dernière décède, Thomas obtient la main de Marie-Joseph, la sœur cadette de Marie-Jeanne.

  • Scénario identique avec Noël, un vitrier suisse installé en Wallonie, qui épouse Bertha Déom, la sœur cadette de sa première épouse Camille.

Antoine épouse Joséphine Leclerc en 1854. L'année suivante, Isidore le frère d'Antoine, se marie avec Catherine, la sœur de Joséphine ! Isidore avait certainement eu de bons tuyaux de son frère. À moins que Joséphine ait fait des confidences à Catherine ?
Les mêmes scénarios se renouvellent :

  • À Paris en 1864 et 1867 quand les frères Jean-François et François Chagot, de souche lorraine, épousent les deux sœurs, Marie-Joseph et Marie-Odile Déom, originaires de Nivelet.

  • À Bertrix en 1988 et 1994 quand les deux sœurs Annick et Vinciane Déom épousent les deux frères Stéphane et Alain Perreaux.


Encore un peu mieux. François Déom épouse Marie-Antoinette Noël à Assenois en 1840. Ce mariage donne des idées au célibataire endurci qu'est Pierre, le frère aîné de François. En 1848 à Assenois, Pierre épouse en effet… Marie-Antoinette Noël, la sœur cadette de la femme de son frère !

Beaucoup plus récemment, à Poseyville aux U.S.A., les sœurs, Margaret et Patricia Deom, ont dit "Yes" à Thomas Engelking et à Bill Flynn. Cela s'est passé le même jour et dans la même église.

Mieux encore. Josiane a uni son destin à celui de Bruno et Anna à celui de Joseph.
Et alors ? Eh bien, cela s'est passé le même jour et dans un même lieu !
Et alors ? Eh bien, Josiane est la sœur de Joseph et Bruno est le frère d'Anna !

Encore plus fort !
Cela se passe de nouveau aux États-Unis. Mary-Rose Deom épouse Joseph Dauby en 1896. En 1902, Victoria Deom se marie avec John Dauby et en 1905, c'est au tour de Pauline Deom de convoler en justes noces avec Frank Dauby.
Sachez que Mary, Victoria et Pauline sont sœurs et que Joseph Dauby est le père de John et de Frank !
Quand tous ces mariages sont célébrés :

  1. Mary-Rose est devenue la belle-mère de ses deux sœurs.

  2. Ces deux dernières deviennent belles-sœurs.

  3. Les deux frères, John et Franck, sont également beaux-frères.

  4. Joseph est le beau-père de ses deux belles-sœurs.


    Ah ces Américains !

Marie-Joseph Marchal, la fille de Marie-Françoise Déom d'Arville, a épousé Henri Dieudonné Verlaine, le cousin du père de Paul Verlaine. La famille du poète, né à Metz, est originaire de Bertrix mais les racines profondes sont à Verlaine, petit village près de Neufchâteau.
Quand on vous dit que nous sommes tous cousins !

Julienne Déome de Gennevaux était l'épouse de Henry-Joseph La Fontaine et Claude François Racine était le mari de Marie-Joseph Déom de Virton. Il ne reste plus qu'à démontrer que Claude François et Henry-Joseph sont les cousins des deux poètes...

Il arrive parfois que l'enfant tant désiré se fasse attendre. Mais la joie n'est que plus grande encore quand il a fallu patienter quelques années pour devenir papa et maman. Cela a duré :

- 10 ans pour Victor et Denise,
- 12 ans pour Léon et Micheline,
- 14 ans pour Gérard et Brigitte,
- 15 ans pour Gustave et Simone,
- 17 ans pour Maurice et Françoise et pour Jacques et Danielle !

Marie-Jeanne Deum est née à Rulles le 12 janvier 1749. Elle vient tout juste d'avoir 16 ans quand elle épouse Jacob Perleau à Rulles le 17 février 1765 !
Après de minutieuses recherches et vérifications, il semble bien qu'il ait fallu attendre presque 24 ans pour que cette même Marie-Jeanne soit enfin maman pour la première fois ! Marie-Victorine Perleau naît en effet à Rulles le 7 juin 1789. Les performances énumérées dans le paragraphe précédent seraient donc pulvérisées !
Le couple ne semble pas avoir quitté le pays où Jacob et Marie-Jeanne sont plusieurs fois parrain et marraine au cours de ces nombreuses années.

En 1803, la veuve Perleau porte plainte car elle avait, avec son défunt mari, dépensé beaucoup d'argent pour venir en aide aux religieux de l'abbaye d'Orval, obligés de quitter leur retraite incendiée par les troupes françaises en 1793. Les religieux se sont alors établis au Luxembourg puis à leur prieuré de Conques et le couple s'est beaucoup occupé, avec voiture et chevaux, du transport des effets des moines qui sont aussi "passés et repassés à Rulle chez la citoienne". Marie-Jeanne Deum qui leur a fourni 112 moutons, de la laine ainsi qu'une pièce d'eau de vie pour lesquels elle demande respectivement 940, 105 et 57 florins.
La plaignante demande aussi 1 247 florins, soit 2 079 francs en argent de France pour les frais de transport [453] . Rien de tout cela ne lui a été payé...
Deux ans plus tard, Marie-Jeanne épouse Rigobert Herbulot de Pouru-St-Rémy, près de Sedan, qui a vingt ans de moins qu'elle...

Si Marie-Jeanne avait bien vécu seize printemps avant de se marier, sa sœur Marie-Catherine, n'avait que 15 ans et 9 mois lorsqu'elle épousa Jean-Baptiste Jacob à Rulles le 11 avril 1751 !

Jean-Joseph Lemaire était dans sa 55ème année lorsqu'il épousa Marie-Thérèse Déom de Vesqueville qui venait d'avoir 19 ans ! De cette union naquirent Jean-Joseph et Auguste.

En 1990 et en premières noces, s'il vous plaît, Céline épouse Marc, 43 ans. Le couple a les honneurs de la télévision belge. Il est vrai que Céline Déom vient de fêter ses... 85 printemps !

Nous connaissons les dates précises de plus de 1 800 mariages avec un "Deum" dans le rôle du marié ou de la mariée. Si on établit un classement selon l'âge croissant de ces tout jeunes mariés, on aperçoit, menant le peloton, un important groupe de filles. Il faut aller à la 36ème place pour trouver le premier garçon. Il s'agit de Jean-Joseph Deum qui a 18 ans et demi quand il se marie à Heyd le 24 mai 1819. À l'autre bout de ce classement, on trouve, mais loin, très loin derrière tout le monde, Céline Déom dont il a déjà été question.
Sur les 138 "Deum" qui avaient plus de 40 ans le jour de leur mariage ou de leur remariage, nous trouvons seulement 38 filles ! Si 42 de ces célibataires de "longue durée" ont vécu au 19ème siècle, il faut encore remarquer qu'on en compte 35 dans la première moitié du 20ème et 49 après 1950.

Mais à quel âge, en général, nous marions-nous ? Nous allons faire une distinction entre garçons et filles et faire un bilan sur trois siècles : 18ème, 19ème et 20ème en divisant même ce dernier en deux parties égales. Nous ne prenons pas en considération le 17ème siècle, car seules douze dates de mariages nous sont connues et il est impossible de tirer des conclusions à partir de si peu de données.

Il faut encore noter qu'à partir de 1792, c'est la date du mariage civil qui est pris en compte.
Quelles sont les caractéristiques de ces mariages ?

1) Quel est l'âge du marié ou de la mariée ?


Âge moyen au moment du mariage

2) Quelle date choisit-on ?

Le quantième du mois le plus prisé est le 22 et le 24, suivis de très près par le 19 et le 20. Par contre, le 29 est le jour le moins apprécié. Même le 13 a une meilleure cote !
C'est incontestablement au cours du mois de mai que le plus de mariages ont été célébrés, devant avril et juillet et février. Les jours de l'année arrivant en tête, ex æquo, avec treize unions proclamées sont les 19 avril, 26 avril et 15 mai !
Mais les choses sont en train de changer comme le montrent les statistiques suivantes (en % du nombre de mariages célébrés) :

Ce tableau donne le nombre d'unions célébrées au cours de chaque mois pour un total de 100 mariages proclamés durant la période considérée.
Par exemple : une moyenne de 6,34 mariages ont eu lieu en juillet dans la période allant de 1901 à 1950. Nous obtenons le graphique :

Quand allons-nous nous marier ?

Malgré une moyenne annuelle ramenée à 28 jours un quart, le mois de février était le préféré de nos ancêtres du 18ème siècle. Nous constatons aussi que mars et décembre n'ont vraiment jamais été bien cotés alors que durant un siècle et demi, de 1800 à 1950 environ, c'est mai qui a eu la meilleure "fréquentation".
Enfin, on s'aperçoit que les mois de l'été, juin, juillet, août et septembre ont, depuis quelques années, les faveurs des fiancés de cette fin de millénaire. Auparavant, cette période était plutôt consacrée aux travaux des champs !
C'est après la Seconde Guerre mondiale que le plus grand nombre de mariages ont été célébrés : seulement 7 en 1943 et 4 en 1944 puis 20 en 1945, 18 en 1946, 22 en 1947, 20 en 1948, 14 en 1949, 22 en 1950, 21 en 1951 et 26 en 1952, record à battre. Par la suite on passe au-dessous des 20, sauf en 1963 (20) et 1975 (23). Depuis, leur nombre décroît et entre 1993 et 1999 on a proclamé, en moyenne, environ huit mariages par an !

 

Quelques nouvelles nécrologiques


Jean-Guillaume Déom qui fut tisserand à Léglise en 1847, s'installe à Paris avec son épouse et ses cinq enfants. Il exerce alors le métier de forgeron puis de jardinier. En quelques mois de l'année 1875, il perd sa femme et ses deux filles pourtant déjà adultes. Nous n'avons jamais retrouvé la trace de Jean-Guillaume, ni celle de ses deux garçons.
Au passage, soulignons la polyvalence de cet homme qui fut aussi cultivateur en 1857 à Léglise.

Né en 1824 à Rossignol en Belgique, Joseph Déome est retrouvé mort sur la place du parvis de Notre Dame à Paris le 6 janvier 1877.

Catherine-Joseph Déom, neuf ans, meurt à Cousteumont le 23 nivôse de l'an dix de la République [454] . L'acte de décès porte la mention "cultivateure" !

Louis-Joseph Déom d'Orgeo et son épouse, Marie-Augustine Urbain, ont eu dix enfants ! Les trois aînés meurent du croup en deux jours, les 14 et 15 avril 1863. Ils avaient alors trois, deux et un ans !

Dans un registre de décès de la paroisse de Longlier - Neufchâteau, on peut lire : "Le 21 juillet 1791 à quatre heures du matin est morte Marie-Jeanne Deom épouse a Jean Baptiste Rolland, pauvre homme..."

Les six enfants que Marie-Élisabeth Pigeot avait donnés à Jean-Nicolas Déom, domestique à Marbay, décèdent les uns après les autres. Un garçon et une fille meurent en 1863. Entre le 12 mars 1879 et le 8 avril de la même année, le couple perd trois filles et un autre garçon ! Ce garçon, Jacques-Joseph, le plus âgé de tous, avait tout juste atteint la vingtaine...

Des dix enfants qui naissent à Ferrières au début du 19ème siècle d'Anne Élisabeth Corbelle et de Joseph Deum, seuls deux filles et un garçon survivent. Voilà qui explique, en partie, la disparition de notre nom de cette localité où notre famille était restée ancrée durant deux cents ans.

Honoré-Joseph naît à Vièrves le 3 février 1880 à 11 heures. Un autre Honoré-Joseph naît à Vièrves le 3 février 1880 à 12 heures. Les parents, Désiré Déom et Marie-Joseph Piraux, ne sont cependant pas heureux longtemps car les jumeaux décèdent les 9 et 10 février de la même année.

Eugène Philippe Déom est cultivateur au début du 20ème siècle à Baerendorf en Alsace. Marie-Angélique Fiegel, sa femme, lui donne six enfants, trois garçons et trois filles. Si ces dernières laissent une descendance, les trois garçons sont par contre décédés. Deux sont morts de maladie à l'âge de 10 et 15 ans alors que le troisième se tue en faisant une chute à bicyclette. Il avait alors 18 ans !

Quelques membres de notre famille ont quitté ce monde le jour même de leur anniversaire. C'est le cas d'Englebert Déom décédé à Mellier en 1842, le jour de ses 62 ans, d'Albert Déom mort en 1972 à Neufmanil à l'âge de 71 ans, d'Omer Déom qui s'est éteint le jour de ses 72 ans à Jambes en 1977, de Raymond Deum qui devait fêter son 62ème anniversaire à Stavelot en 1985, d'Ernest Déom mort à Marche en 1988 âgé de 82 ans et d'Yvonne Déom qui s'est éteinte à 83 ans en 1990 à Agimont.

S'il est arrivé 21 fois que deux membres de notre famille meurent le même jour en des endroits généralement différents, rappelons que durant la Première Guerre mondiale le père, Édouard Déom, et ses deux fils, Joseph et Louis, sont morts fusillés par les Allemands le 22 août 1914 à Tintigny. Gravement blessé le même jour, Henri, le frère d'Édouard, fut abandonné au bord de la route et personne ne retrouva jamais son corps.
Dans des conditions moins tragiques, le 14 septembre 1954 vit mourir Marie-Eugénie Déom, 82 ans, Pauline Deom, 68 ans, et Firmin Déom, 69 ans, respectivement à Habay (B), Leopold (U.S.A.) et Neufchâteau (B).

Il nous est souvent arrivé ici de parler de François-Xavier Déom parti de Virton pour Montréal où il épouse Anne Lorge dès 1859. Le couple a neuf enfants dont sept décèdent dans l'année qui suit leur naissance. François-Victor, le frère du précédent, ne tarde pas à rejoindre également la "Belle Province" où il exerce la profession de confiseur, métier qu'il avait appris à Mézières (France) [455] . François-Victor Déom épouse Mathilde Defayette à Montréal le 20 mai 1862. C'est en accouchant de son quatorzième enfant que Mathilde décède le 25 mai 1883. Seulement deux filles (sur neuf) et un garçon (sur cinq) survivent. Les autres sont morts, le plus âgé n'ayant pu fêter que douze anniversaires ! Le bilan est terrible : les deux couples ont perdu 18 de leurs 23 enfants !

Au Québec lorsque vient au monde un enfant mort-né, dans le registre des décès on écrit souvent : "Déom anonyme".

Avant de faire un bilan concernant les décès, précisons d'abord que nous n'avons pas du tout la prétention d'établir de statistiques sur la durée de vie des gens ayant vécu au 18ème ou au 19ème siècle. Cette remarque concerne aussi les bilans réalisés précédemment sur les naissances et sur les mariages. Nous faisons ici, seulement le compte-rendu du constat fait au niveau de notre famille.
Ceci étant précisé, revenons à nos décès pour remarquer tout d'abord qu'il serait vain de vouloir tirer des conclusions avant 1750. Jusqu'alors les inhumations ne sont pas systématiquement mentionnées dans les registres de sépultures, notamment celles des enfants de moins de dix ans.


Le tableau suivant donne le nombre des décès connus par rapport au nombre de personnes nées dans une période donnée.


* = séries en cours...


Seuls 198 décès sur les 269 "Deum" nés dans la seconde moitié du 18ème siècle, nous sont donc connus. Au 19ème siècle, nous en avons 993 sur 1261, soit respectivement 73,6% et 78,7%. Que sont donc devenues les autres personnes ?

Il est certain que des prêtres du 18ème siècle ont parfois oublié de transcrire quelques enterrements dans leurs registres. Rappelez-vous qu'à Léglise on ne relève aucun décès entre le 31 décembre 1774 et le 31 décembre 1778. Mais cette négligence ne concerne certainement plus le 19ème siècle. Alors ? Eh bien, certains décès ont tout simplement échappé à notre ratissage pour la bonne raison qu'il existe une infinité d'endroits pour mourir ! Rien n'empêche, en effet, une personne née à Nivelet, d'aller finir ses jours à Amsterdam, par exemple ! Comment retrouver ce fait avec les moyens dont nous disposons ?

Et si la Belgique ne mesure que 30 000 km2, il s'y trouve, malgré tout, de nombreuses communes, même après les fusions de 1976 ! Et puis, notre famille est aussi installée en France, en Allemagne, aux États-Unis et au Canada où le problème est encore beaucoup plus ardu.

Le tableau, ci-après, donne les caractéristiques de notre inventaire.



Destin du "Deum" né entre 1750 et 1900

L'importante mortalité infantile est principalement due aux épidémies et aux famines. Des organismes spécialisés donnent un mort sur quatre naissances au 18ème siècle [456] . Nous sommes donc très loin du compte.

Le tableau, ci-dessous, exprime, selon nos données, l'âge moyen de nos aïeux au moment de leur mort.

"Deum" nés entre 1750 et 1800
"Deum" nés entre 1801 et 1900
Filles
47 ans et 2 mois
40 ans et 50 mois
Garçons
44 ans et 1 mois
44 ans et 1 mois

Âge moyen au moment du décès

Le constat fait précédemment sur les décès "oubliés" se confirme ici. Entre 1750 et 1800, l'espérance de vie atteignait à peine les trente ans. Or nous constatons que nos aïeux de l'époque mouraient, en moyenne, vers 45 ans !
Autre remarque : contrairement aux statistiques officielles, les garçons "Deum" vivent donc plus longtemps que les filles. Selon ces études [457] , l'espérance de vie à la naissance était d'environ 35 ans au début du 19ème siècle pour atteindre 45 ans à la fin du même siècle.
Si les chiffres, ci-dessus, semblent flatteurs pour notre famille au 18ème siècle, ceux du 19ème se situent, par contre, dans les normes pour nos femmes et sont assez avantageux pour nos hommes.
Par ailleurs, si la durée de vie moyenne était bien faible, cela n'empêcha pas certains d'atteindre un âge très respectable. C'est ainsi que :

  • Anne, Jeanne et Englebert, nés respectivement en 1691 à Gennevaux, en 1678 à Habaru et en 1658 à Nivelet, décédèrent âgés respectivement de 81, 84 et 84 ans et demi.

  • Cinq "Deum" nés au 18ème siècle ont dépassé les 90 ans : Jeanne-Marie de Lavaux (90), Marie-Jeanne épouse Delva de Thibessart (90), Jean de Gennevaux époux de Suzanne Fineuse (91), Marie-Catherine de Louftémont (91) et Henri-Joseph époux de Marie-Jeanne Adnet de Tintigny (92 ½).

  • 139 "Deum" nés au 19ème siècle sont morts âgés de plus de 80 ans, 16 d'entre eux ont même passé le cap des 90 ans ! Parmi eux, Mary-Bertha Deom, épouse de Georges Alvey, née en 1893 à Leopold, en Indiana, avait 99 ans et 8 mois à son décès.

C'est le record à battre au moment où nous écrivons ces lignes !
Enfin, il est bien évidemment trop tôt pour faire un bilan sur le dernier siècle de ce millénaire. Précisons tout de même que durant la première moitié du siècle on compte, en moyenne, un mort-né toutes les 43 naissances alors qu'après 1950, il n'y en a plus qu'un sur 157 naissances, le dernier cas s'étant présenté en 1964 au Québec.
À notre connaissance, seulement 399 des 871 personnes, nées entre 1901 et 1950, et 27 des 808 nées entre 1950 et nos jours, sont actuellement décédées. Pour les autres l'aventure se poursuit... Les membres de notre famille vont évidemment suivre la tendance générale et vivre de plus en plus longtemps. L'espérance de vie est en progression spectaculaire, surtout depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les hommes et les femmes qui venaient au monde au début de ce siècle avaient une espérance de vie de 45 ans et demi pour les uns et de 48 ans et 8 mois pour les autres.
Le tableau, ci-dessous, montre l'évolution de l'espérance de vie des Français depuis 1946 [458] .
La supériorité des femmes sur les hommes est éclatante !

Année
Hommes
Femmes
1946
59,9
65,2
1956
65,2
71,7
1966
67,8
75,2
1976
69,2
77,2
1986
71,5
79,7
1996
74,0
82,0

 

Les spécialistes prévoient qu'en l'an 2020, l'espérance de vie sera de 78,4 ans pour les hommes et de 86,5 ans pour les femmes !
Plusieurs facteurs influencent cette formidable augmentation : progrès en matière d'hygiène, maîtrise accrue, puis presque parfaite dans la lutte contre les maladies infectieuses, absence de conflit mondial depuis un demi-siècle...


 

Voilà dix ans maintenant que les recherches sur notre famille ont été entreprises et menées quasi quotidiennement. Environ 1 900 lettres ont été écrites apportant une réponse dans 90% des cas et pas moins de 65 000 kilomètres ont été parcourus en voiture ! Ainsi, les registres d'environ 400 localités disséminées en Belgique, en France, au Grand-Duché de Luxembourg, en Allemagne et au Québec ont été compulsés. Des centres d'archives belges, français, allemands, luxembourgeois et canadiens ont été fréquentés, certains avec une fidélité débordante... Mais l'expérience vécue a été passionnante.

Tout le monde a pu s'en rendre compte : la généalogie est très à la mode actuellement. Les journaux et la télévision en parlent très souvent contribuant ainsi à augmenter encore l'engouement pour cette science dont le nombre des adeptes croît chaque jour un peu plus.
Pourquoi cette soudaine passion ? Il est, dit-on, "difficile de savoir qui on est si l'on ne sait pas d'où l'on vient".

L'éclatement des familles, le déracinement de plus en plus important et la nostalgie du temps passé en sont certainement les principales causes. Finies les longues veillées des soirées d'hiver pendant lesquelles se transmettait la mémoire familiale. On raconte que certaines peuplades se souviennent de huit générations alors que nous n'avons plus en mémoire que les deux dernières et encore... Remarquons aussi que le nombre toujours plus élevé des retraités en bonne santé, ajoute encore une vague supplémentaire de chercheurs.

Jusqu'à quelle époque est-il possible de connaître sa généalogie ? Voilà une des questions que se posent de nombreuses personnes avant même d'avoir commencé leurs recherches. Nous l'avons dit : les registres paroissiaux existent, en moyenne, depuis la fin du 17ème siècle. Mais nos investigations peuvent, hélas, être brusquement interrompues, parfois dès le 19ème siècle ! Les dégâts causés par les guerres, par le feu, par l'eau mais aussi des négligences sont à l'origine de la plupart des lacunes. Alors, il ne nous reste pratiquement plus que les actes notariés, souvent mieux conservés mais où les filiations sont généralement bien plus difficiles à établir, pour espérer connaître un peu plus l'histoire de notre famille !


Le généalogiste débutant est immédiatement confronté à un double problème : où et comment commencer les démarches ?

Il faut déjà savoir qu'en Lorraine les actes de baptême, de mariage et de décès ont en principe et depuis toujours, été établis en double exemplaire. La plupart des prêtres faisaient effectivement des duplicata car une copie devait obligatoirement être déposée tous les ans au greffe de la juridiction ! En Ardenne belge, la rédaction du second exemplaire n'a été rendue obligatoire qu'en 1766.
De nos jours, un exemplaire est conservé à la mairie [459] du lieu alors que le second est archivé dans des centres spécialement conçus pour cela après avoir transité par le tribunal de 1ère instance du secteur où il est resté durant cent ans. Chaque région allemande, chaque province belge, chaque département français est doté au moins d'un de ces centres [460] . Le Grand-Duché de Luxembourg en possède un dans sa capitale et nous avons effectué des recherches aux Archives Nationales du Québec à Montréal. Dans ces lieux se trouvent donc les registres paroissiaux de l'Ancien Régime ainsi que les registres d'état civil depuis 1792 sauf ceux des cent dernières années encore conservés au tribunal.
Vous pourrez donc réaliser vos recherches dans ces centres à condition, bien entendu, de connaître la partie la plus récente de votre filiation. La mémoire familiale étant de plus en plus défaillante, il vous faudra peut-être commencer vos démarches dans les mairies. Ces dernières sont tenues à vous fournir des photocopies des actes d'état civil concernant votre filiation directe : père, mère, grands-pères, grands-mères, … Mais vous devez être en possession d'une autorisation délivrée par le président du tribunal de 1ère instance pour pouvoir faire des recherches sur vos collatéraux. Ce laissez-passer, qui est de plus en plus difficile à obtenir, ouvre en principe les portes de toutes les mairies de la juridiction concernée. Vous aurez alors accès aux registres de moins de cent ans [461] .
Depuis une dizaine d'années les administrations communales sont régulièrement sollicitées et vous ne trouverez qu'exceptionnellement un employé acceptant de faire gracieusement vos recherches.
Si vous êtes presque toujours bien reçu dans les petites communes, dans les grandes vous avez toujours l'impression de déranger. En Belgique, certains bourgmestres ont même choisi la solution radicale interdisant purement et simplement l'accès aux registres à toute personne étrangère au service. C'est un employé des lieux qui est alors chargé d'effectuer les recherches selon vos directives ce qui entraînera évidemment des dépenses supplémentaires ! En d'autres lieux, vous êtes autorisé à compulser vous-même les registres à condition de verser une redevance de 1 000 francs belges, soit environ 25 €, par heure de recherches. Lorsque après avoir hésité vous finissez par accepter le marché, ne soyez pas étonné d'entendre le secrétaire communal vous dire que cela n'est pas possible aujourd'hui, aucun membre de son personnel n'étant disponible pour vous surveiller ! En clair, dans ces communes le généalogiste est devenu indésirable.

Il faut bien reconnaître que ces réactions ont très certainement été provoquées par le comportement de chercheurs peu scrupuleux. N'oublions pas que les élus locaux sont responsables et de la bonne marche de leur administration et de la bonne conservation des précieux registres.
Mais n'y a-t-il vraiment pas une autre solution ?

Si dans les petites communes allemandes on vous reçoit comme chez nous, il en va tout autrement lorsque vous débarquez dans une grande ville. À Bonn, par exemple, après avoir vérifié votre identité, vous pouvez obtenir tous les renseignements que vous voulez. Y compris ceux de moins de cent ans. L'employé ne vous remet pas le registre mais vous donne tous les détails contenus dans l'acte qu'il a sous les yeux à condition de payer sept Marks [462] pour chaque registre que vous faites déplacer ! Comme Bonn est une grande ville et que très peu d'habitants y portent notre nom, un registre contient, tout au plus, un seul acte concernant notre famille. L'expérience faite prouve que 150 € sont très rapidement dépensés ! En échange, vous recevez une "Quittung" [463] en bonne et due forme...

Parvenu à la troisième ou quatrième génération de votre arbre généalogique, vous voilà donc arrivé dans un centre d'archives où vos recherches vont se poursuivre plus sereinement. Ces lieux qui étaient jadis des havres de tranquillité sont, depuis quelques années, devenus de véritables ruches souvent trop exiguës. Nos investigations nous ont fait découvrir le "Nordrhein - Westfälisches Personenstandsarchiv Rheinland" situé à Brühl, près de Cologne. L'endroit est charmant. Mais il faut prendre rendez-vous longtemps à l'avance, car quinze toutes petites places seulement sont susceptibles d'accueillir les chercheurs. Et dire que le secteur couvert par ce centre totalise environ quinze millions d'habitants !
Chez nous, on a augmenté le nombre des employés et on a souvent agrandi les locaux. De nouveaux centres ont même vu le jour ! Partout, on est en train de microfilmer les registres afin de sauvegarder les originaux de plus en plus sollicités. Les salles de lecture sont donc équipées d'appareils permettant de consulter et de photocopier les actes [464] .
Nous avons effectué des recherches dans cinq pays. Si en France, au Grand-Duché de Luxembourg et au Québec, l'accès aux centres est gratuit, en Allemagne la journée coûte 4 Marks (environ 2 €). Une carte d'abonnement annuelle payée six cents francs belges (14,9 €) permet d'accéder aux 16 centres du royaume de Belgique. Partout, on trouve des employés serviables susceptibles de vous conseiller et même de vous aider ; selon notre expérience, deux centres se distinguent toutefois des autres. Ce sont les Archives de l'État d'Arlon pour l'excellente ambiance qui y règne et les Archives Nationales du Québec de Montréal pour les facilités données aux chercheurs : tout le monde a directement accès aux microfilms dans des salles ouvertes au public du lundi au mercredi de 8 h 30 à 21 h 30 et du jeudi au... dimanche de 9 h à 17 h !

N'oublions pas que les registres religieux restent une source de renseignements qui peut s'avérer très utile. Les évêchés allemands se sont d'ailleurs organisés afin de pouvoir accueillir les généalogistes. Les demandes étant de plus en plus nombreuses, le système est aussi devenu payant.
Nous avons récemment écrit à l'évêché de Bamberg, en Bavière, afin de tenter d'obtenir une copie de l'acte de baptême de Jeanne Déom. Lorsque cette dernière décède, le 19 avril 1859 à Chalais dans le département français de l'Indre, on la dit âgée de 55 ans et née à Nuremberg, Bavière. Elle était donc venue au monde en 1804 avec une erreur probable de plus ou moins un an.
C'est avec ces précisions que notre requête prit la direction de l'évêché allemand [465] . La recherche resta vaine, mais il n'empêche qu'une demi-heure de travail, soit 40 Marks [466] payables par chèque, nous fut facturée !

Aucune démarche n'a été directement entreprise aux États-Unis, mais les renseignements que nous avons tenté d'obtenir par correspondance permettent de dire que, là aussi, tout se monnaie. Les centres d'archives délivrent des photocopies valant au moins, 5 dollars, soit environ 5 €, payables d'avance. Il faut que vous puissiez donner la date et le lieu exact et même dans ce cas votre demande risque de revenir avec la mention : "No record found." [467] Comme votre paiement est malgré tout encaissé à chaque demande, vous êtes rapidement écœuré et vous abandonnez vos démarches.

Certains de nos correspondants américains [468] prétendent cependant que si l'on se rend sur place, les choses se présentent de manière bien plus conviviale.

Notez encore qu'il existe un moyen de faire de la généalogie en évitant de lointains et coûteux voyages. L'église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours (Les Mormons) a microfilmé un très impressionnant nombre de registres d'état civil dans de nombreux pays [469] . Pour la modique somme de 4,5 €, elle met rapidement à votre disposition dans un de ses locaux, le microfilm que vous avez été choisir dans leur catalogue.
Par exemple, il vous sera possible de consulter à Metz [470] , une copie des registres rédigés au siècle dernier au Perry County, Indiana (U.S.A.).

Certains registres sont difficiles à déchiffrer. C'est vrai, mais contrairement à ce que l'on peut croire, ce ne sont pas forcément les plus anciens. En d'autres occasions vous pouvez avoir à lire des actes écrits en latin ou en allemand parfois gothique ce qui complique encore l'affaire.

Il faut bien reconnaître que le préposé aux écritures ne peut être considéré comme un véritable artiste qu'en de très rares occasions ! Le "Deom Georg", ci-après, est pourtant extrait d'un acte de mariage célébré sous l'annexion allemande à Loudrefing (Moselle) en 1902.


Mais le secrétaire de mairie du 20ème siècle fait encore quelques erreurs ici ou là. Prenons, par exemple, l'acte de naissance d'Yvette Déom. Émile Déom est venu déclarer la naissance. Il signe l'acte dans lequel on peut lire que "dans sa demeure est née le 9 juin 1935 Yvette, de lui comparant et d'Amélie Déom".
Il faudra un jugement du tribunal de 1ère instance pour supprimer la mention "de lui comparant". Précisons qu'Amélie Déom est la fille d'Émile Déom !

Ailleurs naissent une "Marie-Catherine Dehomme et une Marie-Philomène Déom de sexe masculin" ! Si la première meurt en bas âge, la seconde épousera, quelques années plus tard et sans le moindre problème, l'élu sans "e" de son cœur...

Tout généalogiste découvre un jour ou l'autre, une anomalie au document qu'il consulte : annotation, page déchirée, voire dérobée... Évidemment, il faut alors aussitôt signaler le forfait.

Ci-dessous, une copie extraite d'un registre de la paroisse d'Orenhoven [471] montre l'acte de baptême d'Elisabeth Deom du 23 septembre 1806. Une personne a reporté dans la marge, l'identité de chaque enfant baptisé. Cela est inadmissible même si l'intention était de faciliter les recherches de futurs généalogistes.

Ici, en reportant "Elis. Dahm" on a, de surcroît, commis une grave erreur. Mis en péril car de plus en plus manipulés et même profanés, les registres, nous l'avons déjà souligné, seront heureusement très bientôt entièrement retirés et échangés par des copies. Déjà en Belgique, - et depuis plusieurs années -, tous les originaux ont été remplacés soit par des photocopies soit par des microfilms. Pour le chercheur le contact n'est plus le même mais il faut bien admettre que cette mise à l'écart s'imposait indéniablement. Et puis, les doubles présentent l'avantage de pouvoir être photocopiés authentifiant et enrichissant ainsi notre propre documentation.

En 1996, aux Archives Départementales de la Moselle à Metz, on nous remit un dossier ficelé et composé d'une liasse d'environ dix centimètres d'épaisseur contenant une partie des actes notariés de Fénétrange de l'année 1814 [472] . Après avoir constaté que le document était éventré, nous en avons aussitôt averti le président de la salle de lecture. Ce dernier ne montra pas le moindre étonnement : "c'est un éclat d'obus qui a fait ces dégâts, les brûlures que vous voyez là, sur la circonférence du trou, le prouvent. Cela s'est passé au cours de la Seconde Guerre mondiale..."
Les feuilles étaient imbriquées les unes dans les autres et il fallait donc les détacher précautionneusement. Au fur et à mesure, le trou devenait toujours moins évasé et tout au fond nous eûmes la surprise de découvrir… un éclat d'obus ! [473]

Conclusion : nous sommes donc les premiers à avoir consulté ces documents depuis la fin de la guerre ! Peut-être même depuis qu'ils ont été rédigés ?

 

 

Notre famille s'est considérablement agrandie au cours du 20ème siècle et même si le net ralentissement des naissances [474] , constaté depuis une bonne vingtaine d'années, se poursuivait, il se passera des siècles avant que notre nom ne disparaisse de la surface du globe ! Jamais, en effet, nous n'avons été aussi nombreux !

Il est certain que les records de longévité vont être pulvérisés. Les spécialistes prévoient d'ailleurs qu'il y aurait 18 000 centenaires en France en 2010 alors qu'on n'en comptait que 200 en 1953 et 5000 en 1995 !

Dans notre famille, Charlotte de Maizières-la-Grande-Paroisse est décédée récemment alors qu'elle venait de fêter ses 97 ans et Anne-Marie, la doyenne du rassemblement du 1er mai 1994, nous a quittés en 1999 à l'âge de 98 ans et demi. Rappelons que c'est Mary-Bertha Deom du Perry County, Indiana, qui a, pour l'instant, réalisé le parcours le plus long ayant vécu durant 99 ans et 8 mois !


Nul doute que nous fêterons très prochainement le premier centenaire de notre famille...


Remarquons encore que l'acte de décès de Jean Déom de Narcimont, consultable dans les registres de Léglise à la date du 5 octobre 1798, précise qu'il avait 99 ans à sa mort. Or Jean était né à Gennevaux le 13 août 1707 ! …

Nous allions presque oublier de vous dire que si nous n'avons toujours pas trouvé de baron ou de comtesse parmi nos ancêtres, Jean Deum de Rancimont fut tout de même écuyer ! La preuve nous est donnée dans un acte daté du 31 mai 1660 [475] par lequel Jean Deum "escuÿer de son art, cède et transporte irrévocablement et pour toujours la succession qu'il a hérité de père et mère aux bans d'Anlier et de Mellier à François le Maÿer dudit Rancimont et Isabeau Deum ses chers beau frère et sœur à cause de la singulière affection qu'ils luÿ ont toujours tesmoigné."

À notre connaissance, ce Jean Deum, qui était le fils de Jean Deum et de Marguerite Pierson, ne laisse aucune descendance. C'est pour cela, sans aucun doute, qu'il lègue ses biens à sa sœur [476] et à son beau-frère. Cette déduction implique donc que pas un seul des "Descendants de Guillaume Deum" n'a le moindre soupçon de sang bleu dans ses veines. En provenance des "Deum" du moins...


Voilà donc, telle qu'elle nous est connue aujourd'hui, l'Histoire d'une grande et vieille famille. Nous la découvrons à Gennevaux au début du 16ème siècle. En fait, la famille Deum existait alors depuis déjà deux ou trois siècles. Un jour, quelqu'un trouvera peut-être la clé permettant de lever le voile sur les préliminaires de cette fabuleuse marche en avant retracée ici, de notre mieux, sur presque cinq siècles. Mais sera-t-il possible, un jour, de connaître l'endroit abandonné par les Deum lorsqu'ils se sont établis à Gennevaux ? Durant des années, nous pensions pouvoir prouver qu'ils étaient venus d'Espagne en même temps que se mettait en place le régime de Charles Quint. Cette hypothèse n'ayant pu être démontrée, nous nous contenterons de dire que Gennevaux, paroisse de Léglise en Ardenne, est le berceau de notre famille ! Il n'est d'ailleurs pas impossible que la naissance de notre nom ait tout simplement eu lieu là…

Mais beaucoup d'autres découvertes restent encore à faire. Au niveau du destin des filles "Deum", par exemple. Nous nous sommes trop souvent contentés d'enregistrer leur mariage et leur décès. Entre ces deux événements, elles ont presque toutes été maman, certaines de nombreuses fois. Le simple recensement de ces naissances représente déjà un travail de longue haleine assorti de nombreux déplacements. Une autre démarche, très intéressante, consisterait à trouver la filiation des garçons que les filles "Deum" ont épousés. Mais ne faudrait-il pas ensuite établir l'ascendance des épouses "Deum" que sont nos mères, nos grands-mères... Ne nous ont-elles pas donné la vie et transmis leurs gènes ?

Nous avons :

21 = 2 parents,
22 = 2x2 = 4 grands-parents,
23 = 2x2x2 = 8 arrière-grands-parents.
24 = 2x2x2x2 = 16 "arrière-arrière-grands-parents".
Nos ancêtres de la 10ème génération sont donc au nombre de :
210 = 2x2x2x2x2x2x2x2x2x2 = 1 024 !
Il aura donc fallu la contribution de :
210 + 29 + 28 + 27 + 26 + 25 + 24 + 23 + 22 + 21 = 2 046 personnes pour engendrer l'être unique que nous sommes !

Selon notre propre expérience, les 1 024 aïeux de la 10ème génération sont, en moyenne, nés vers le milieu du 17ème siècle si vous avez aujourd'hui environ 30 ou 40 ans.

Si on continue le raisonnement on arrive, vers la fin du premier millénaire, à un nombre d'ancêtres plus élevé que le nombre d'habitants qu'il y avait alors sur la terre ! Alors ?

Il faut souligner que cette argumentation n'est exacte qu'en théorie. Plus on remonte dans le temps et plus souvent apparaissent des ancêtres revenant plusieurs fois sur des branches différentes de notre arbre à la suite de mariages entre cousins à des degrés plus ou moins éloignés.

Mais de toute façon, il vous reste tout de même encore de nombreuses recherches à faire…

Toutes ces recherches, qui mériteraient assurément d'être faites, demanderaient des années de minutieuses et passionnantes investigations. Il est vrai que le jour viendra où les actes d'état civil seront numérisés. Alors on pourra échanger des données avec leur diffusion sur le web. Il suffira alors de donner quelques indications à l'ordinateur qui s'empressera de vous trouver tous les renseignements recherchés. Facile ! Trop facile, car le chercheur n'éprouvera plus la joie de la découverte venant récompenser sa patience et son labeur. Et puis, il ne connaîtra plus ni la chaude ambiance de certaines salles de lecture, ni la solidarité et la complicité des généalogistes amateurs qui s'y donnent rendez-vous !
Mais il faut bien vivre avec son temps...

En attendant, c'est avec beaucoup de joie que nous vous avons livré ici tout ce que nous avons appris sur notre famille. Avec l'espoir de vous avoir donné quelque bonheur ! Dans ce cas, serait prouvé le bien-fondé de l'adage :

"Le plaisir le plus délicat est de faire le plaisir d'autrui."

Alors quand cet autrui est un cousin, même lointain...

Serémange, le 29 février 2000.

 

 




[450] A.E. Arlon, notaire Ponce Orban n°56, acte n°4041. Henri-Joseph Déom est né le 11.4.1787 à Cousteumont.
[451] A.E. Arlon, notaire Ponce Orban n°56, acte n°4046.
[452] Rappelons que sous l'ancien Régime, tout individu âgé de vingt cinq ans accomplis est dit majeur ! Mais depuis la promulgation du Code Napoléon, le 21.3.1804, la majorité a été fixée à 21 ans.
[453] A. E. Arlon : "Département des Forêts" n°224/27 au 1er floréal de l'an 11 de la République.
[454] Le 13 janvier 1802.
[455] Il s'agit de Charleville-Mézières : voir A. E. Arlon, Hypothèques Arlon, n°1188, acte n°52 du 12.5.1860.
[456] Entre 1950 et nos jours, la mortalité infantile dans notre famille est de 1,6 %. Rappelons que les enfants décédés au cours de leur première année ainsi que les enfants mort-nés entrent dans cette catégorie. En 1991, la mortalité infantile était tombée à 0,84% en Belgique, à 0,73% en France et à 0,89% aux U.S.A..
[457] Réalisées par l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE).
[458] Voir "Républicain Lorrain" du 24.9.1996, selon l'Institut National d'Études Démographiques.
[459] Avant 1792, c'est l'autorité religieuse et seulement elle qui établissait et conservait les actes d'état civil.
[460] Ces centres sont appelés Archives Départementales en France et Archives de l'État en Belgique.
[461] Lors de la 2ème biennale de généalogie organisée par la Revue française de Généalogie qui s'est tenue à Paris les 11 et 12 décembre 1999, il a été longuement question d'une réforme possible concernant les archives. Les délais de communication des actes d'état civil seraient abaissés prochainement. On parle de supprimer carrément ces délais pour les actes de décès. Les actes de mariages seraient accessibles au bout de 20 ou 30 ans. Les actes de naissances, par contre, resteraient toujours à l'abri des regards indiscrets. On parle ici de raccourcir très légèrement les 100 ans actuellement en vigueur. Quand imiterons-nous la Grande-Bretagne où ces délais ont été entièrement supprimés depuis longtemps ?
[462] Soit environ 3,6 € .
[463] Quittance.
[464] Dans les centres d'archives la photocopie d'un acte à partir d'un registre est strictement interdite.
[465] La mairie de Nuremberg nous apprit qu'elle ne possédait les registres d'état civil que depuis 1876 et nous dirigea ainsi vers l'évêché.
[466] Soit environ 21 euros. "Archives personnelles" : voir lettre n°1683 du 15.11.1998.
[467] Recherche infructueuse.
[468] Principalement Eleanor Deom d'Evansville et Susan Deom de Tell-City. Sur l'ensemble des recherches, on peut estimer à environ 10% la quantité de renseignements obtenus de certains membres de notre famille.
[469] La bibliothèque généalogique centrale des Mormons est située à Salt-Lake-City dans l'état d'Utah (U.S.A.). En 1992, on pouvait déjà y consulter gratuitement plus de 1 500 000 bobines de microfilms réalisés dans de nombreux pays (Belgique, France, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, États-Unis, Québec, Inde, Russie, Japon, etc.)
[470] 11, Rue Bompar. Tél. : 03 87 36 82 35
[471] Archives déposées à l'Évêché de Trèves (Allemagne).
[472] A. D. Moselle (Metz) : "336U15".
[473] La série "L" qui comprenait les actes notariés et les documents de la période révolutionnaire de la Moselle était conservée au fort St Quentin et fut détruite par le feu dans la nuit du 31.8 au 1.9.1944.
[474] Ce ralentissement est, bien entendu, général. En France, en 1962, une femme avait en moyenne 2,83 enfants au cours de sa vie. En 1990, elle en a encore 1,78 !
[475] "Œuvres de loi" de Mellier n°1554, page 98. Jehan Deum est né vers 1608.
[476] En fait, Isabeau est la demi-sœur de Jean