Conforme à la page 24 de l'article paru dans " 'ACTUALITÉ " Janvier 2007, Éditions Rogers Media, Montréal.
LES PERSONNALITÉS DE L'ANNEE 2006

DES FEMMES EN OR !


DES MILLIERS DE TRAVAILLEUSES QUÉBÉCOISES SERONT DÉSORMAIS PAYÉES À LEUR JUSTE VALEUR GRÂCE A CES FEMMES. VOICI LES COMBATTANTES DE L'ÉQUITÉ SALARIALE


PAR ISABELLE GRÉGOIRE



Encore
aujourd'hui, Céline Dion, infirmière au Centre hospitalier de Verdun, a du mal à y croire. Imaginez : une hausse de salaire de 5 000 dollars par an et un chèque d'environ 11 000 dollars en guise de paiement rétroactif ! Quand elle a appris, en juin dernier, que c'est ce que l'application de la Loi sur l'équité salariale lui vaudrait, l'infirmière de 48 ans a sauté de joie. "Ça fait tellement longtemps qu'on attend, on se demande toutes si on va vraiment l'avoir !"
En s'entendant cet été avec le gouvernement du Québec, les 360 000 syndiquées de la fonction publique et du parapublic - dont 42 000 infirmières et 72 000 enseignantes - ainsi que les 30 000 éducatrices des centres de la petite enfance (CPE) ont fait un pas de géant dans la marche des femmes vers l'équité salariale.
Du coup, les entreprises privées qui tardent toujours à se conformer à la Loi - certaines attendaient que le principal employeur des Québécoises le fasse pour lui emboîter le pas - n'ont plus d'excuse ! Ces retardataires représentent la moitié du nombre total d'entreprises.
Cette longue marche, des centaines de féministes, ministres, syndicalistes, députées et universitaires la poursuivent depuis 30 ans, pour que soit reconnu le principe du " salaire égal pour un travail équivalent "
La loi sur l'équité salariale, adoptée en 1996, va en effet au-delà du simple principe du " salaire égal pour un travail égal ". En vertu de la loi 35, la secrétaire d'une entreprise doit être rémunérée
comme son collègue soudeur. Et la préposée aux bénéficiaires d'un centre pour personnes âgées doit recevoir le même salaire que le préposé à l'entretien des bâtiments. Puisqu'ils font un travail équivalent.
Environ 500 000 Québécoises, dont 140 000 du secteur privé, ont déjà reçu ou recevront - d'ici le 21 novembre 2007 dans le cas de la fonction publique et du parapublic (santé et éducation) - un réajustement de leur salaire. Sans oublier les hommes qui exercent des métiers traditionnellement féminins.


Comme son collègue soudeur
Au sein d'une même entreprise, tous les emplois à majorité féminine et tous les emplois à majorité masculine doivent être évalués, à l'aide de questionnaires et d'un système de points très poussé. L'évaluation est faite selon quatre facteurs et de nombreux sous-facteurs: exigences de l'emploi (scolarité, expérience...), responsabilités (autonomie, obligation de rendre des comptes, communication, confidentialité,,.), efforts physiques (levée de poids, travail debout,.) et mentaux (raisonnement, problèmes à résoudre...), conditions de travail (bruit, poussière, risque, stress...). Au terme de l'opération, les emplois obtenant le même nombre de points doivent être rémunérés également.

 

Ci-dessous, voici les "combattantes de l'équité salariale" élues personnalités de l'année 2006 au Québec

 

1. Jeanne Blackburn, ministre de la Condition féminine, 1994-1996.
2. Claudette Carbonneau,
présidente de la CSN.
3. Rosette Côté, présidente de la Commission de l'équité salariale.
4. Esther Déom, professeure de relations industrielles à l'Université Laval.
5. Monique Gagnon-Tremblay, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi et de formation professionnelle au moment du vote de la loi 35. Aujourd'hui ministre des Relations internationales.
6. Nathalie Goulet, directrice du Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail.
7. Louise Harel, ministre d'État de l'Emploi et de la Solidarité, ministre de la Sécurité du revenu et ministre responsable de la Condition féminine (1996-1998), députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
8. Monique Jérôme-Forget, présidente du Conseil du Trésor.
(Absente de la photo :
Marie-Thérèse Chicha, professeure à l'École des relations industrielles de l'Université de Montréal.)


 

Esther Déom est l'arrière-arrière petite-fille de François-Xavier Déom né à Virton (Belgique) en 1833.

Un bref curriculum vitae d'Esther trouvé sur Internet

Détentrice d'une maîtrise et d'un doctorat en relations industrielles, elle s'intéresse à la discrimination au travail (équité salariale, harcèlement sexuel, accès à l'égalité) et aux relations de travail (négociation collective). Elle a fait partie de la Commission d'orientation mise sur pied par le Gouvernement du Québec en vue de l'adoption de la Loi sur l'équité salariale. Elle est membre du GREMF,et a été présidente du comité scientifique de la Chaire d'étude Claire-Bonenfant sur la condition des femmes. Elle a été directrice du département de 1994 à 1997 et présidente du Syndicat des professeurs et professeures de l'Université Laval de 2002 à 2004. Elle est présidente du Comité de retraite du Régime de retraite des professeurs et professeures de l'Université Laval et présidente du Comité de placement des Régimes de retraite de l'Université Laval depuis le 1er janvier 2006. Elle est également directrice de la revue Relations industrielles/Industrial Relations (RI/IR).