Les descendants Deum

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Le journal du dimanche 04 septembre 2005

 

La Hulotte: un chouette canard

Autoproclamé "journal le plus lu dans les terriers", La Hulotte, écrit et illustré à la main depuis 33 ans par son créateur, un ancien instituteur, fait découvrir la nature à quelque 150 000 abonnés dans 70 pays.

 

Au départ c'était un petit bulletin de liaison pour les écoles ardennaises, dont le but était de les inciter à créer des clubs de protection de la nature", se souvient Pierre Déom, le fondateur de La Hulotte aujourd'hui âgé de 56 ans. "On avait envoyé 1 000 exemplaires du premier numéro aux écoles, en 1972, mais en fait très peu de gens ont créé des clubs, il n'y en a eu qu'une vingtaine", raconte-t-il depuis son atelier à Boult-aux-Bois, un minuscule village des Ardennes.

En revanche, le journal, qui propose alors de construire un nichoir à oiseaux, rencontre immédiatement un succès fou et les demandes d'abonnement affluent.

Trente ans plus tard, sans aucune publicité mais grâce au bouche à oreille de ses passionnés, La Hulotte, du nom de la jolie chouette qui nichait près de la maison de l'instituteur, est devenu (sic) une référence de vulgarisation scientifique dans des écoles, bibliothèques et universités du monde entier, au rythme paisible de deux livraisons en français d'une quarantaine de pages par an.

"C'est très sérieux mais formulé d'une façon accessible à tout le monde", estime Jean-François Voisin, 64 ans, maître de conférences au Museum d'histoire naturelle à Paris et fidèle lecteur depuis 1974.

"Il est très bon au niveau de la rigueur scientifique et les enfants adorent, je n'en connais pas d'équivalent", dit-il.

Nature proche

"Je reste rivé à l'idée de rendre ça compréhensible dès l'âge de dix ans", confirme Pierre Déom, qui passe de longues heures à observer et photographier les animaux en pleine nature avant d'éplucher les revues scientifiques pour les retranscrire sous formes de contes, de bandes dessinées ou de devinettes dans son magazine.

Pourquoi les araignées tombent-elles dans les baignoires en automne ? Combien d'heures le hérisson dort-il par jour ? Comment distinguer un martinet pâle d'un martinet noir ? Pierre Déom consacre environ 1 000 heures de travail à chaque numéro, avec toujours un seul souci: parler de la nature proche.

"Mon but n'est pas de donner des histoires d'animaux à consommer sur un fauteuil mais de pousser les lecteurs à sortir voir ceux dont on parle", dit-il. "Alors je parle à fois d'animaux qu'on connaît bien, comme le hérisson, mais dont on ne sait pas comment ils vivent, et d'animaux qu'on ne soupçonnait pas près de chez nous, comme le sphynx-colibri".

Le journal a d'ailleurs mis en place un accueil téléphonique pour répondre aux questions de ses abonnés et leur prodiguer des conseils s'ils ont recueilli un animal sauvage.

Si l'aventure est aujourd'hui devenue une véritable entreprise, avec sept salariés et un chiffre d'affaires annuel de 1,6 million d'euros, Pierre Déom continue de rédiger tout seul et d'illustrer à l'encre de Chine l'intégralité du magazine, désormais traduit en espagnol.

Après avoir étudié les toiles d'araignées sauvages, les ennemis de l'hirondelle, les plantes des vieux murs et le marathon des sarcelles, il prépare ainsi un 87e numéro sur la vie de famille des castors, attendu cet automne dans tous les terriers.

 

Article paru dans "Le Républicain Lorrain" du dimanche 4 septembre 2005